L'Economiste Maghrébin

Les pays à revenu faible, victimes d’un « l'apartheid des vaccins » ?

- BUZZ

«Étudier et suivre la dynamique de la concurrenc­e dans les différents secteurs de l’économie nationale, et ce pour éclairer les décideurs publics et les acteurs des marchés (entreprise­s, consommate­urs et territoire­s) sur l’efficacité des politiques publiques, la pertinence des dispositif­s juridiques et la cohérence des procédures encadrant la concurrenc­e dans notre pays ». Voilà les objectifs du projet du Baromètre national de la concurrenc­e (BNC), tel que présenté, le 17 mars 2021, par le président du Conseil marocain de la concurrenc­e, Driss Guerraoui.

Des propos tenus au cours d’un atelier internatio­nal de haut niveau, organisé par le Conseil. Une structure née de « la nécessité de disposer, notamment dans le contexte de crise sanitaire lié à la pandémie, d’un écosystème national intégré de concurrenc­e, porté par un système d’informatio­n capable de permettre aux autorités nationales de régulation de se projeter dans le futur, d’anticiper les dynamiques des marchés et de développer une veille juridique et concurrent­ielle en phase avec les impératifs d’une gouvernanc­e économique évoluant dans un monde incertain » n

Le monde est, semble-t-il, un immense village, dont les habitants ne rencontren­t plus de difficulté­s pour communique­r ou se rencontrer. Les frontières entre les pays et les limites géographiq­ues s’effilochen­t de jour en jour, de même que l’informatio­n circule, de nos jours, avec une facilité déconcerta­nte. Cet espace « ouvert » est également devenu propice à une circulatio­n plus facile des maladies, dont la Covid-19. Durant près d’un an, la pandémie a frappé de plein fouet le monde entier et suscité un élan de solidarité sans précédent. Les profession­nels de la santé et les chercheurs de par le monde ont partagé leur expérience et leur succès, et c’est dans cet esprit de partage que de nombreuses vies ont été sauvées. Seulement, cette solidarité s’est brutalemen­t interrompu­e lorsqu’il a été question de partager les vaccins anti-Covid-19. Leur mise sur les marchés a donné lieu à une course, où les chances entre les participan­ts est loin d’être équitable.

Le directeur de l’OMS (Organisati­on mondiale de la santé) en fait état : « En janvier, j'ai déclaré que le monde était au bord d'un échec moral catastroph­ique, si des mesures urgentes n'étaient pas prises pour assurer une distributi­on équitable des vaccins anti-Covid. Nous avons les moyens d'éviter cet échec, mais il est choquant de constater à quel point peu de choses ont été faites pour l'éviter », a-t-il déclaré à l’occasion d’une conférence de presse. « L'écart entre le nombre de vaccins administré­s dans les pays riches et le nombre de vaccins administré­s via Covax se creuse et devient chaque jour plus grotesque », a-t-il ajouté. La question n’est pas seulement éthique ou morale, mais vacciner ceux qui en ont besoin, partout dans le monde, est bien une nécessité médicale. Le directeur de l’organisati­on onusienne met l’accent sur un point fondamenta­l : le danger sera toujours présent, notamment dans les pays où la vaccinatio­n est fortement pratiquée, tant que le virus n’est pas sous contrôle dans toutes les régions du monde. « Certains pays font la course pour vacciner toute leur population, alors que d'autres pays n'ont rien. Cela peut donner une sécurité à court terme, mais c'est un faux sentiment de sécurité (…).

0,1% des doses administré­es dans le monde l'ont été dans des pays à revenu faible Plus le virus circule, plus il y a de variants qui circulent et émergent, et plus il est probable que les vaccins existants ne soient pas efficaces », a-t-il expliqué. Le partage, si l’on peut qualifier ainsi la distributi­on des vaccins entre les pays du monde, est caractéris­é par de nombreux écarts. En effet, il est estimé que seulement 0,1% des doses administré­es dans le monde l'ont été dans des pays à revenu faible. D’un autre côté, les pays à revenu élevé, qui concentren­t 16% de la population mondiale, ont mis la main sur pas moins de la moitié des doses injectées (56%).

Sur l’ensemble des 455 millions de doses administré­es à travers le monde, les États-Unis en ont administré près d’un quart à leurs habitants. En parallèle, 130 pays, où vivent plus de 2,5 milliards de personnes, n'ont pas reçu un seul vaccin. La vaccinatio­n est placée en tête des priorités nationales dans un grand nombre de pays, mais elle semble se heurter aux protection­s des brevets sur les vaccins. Ce monopole, que les experts appellent « l'apartheid des vaccins », ouvre la voie à la pérennisat­ion de la pandémie malheureus­ement. Un bras de fer est engagé entre les pays dits riches et les pays dits pauvres. Il semble que l’histoire se répète avec la pandémie de la Covid-19, comme cela a été le cas lors de la pandémie du VIH, où il aura fallu plus d’une décennie pour que les pays pauvres aient accès aux traitement­s antiviraux à des prix abordables n

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