Tunisia Africa Business Council
Cinq ans au rythme africain, ça se fête De la TABC à la TBCWW
C’était avec émotion et « pincement au coeur » que le fondateur et le président sortant de l’organisation Bassem Loukil a annoncé le passage du flambeau au nouveau Bureau exécutif. Un passage qui a respecté les traditions démocratiques de l’organisation. Le président sortant a déjà affirmé sa confiance dans la composition du nouveau Bureau exécutif présidé par Anis Jazri. L’Assemblée a été également une occasion pour revenir sur le bilan de TABC, pendant le mandat 20152020. Ce mandat était celui des forums, du networking, des missions sectorielles et/ou multisectorielles, partenariats et le renforcement des relations avec le continent africain.
Cinq ans durant lesquels les équipes de TABC ont parcouru plusieurs pays africains à la recherche de nouveaux créneaux et de marchés inexploités. Bien évidemment, le résultat était bel et bien là. Par exemple, l’année 2020 a été l’année des missions multisectorielles à Kinshasa au mois d’avril, au Sénégal au mois de juin, Mauritanie prévu pour le mois juillet, au Nigeria au mois de novembre.
Activités variées en l'honneur de l'Afrique
Tout au long de la même année, TABC a pris part à plusieurs événements à l’échelle africaine : la Foire internationale de Bamako (FEBAK) au Mali au mois de janvier, Africa SEO forum à Abidjan au mois de mars, Sommet Afrique-France à Paris au mois de juin. L’organisation a lancé ses propres événements en 2020 à savoir FITA 2020. De même, elle envisage d’organiser la 3ème édition du Financing Investment and Trade in Africa au mois de juillet prochain.
Par ailleurs, lors de l’événement, le rapport financier et moral de la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2018 a été approuvé. Et ce, en présence d’un commissaire aux comptes. Ce dernier a affirmé que les états financiers sont établis en conformité avec la disposition des normes comptables tunisiennes et en particulier de la norme 45 relative aux associations, aux partis politiques et autres organismes à but non lucratif.
Commentant ce point Bassem Loukil s’est félicité de n’avoir jamais reçu, pour le financement de son ONG un seul dinar de l’Etat. Les seules formes de financement de l’organisation sont les cotisations, les frais d’adhésion et le sponsoring. Cependant, le commissaire aux comptes à souligné la nécessité de tenir une AGO pour approuver les états financiers de 2019, rapidement.
De la TABC à la TBCWW : de la valeur ajoutée
En effet, TBCWW est une organisation qui viendra en appui à la diplomatie économique. Elle comptera d’éminentes personnalités tunisiennes. L’objectif est de contribuer au rayonnement de la Tunisie à l’international. Expliquant l’importance de la nouvelle initiative, Anis Jaziri a fait savoir que TABC a constaté que les Tunisiens ne peuvent pas aller en Afrique tous seuls. « On peut y aller mais pour avoir de très petites parts de marché », explique-t-il. C’est la raison pour laquelle il souligne le besoin d’établir des partenariats tripartites.
Il précise qu’il existe plusieurs projets pour lesquels les Tunisiens ont besoin de partenaires internationaux pour se positionner. « C’est dans ce cadre que s’inscrit le rôle de TBCWW d’aller vers l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Australie pour leur dire que la Tunisie est la meilleure plateforme pour aller vers l’Afrique et pour travailler ensemble", lance-t-il. Et d'énumérer le potentiel de la Tunisie "Nous avons de l’expertise, la maîtrise des langues et un positionnement stratégique formidable », argumente-t-il.
D'ailleurs, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la recomposition des chaînes de production et de valeur. « Après la Covid-19, il y a un repositionnement global et beaucoup parlent de relocalisation. Plusieurs entreprises ont retiré leur industrie de la Chine pour aller en Europe et la Tunisie
doit se positionner sur certains marchés cibles », a-t-il recommandé.
Et de continuer : « Nous bénéficions d’un positionnement stratégique important et nous pouvons travailler sur ces niches-là pour avoir des commandes qui ne sont pas des commandes en millions mais une valeur ajoutée très importante qui demande un délai très court que la Chine ne peut se permettre surtout que la Tunisie est proche de l’Europe et elle peut le réaliser ». Pour lui, la Tunisie pourrait jouer le rôle de tête de pont. L’initiative a encore un rôle à jouer entre la Chine, la Tunisie et l’Afrique. D'ailleurs, le nouveau slogan de l'ONG est « Tunisia is your gateway to Africa » reflète bel et bien cette réalité.
Les priorités et les perspectives du nouveau Bureau exécutif
Dans une déclaration à l’Economiste maghrébin, le nouveau président du bureau exécutif Anis Jaziri affirme que le nouveau Bureau exécutif s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur. Ainsi, il ne s’agit point de rupture entre le bureau sortant et le Bureau fraîchement élu. Pour lui, un travail titanesque a été réalisé pendant les cinq dernières années. Cependant, « il reste encore énormément de travail à faire » étant donné que la Tunisie accuse beaucoup de retard sur l’Afrique. Raison pour laquelle, « nous devons accélérer ce que nous avons entrepris pendant les cinq dernières années », affirme-t-il.
Ainsi, le Bureau exécutif prévoit de visiter les pays africains qu’il n’a pas encore visités. Le Bureau prévoit, également, de travailler sur l’accompagnement ciblé des adhérents de TABC et des entreprises tunisiennes travaillant sur l’Afrique subsaharienne. L’intervenant a fait savoir que le Bureau exécutif ambitionne de donner plus d’ampleur au FITA 2020 pour qu’il devienne un événement majeur en Afrique. Un effort particulier sera fait sur le secteur médical et le secteur de l’enseignement supérieur, le secteur agroalimentaire, le BTP, le TIC. « Nous avons beaucoup d’expertise tunisienne à exporter », lance-t-il.
De la dimension africaine à la dimension internationale
Pour Bassem Loukil, cette initiative est un conseil d’affaires tuniso-mondial. Il se concentrera sur de nouvelles synergies et de nouvelles initiatives pour fédérer les efforts nationaux avec tous les efforts des experts et la diaspora tunisienne vivant à l’étranger pour créer un espace de réseau de Networking international pour positionner la Tunisie dans un ordre économique tout à fait nouveau après la Covid-19 concurrentiel pour l’attraction de nouveaux investissements. Pour lui, la Tunisie doit trouver un nouveau mode de marketing de positionnement par rapport à ses concurrents pour attirer un grand nombre d’investisseurs étrangers sur les deux ou les trois prochaines années.
Il affirme qu’il faut profiter de la nouvelle vision européenne par rapport à ses partenaires comme la Chine. Face à cette situation, le besoin de compétences tunisiennes vivant à l’étranger s'impose. Elles sont capables de mobiliser des énergies, des fonds et des idées avec leurs compatriotes locaux pour aller chercher de nouveaux investissements et de nouveaux marchés, diversifier le marché et faire de la Tunisie un vrai hub d’investissement vers l’Afrique et vers l’Europe.
Ainsi, il s’agira d’un Conseil d’affaire tuniso-tunisien concentré et centré sur la promotion de l’investissement en Tunisie en se reposant sur la diaspora et les experts et les compétences tunisiennes là ou ils sont. Il indique que cette initiative appuiera la diplomatie économique tunisienne. « Ce sera une force de suggestion pour faire sortir la Tunisie de cette crise », conclut-il.
Trois objectifs accomplis
Intervenant devant le public, M.Loukil a affirmé que toute l’équipe a travaillé pendant cinq ans pour réaliser trois objectifs. Le premier est la mise au point d’une vision africaine. « En 2015, on parlait de l’Afrique comme un seul pays et un seul marché mais au bout de cinq ans les chefs d’entreprise ont compris que l’Afrique est un continent de 54 pays, chacun ayant son propre marché et ses propres spécificités », lance-t-il.
Poursuivant pour illustrer le deuxième objectif, il a affirmé : "On voulait que le gouvernement tunisien mette en place une véritable politique africaine basée sur les réalités et une stratégie gagnant-gagnant. Et de continuer : « Je pense que malgré tous les efforts et les obstacles qu’on a pu avoir sur le plan logistique et financier, il y a eu des avancées. Tunisair aurait pu être en meilleure position aujourd'hui. Pour le reste, je pense que la communication, l’appui et le franc parler entre TABC et le ministère des Affaires étrangères, le ministère du Commerce, le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Formation professionnelle ont fait avancer un certain nombre de points », lance-t-il.
Le troisième objectif est de faire connaître l’Afrique aux Tunisiens, les secteurs clés et les secteurs porteurs. L’ONG a mené plusieurs études pour éclairer sur les points forts et les faiblesses de ce continent avant de s’aventurer.
Une nouvelle approche pour la diplomatie économique officielle
Lors de la clôture de l’événement, le ministre des Affaires étrangères, Noureddine Erray, a affirmé que s’orienter vers le continent africain est l’un des choix stratégiques de la Tunisie et de sa diplomatie économique. « Nous devons reconnaître qu’auparavant ce n’était qu’un slogan qui n’a rien à voir avec la réalité », lance-t-il. Actuellement, l’Etat tunisien est bel et bien conscient de l’importance de la mise en place d’une véritable diplomatie économique. Cette diplomatie économique doit être élaborée à long terme. Son objectif principal est de renforcer la relation avec notre dimension africaine », explique le ministre.
D'ailleurs, il est question, également, de diversifier les partenariats avec les autres destinations. Cette approche doit se baser sur un partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Le ministre a salué l’initiative TBCWW. « C’est une initiative très importante ». Il affirme également que toutes les expériences dans le monde ont montré que c’est le secteur privé qui prend l’initiative pour investir les marchés étrangers et consolider les exportations. « C’est pour cette raison que l’Etat doit prendre ces données en considération et soutenir le secteur privé », lance-t-il.
Par ailleurs, il a fait savoir qu’il existe une nouvelle approche pour la diplomatie économique. Son premier axe est de procéder à un diagnostic. Dans ce cadre, le ministre a fait savoir que le ministère est en train de faire le diagnostic. Il s’agit d’identifier le potentiel de la Tunisie (ce qu’elle peut offrir aux autres pays et ce dont elle a besoin). Le deuxième axe s’articule autour des méthodes pour investir les marchés, notamment à travers le renforcement de la présence diplomatique.
« Nous n’avons que dix ambassades sur 54 pays africains. C’est un taux faible par rapport à d’autres pays », regrette-t-il. Le ministre a fait savoir qu’il faut fournir les outils nécessaires pour les structures économiques tunisiennes afin qu’elles puissent prendre position sur les nouveaux marchés.
Le troisième axe porte sur « la communication » directe avec les autres pays. Pour le ministre des A.E., « l’approche ne doit pas être uniquement économique. Elle doit être solidaire et respectueuse de la dimension africaine », conclut-il n