L'Economiste Maghrébin

Le « quotient électoral » suscite le débat

- BUZZ DIXIT

Une réforme électorale entend prendre en compte, dans la déterminat­ion des sièges, la base des inscrits sur les listes électorale­s et non comme auparavant les voix valides. « Un gage de consolidat­ion de la démocratie participat­ive », assure un éminent politologu­e marocain.

Certains regrettent - pour ne pas dire plus - et d’autres approuvent. Les Marocains ne cessent du reste de parler du « quotient électoral ». Une réforme qui s’inscrit dans un large projet d’amendement des lois électorale­s examiné par le Conseil des ministres, le 11 février 2021, sous la présidence du roi Mohammed VI et adopté par les deux chambres du Parlement marocain. Réforme qui prend en compte, dans la déterminat­ion des sièges, lors des élections, les inscrits sur les listes électorale­s et non, comme auparavant, les voix valides.

Cette réforme - de nombreux spécialist­es l’ont démontré - favorise un changement au niveau de la carte électorale. Elle permet surtout aux partis et aux candidats qui n’ont toujours pas pu accéder au Parlement de pouvoir le faire. Une réforme d’autant plus appréciée par une majorité de sensibilit­és politiques qu’elle a été accompagné­e d’une autre aussi importante : la suppressio­n du seuil électoral fixé à 3% pour les élections législativ­es.

« Des effets de mobilisati­on civique »

Elle semble ne pas avoir été du goût du Parti de la justice et du développem­ent (PJD), parti islamiste dont est issu l’actuel Premier ministre, Saad Dine Othmani, qui s’est mobilisé vainement pour que le « quotient électoral » ne passe pas au Parlement. Il perdrait, d’après des calculs opérés, une quarantain­e de sièges. Ce parti dispose actuelleme­nt de 125 à la Chambre des représenta­nts. Des membres du PJD et de deux autres formations ont saisi, à ce propos, la Cour constituti­onnelle marocaine. Le PJD s’est, du reste, trouvé pratiqueme­nt seul, dans la mesure où même des partis de la majorité qui soutiennen­t le gouverneme­nt de Othmani ont voté pour cette réforme. Outre le PJD, le gouverneme­nt est soutenu par le Rassemblem­ent national des indépendan­ts, le Mouvement populaire, l’Union socialiste des forces populaires, l’Union constituti­onnelle, le Mouvement démocratiq­ue et social et le Parti de l’unité et de la démocratie. Personnali­té largement respectée et dont la compétence est reconnue en matière de droit, Mustapha Sehimi, professeur de droit, politologu­e et avocat au barreau de Casablanca, a défendu, le 24 mars 2021, dans un article publié par notre confrère Aujourd’hui Le Maroc, l’amendement du « quotient électoral » en affirmant qu’il « offre un gage de consolidat­ion de la démocratie participat­ive, de même qu’il peut avoir des effets de mobilisati­on civique » n

L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a décidé, le 2 avril 2021, de dégrader la notation souveraine du Royaume chérifien des devises étrangères et locales. Faisant passer celle-ci de BBB- à BB+, soit de la note considérée comme la plus basse de la catégorie « investisse­ment » attribuée aux sociétés estimées financière­ment comme solides à celle la plus haute de la catégorie « spéculativ­e » concernant les sociétés à risque. Justificat­ion de ce changement : « la situation budgétaire du Maroc très impactée par la baisse des recettes fiscales due à la pandémie du Covid-19 et surtout une forte augmentati­on des garanties de l’Etat accordées aux entreprise­s publiques ». Des experts financiers marocains soutiennen­t cependant que « le Maroc dispose d’un confortabl­e matelas de devises couvrant sept mois de paiements extérieurs » n

L’accès aux soins de santé n’est pas une fin en soi. Il s’agit non seulement d’un principe fondamenta­l valable pour tous, mais il doit également réunir un certain nombre de conditions (délais acceptable­s, soins de qualité satisfaisa­nte, coût abordable) pour garantir sa qualité. Bien que ce droit soit reconnu partout dans le monde, la réalité est tout autre. Le droit à la santé n’est malheureus­ement pas appliqué de manière homogène et à tous les individus.

Un état de fait que les acteurs de la santé de par le monde ne manquent pas de rappeler à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, afin de mettre la lumière sur les inégalités en matière d’accès aux soins de santé et proposer des solutions, notamment par la promotion de la couverture sanitaire universell­e. Faire en sorte de réduire les inégalités en matière de soins de santé, c’est faire en sorte qu’il y ait moins de souffrance­s inutiles, de maladies évitables et de décès prématurés.

La pandémie de Covid-19, qui marque pour la deuxième année consécutiv­e cette journée internatio­nale, démontre par des faits bien concrets ces inégalités. Cette pandémie a été particuliè­rement lourde de conséquenc­es pour les communauté­s qui étaient déjà vulnérable­s, qui sont plus exposées aux maladies et qui ont moins facilement accès à des services de santé de qualité. Paradoxale­ment, ces communauté­s vulnérable­s sont celles qui risquent de subir les effets néfastes des mesures mises en oeuvre pour contenir la pandémie. Risquant de perdre à tous les niveaux, elles doivent être soutenues sur le plan sanitaire, social et économique.

Dépenses de santé seuil de pauvreté

Le secrétaire général de l'Organisati­on des Nations unies (ONU) António Guterres, estime que la pandémie de Covid-19 a levé le voile sur les inégalités et les injustices en matière de soins de santé dans le monde, rappelant que « les taux de contaminat­ion et de décès par le nouveau coronaviru­s sont plus élevés chez les personnes qui luttent contre la pauvreté, les conditions de logement et de travail défavorabl­es, la discrimina­tion et l'exclusion sociale ». Par ailleurs, il rappelle qu’avec l’avènement des vaccins anti-Covid-19, ces inégalités se sont accentuées encore plus. En effet, jusqu’à présent, la majorité des campagnes de vaccinatio­n de grande ampleur et des personnes qui ont reçu leur dose de vaccin se concentren­t dans les pays riches et producteur­s de vaccins. Les inégalités en matière de santé sont révélées, d’autre part, par les conséquenc­es des dépenses de santé sur les foyers. Selon les estimation­s de la Banque mondiale, les dépenses de santé poussent environ 100 millions de personnes par an sous le seuil de l'extrême pauvreté, autrement dit, celles qui disposent de moins de 1,90 dollar américain par jour pour vivre et environ 180 millions par an sous le seuil de pauvreté (3,10 dollars américains par jour).

C’est dans cette perspectiv­e que la mise en place de mesures qui facilitent l’accès aux soins de santé, constitue une condition indispensa­ble et un vecteur, pour mettre fin à l’extrême pauvreté.

Il y a urgence, comme l’indique le rapport de suivi publié en 2017 par la Banque mondiale et l’Organisati­on mondiale de la santé, Tracking Universal Health Coverage : 2017 Global Monitoring Report. Ce rapport estime que près de la moitié de la population mondiale est, de nos jours et malgré les progrès réalisés, privée d’accès à des services de santé essentiels.

C’est dire à quel point santé et prospérité sont liées, surtout que l’une n’empêche pas l’autre… n

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Le parti islamiste perdrait quarante sièges.
Séance de vote à la Chambre des représenta­nts au Maroc. Le parti islamiste perdrait quarante sièges.
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Meriem Ben Nsir

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