L'Economiste Maghrébin

PoUr Une Poignée de voix en moins et qUelqUes traHisons de PlUs…

- Mohamed Fawzi Blout Ancien ambassadeu­r

Apocalypse Now : Beyrouth dévastée, le Liban sinistré et meurtri. Quand l’irresponsa­bilité le dispute à la nonchalanc­e. Pour être allé à plusieurs reprises dans la zone qui jouxte le port où la désolation vient de tomber, j’ai une pensée pour les gens que j’ai connus et qui j’espère vont bien.

Cela dit, exit Rached Ghannouchi ? Il va falloir encore attendre pour voir l’imprécateu­r islamiste quitter de son propre gré la scène. En tout cas, coup de poker réussi pour le vieux, même si, encore une fois, il va lui falloir payer le prix. Ses malheureux pourfendeu­rs, eux, auront le temps nécessaire pour enrager et réaffûter leurs armes pour chasser l’impudent. Ils pourront toujours dire, en guise de consolatio­n, que politiquem­ent l’homme est fini. N’empêche, seule la victoire est belle… D’un côté un Tawfik Ben Brik qu’on embastille pour offense au corps de la justice, d’un autre, un Seifeddine Makhlouf qui fait ce qu’il veut sous l’oeil bienveilla­nt de ce même corps qui se bouche les oreilles et ferme les yeux quand c’est Dieu qu’on invite. Cherchez le hic. Le libre penseur et l’écervelé. Où est la cohérence ? Les Tunisiens auront toute la latitude et la longitude d’apprécier…

Né un certain 3 août. Qui parmi les Tunisiens se rappellent encore de cette date ? Pourtant, elle a scellé leur avenir. Le palais de Skanès squatté par les véreux ou il était une fois Habib Bourguiba, il était une fois le chemin de la liberté et de la dignité retrouvée…Il y a les renards des déserts, tout comme il y a les renards des surfaces dans le sport roi. Il y a les renards assoiffés de pouvoir, tout comme les buteurs patentés. Depuis dix ans que l’on s’évertue à qualifier Rached Ghannouchi de renard politique, que nous étions à deux doigts de le croire vraiment. Complèteme­nt faux, et on vient d’en avoir la preuve jeudi 30 août 2020 au sein d’une ARP qui sentait à mille lieues les coups bas et les petites combines entre des gens de petite vertu. Jamais, le maître à penser des islamistes tunisiens n’a paru autant fragilisé. Et tout indique que son ouf de soulagemen­t sera provisoire, tant ses ennemis ont juré de lui mener la vie dure, sauf si le gong présidenti­el s’en mêle pour ramener tout le monde sur la ligne de départ… J’ai vu une explosion de joie malvenue dans le camp ikhwaniste. Ce qui en dit long sur l’anxiété et le doute qui ont accompagné le vote libérateur. Cela peut-il occulter le fait que les Nahdhaouis ont perdu la bataille qui leur tient le plus à coeur, celle de la familiaris­ation avec les masses et dans son sillage, la normalisat­ion ? Normalisat­ion ratée et une stratégie partie en fumée. Il s’en est fallu de peu pour que l’homme le plus haï du pays ne passe à la trappe et que le mouvement qu’il préside ne le suive dans sa chute. Humilié, mais toujours debout le président de l’Assemblée. Jusqu’à quand ? Finalement l’opération séduction entamée il ya deux ans avec un relookage à vous faire changer de trottoir, n’aura servi à rien. Epidermiqu­e, la réaction de l’opinion. Cela n’a pas dissuadé le clivant de faire bouillir la marmite à grand feu, au risque de brûler la maison Tunisie. Si à Montplaisi­r, on respire de ces respiratio­ns annonciatr­ices de tempêtes, à Istanbul, on félicite et on encourage à persévérer dans l’erreur. Que ne ferait-on pas au nom d’une démocratie dont tout le monde s’en réclame ! Manque flagrant de consistanc­e, manque d’étoffe et absence de charisme, l’énoncé ne saurait mieux convenir à une classe politique dans ses petits souliers et qui ne veut pas le reconnaîtr­e. Il y a ceux qui sortent par la grande porte, et ceux que l’on fait sortir par la petite. Je ne peux m’empêcher d’évoquer le cas du jeune Noureddine Erray, sitôt propulsé chef de la diplomatie tunisienne, sitôt éjecté de son poste. Et encore une fois, la faute est à la Libye… Up to date les Tunisiens pour surprendre tout leur monde, à commencer par eux-mêmes. Terrasser tous les principes, toutes les valeurs, comme pour mieux se venger de ceux qui leur ont fait la fausse promesse de terrasser cette honte qui s’appelle pauvreté et de les débarrasse­r du déshonneur qui souvent l’accompagne. Demos cratos, cela vaut bien toutes les détresses du monde !

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