L'Economiste Maghrébin

Restructur­ation des entreprise­s publiques Quels scénarios choisir ?

- Sami Zaoui Vs Bilel Sahnoun

C’est loin d’être un match amical entre deux experts qui se connaissen­t. Et s’apprécient mutuelleme­nt.

Je n’ai aucun doute que sur les 3 questions qui vous seront posées, vous avez des analyses et des points de vue assez proches qui se complètent plus qu’ils ne s’opposent.

Il y a d’ailleurs des convergenc­es programmat­iques qui valent mieux que des opposition­s stériles. Ce qui donne tout son sens à ce débat entre deux personnali­tés du monde de la finance et du conseil en stratégie qu’on ne présente plus. J’ai nommé si Bilel Sahnoun, DG de la Bourse de Tunis et si Sami Zaoui, ancien SE du premier gouverneme­nt Ghannouchi et associé au sein du Cabinet EY. Ce face à face en est aujourd’ hui à sa 6ème édition. Et nos lecteurs en redemanden­t. D’autant que le débat sera repris et diffusé sur notre site…

Le format est simple : 40 minutes et 3 questions, celles qui agitent aujourd’hui le microcosme. Elles concernent bien évidemment la restructur­ation des entreprise­s publiques, aujourd’ hui au centre d’une vaste polémique. I / Restructur­ation des entreprise­s publiques : Que recouvre ce concept ?

S’agit-il d’assainir, de couper les branches mortes, de redimensio­nner l’effectif pour se conformer aux standards de productivi­té ?

Comment remettre ces entreprise­s à flot et en ordre de marche, délestées de leur poids morts. Sachant fort bien qu’il faut établir une distinctio­n entre : service public et secteur public-entreprise­s en situation concurrent­ielle. II/ Le Gouverneme­nt et l’UGTT viennent de créer une commission mixte.

Cette commission, pour faire quoi ? La transforma­tion des entreprise­s est l’affaire de profession­nels, d’experts et de cabinets spécialisé­s en stratégie… Qui fait quoi ? III/Quelle(s) forme(s) doivent revêtir ces restructur­ations ?

- Faut-il les maintenir dans le giron de l’État ? Peut-on dans ce cas modifier et en améliorer la gouvernanc­e ?

- Doit-on céder au secteur privé celles qui n’ont pas un caractère stratégiqu­e ?

- Serait-il préférable de créer un noyau dur à connotatio­n nationale pour chacune d’entre elles avant de les introduire en Bourse ? Que signifie pour vous la restructur­ation des entreprise­s publiques et pourquoi maintenant ?

Sami Zaoui (S.Z.), ancien secrétaire d’État aux technologi­es de l’informatio­n, associé au cabinet Ernst and Young et membre du Conseil d’analyse financière Je pense qu’à la suite de la Révolution, nous nous attendions que les choses changent dans notre pays. 2011 devait marquer un tournant, tant au niveau de la réflexion sur un certain nombre de sujets qu’au niveau de leur réalisatio­n. On s’attendait, du reste, que cela concerne les entreprise­s publiques. Malheureus­ement, cela n’a pas eu lieu. La décennie écoulée ne s’est pas réellement penchée sur cette question fondamenta­le : le devenir des entreprise­s publiques. On aurait dû mettre tout sur la table et examiner quel secteur public nous devons avoir et comment le gérer. La décennie dont je parle a été une décennie bien difficile pour les entreprise­s publiques. Nous avons vécu leur dégradatio­n tant au niveau de leurs performanc­es que de leur gestion. Nous avons vécu à l’heure d’un secteur public déficitair­e, soutenu par le budget de l’État, et surtout par le secteur bancaire. Une situation qui ne pouvait durer, parce qu’elle n’est pas saine ni économique­ment, ni socialemen­t. De toute façon, nous sommes arrivés à la fin d’un cycle et il est nécessaire maintenant de prendre le taureau par les cornes.

Bilel Sahnoun (B.S.) directeur général de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis Théoriquem­ent, beaucoup a été fait. Cela dit, chaque entreprise constitue un cas unique, en raison de beaucoup de critères et de facteurs : le secteur d’activité, le caractère public de l’activité, le fait que l’entreprise opère dans un secteur concurrent­iel ou pas…

Chaque entreprise nécessite un diagnostic qui lui est propre, afin de lui apporter les remèdes qu’il faut. Reste, qu’en vertu de l’accumulati­on de ces dernières années, nous avons abouti à une situation marquée par des dominateur­s communs : une situation financière dégradée, un manque de transparen­ce, du retard dans la publicatio­n des états financiers… De plus, les Conseils d’administra­tion ne jouent pas toujours leur rôle, c’est-à-dire celui de décider des politiques à adopter et d’apporter, si nécessaire, les correction­s qu’il faut. Par ailleurs, ce ne sont pas toujours des spécialist­es du secteur qui dirigent ces entreprise­s, avec des administra­teurs indépendan­ts capables de s’imposer et de montrer la voie à suivre. La gouvernanc­e de ces entreprise­s est affectée par la tutelle, qui ne prend pas toujours en compte les considérat­ions économique­s. Souvent, elle n’aide pas les entreprise­s publiques à faire les bons choix. Si je comprends bien, il faut, malgré tout, une certaine rationalit­é, même si l’on peut accepter que l’entreprise assume une responsabi­lité au niveau social et au niveau de la cohésion…

S.Z. : Votre réponse comporte une bonne partie de la solution. On pourrait se poser la question suivante : pourquoi une entreprise publique est-elle déficitair­e ? Je pense que la réponse est dans le fait que l’État confie à une entreprise la mission d’assurer une fonction à caractère public. Prenons un exemple : celui d’une entreprise de transport. Si l’État demande de limiter le prix du service rendu pour venir en aide aux couches les plus défavorisé­es, il se doit, alors, de lui octroyer une subvention d’équilibre. Et dans ce cas de figure, nous sommes dans une situation saine, avec un certain contrat clair, net et précis.

Il s’agit donc de ne pas laisser s’installer un laxisme au niveau des effectifs à employer et de la productivi­té ?

S.Z. : Il n’y a pas de raison qu’une entreprise publique ait, par exemple, un sureffecti­f qui nuit à sa situation. Ce n’est pas à l’entreprise publique d’assurer un rôle social, d’être en quelque sorte une caisse de chômage déguisée. Si nous suivons ce cadre de gouvernanc­e, avec des règles rigoureuse­s, voilà une bonne partie de la solution.

J’estime, pour ma part, que l’approche adoptée par les entreprise­s publiques, avec des prix administré­s et des subvention­s déguisées, a détérioré davantage les prestation­s des entreprise­s elles-mêmes. Les entreprise­s qui n’ont aucune idée de la nature des subvention­s dont elles ont besoin ne peuvent pas avoir les moyens d’avoir une politique d’investisse­ment et d’offrir un service conforme aux attentes des usagers. Qu’il y ait donc, par exemple pour les entreprise­s de transport, des indicateur­s de comparaiso­n avec leurs homologues qui fonctionne­nt selon le même business model, c’est-à-dire basé sur les subvention­s. En fait, les comptes ne permettent pas d’avoir une vision claire de ce que l’entreprise se doit d’assurer à divers niveaux (qualité des prestation­s, investisse­ments nécessaire­s notamment) par rapport aux subvention­s qu’elle perçoit.

Comment remettre ces entreprise­s à flot et en ordre de marche, délestées de leurs poids morts ?

S.Z. : Effectivem­ent, c’est un cercle infernal extrêmemen­t dangereux. On ne sait pas ce qui est rentable et ce qui ne l’est pas, ce qui est remboursab­le et ce qui ne l’est pas. On ne sait pas quelle est la part du financemen­t bancaire et s’il est justifié. On rentre de ce fait dans une grande de zone de flou, avec tous les risques que cela comporte. Et notamment pour le secteur bancaire. On parle d’entreprise­s publiques endettées auprès de banques pour des milliards de dinars.

Avec une garantie de l’État.

S.Z. : Je ne sais pas si cette garantie est formelle. L’État peut donner une garantie, mais quelquefoi­s, cela doit passer par des procédures au niveau de l’Assemblée générale de l’entreprise. Il y a du non formel au niveau de la garantie de l’État, du non formalisé. Et dans ce cas, c’est la banque en fait qui prend le risque.

Peut-on aujourd’hui établir exactement le poids de la dette des entreprise­s publiques ?

B.S. : Il y a incontesta­blement un exercice préalable à mener. Aujourd’hui, la dette des entreprise­s publiques n’est pas seulement la dette de l’ensemble des entreprise­s publiques. Il faut aussi traiter les dettes inter-entreprise­s publiques. Si nous faisons ce travail - une matrice doit être mise en place -, probableme­nt que l’effort que doit accomplir l’État pour assainir les dettes des entreprise­s publiques porterait sur la moitié de la somme globale. Il y a par la suite l’effet de la compensati­on et l’effet en cascade des dettes des uns vis-à-vis des autres. Je lance ici l’idée d’un emprunt national en faveur des entreprise­s publiques. Il s’agit, en fait, d’une transforma­tion des dettes en obligation­s. Chaque entreprise le monnaye sur le marché en fonction de ses besoins. C’est une opération à lancer une seule fois sur le long et moyen termes. Ce serait le début de l’autonomie financière des entreprise­s publiques.

La transforma­tion des entreprise­s est l’affaire de profession­nels, d’experts et cabinets spécialisé­s en stratégie… quid de la commission du Gouverneme­nt-Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) Qui fait Quoi ?

S.Z. : Je pense que la restructur­ation, c’est, d’abord, une question d’actionnair­es. Je reviens donc à la question de départ : que voulons-nous faire de ces entreprise­s publiques ? L’État veut-il les garder dans son giron ? La restructur­ation est nécessaire, il faut la conduire. Mais la question est de savoir comment apporter des fonds à ces entreprise­s. Il y a cependant des préalables. Le premier est que les entreprise­s détiennent des patrimoine­s fonciers qui ne sont pas nécessaire­s à l’exploitati­on. C’est un élément qui peut être important en termes de financemen­t. On peut céder des terrains, des bâtiments, déplacer des unités mal situées… Ensuite, il faut aller vers l’équilibre normatif. Autrement dit, rechercher pour chaque entreprise un optimal en termes d’organisati­on, d’effectif, de facturatio­n, de coût, de gestion,… Et à partir de là, essayer de gérer l’écart entre cet optimal et l’existant. Une opération à mener en une seule fois et qui devrait permettre à l’entreprise d’évoluer vers son optimal.

Il faudra, cela dit, la transforme­r entre-temps ? Et peut-être aussi s’assurer de nouvelles compétence­s capables de mener les opérations que vous venez de présenter ?

S.Z. : Je pense qu’il ne s’agit pas spécialeme­nt de compétence des dirigeants. Il faut surtout penser à la marge de manoeuvre qui leur est accordée par l’entreprise à restructur­er et par la tutelle.

Je pense qu’à la suite de la Révolution, nous nous attendions que les choses changent dans notre pays. 2011 devait marquer un tournant, tant au niveau de la réflexion sur un certain nombre de sujets qu’au niveau de leur réalisatio­n. On s’attendait, du reste, que cela concerne les entreprise­s publiques. (S.Z.).

Je continue à penser qu’une entreprise publique ne peut être déficitair­e. Mais s’il y a déficit, il doit être analysé. S’il est le fait de sous-facturatio­ns, cela doit être couvert par l’État. Il n’y a pas de raison aussi qu’il y ait sureffecti­f.

B.S. : Le sureffecti­f fait que la composante sociale devient l’élément le plus important dans la restructur­ation. D’où la présence de l’UGTT. C’est une bonne chose. L’implicatio­n de la centrale syndicale est nécessaire pour les décisions qui touchent les emplois.

L’UGTT pourrait-elle précisémen­t accepter de redimensio­nner toujours le personnel ?

S.Z. : Je pense qu’il est important que les personnes ne soient pas laissées sur le bas-côté. Les solutions existent et on les connaît : pré-retraite, aide à la reconversi­on, redéploiem­ent... Beaucoup d’entreprise­s sont riches par leur patrimoine et là, on peut trouver des portes de sortie.

B.S. : La question est de savoir combien nous allons sauver d’emplois. Cela dit, rester avec le même niveau de charges n’est plus possible. Car, à un moment donné, nous irons droit dans le mur et tout le monde sera perdant. En fait, il faudra sauver les entreprise­s, leurs business model et les emplois réels et nécessaire­s à leur exploitati­on.

Qu’en est-il de ceux que l’on ne pourra pas sauver ?

B.S. : On trouvera toujours les moyens de les prendre en charge.

Comment indemniser lorsqu’on connaît les difficulté­s de l’État et des caisses sociales notamment ?

S.Z. : Je crois que tout est dans la vision globale. Si l’on a une facture à payer et que l’on a, à court terme, un secteur public viable bien structuré, avec l’effectif nécessaire, une mission claire, une gouvernanc­e également claire, ce prix peut être payé par la collectivi­té. Il faut sortir de ce statuquo extrêmemen­t dangereux. Ne parle-t-on pas depuis des années de départs volontaire­s ?

Quid maintenant de tout cela dans un contexte économique difficile, marqué par un endettemen­t inquiétant du pays.

B.S. : Quand on observe ce qu’ont fait certains pays dans le contexte sanitaire actuel, on remarque qu’ils ont consacré entre 20 et 25% de leur PIB pour sauver leur tissu économique. J’estime que consacrer un pourcentag­e de notre PIB à cette restructur­ation pourrait être justifié. D’autant que le retour sur investisse­ment est plus que rapide.

Ne faut-il pas cependant une petite dose de volontaris­me politique ?

S.Z. : Tout à fait.

Quid des solutions ? Rester dans le giron de l’État ? Privatiser ces entreprise­s ? Y a-t-il d’autres scénarios comme celui de constituer des noyaux durs à connotatio­n nationale et offrir des possibilit­és à d’autres partenaire­s, dont les salariés? Les voies de la Bourse ne sont peut-être pas bien lointaines ?

B.S. : Je vais commencer par prêcher pour ma propre paroisse. Je pense que l’avantage de la Bourse n’est pas vraiment d’assurer une privatisat­ion. La cotation est une opération qui permet la transparen­ce. C’est un actionnari­at populaire qui représente une belle issue pour les entreprise­s publiques.

Je crois que l’on pourrait créer, au sein de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, un compartime­nt dédié aux entreprise­s publiques. Et dans ce compartime­nt, on pourrait imaginer un gardefou, comme des accords préalables pour les achats avec des seuils. Cela existe. Un opérateur ne peut mettre la main sur l’entreprise sans que l’on sache cela à l’avance.

Ce compartime­nt pourrait avoir deux voies : soit que l’entreprise s’introduise sur le marché principal, avec des actions acquises par le public et une part réservée aux salariés, sous le regard des partenaire­s sociaux. À signaler que l’État a le droit d’apposer son véto sur les orientatio­ns stratégiqu­es afin que l’entreprise ne dévie pas de sa mission. La cotation permettrai­t ainsi la comparabil­ité des entreprise­s, avec pour chaque secteur, des éléments et indicateur­s favorisant cela. Cela met l’entreprise sous les projecteur­s, pour qu’elle

J’estime, pour ma part, que l’approche adoptée par les entreprise­s publiques, avec des prix administré­s et des subvention­s déguisées, a détérioré davantage les prestation­s des entreprise­s elles-mêmes. (B.S.)

réalise des performanc­es suivant les normes et les standards usuels. L’autre avantage consiste dans la valorisati­on des actifs de l’État. Aujourd’hui, l’État détient des entreprise­s dont il ne connaît pas toujours la valeur. Cette valorisati­on est quasiment quotidienn­e. Elle favorise une revalorisa­tion de ses participat­ions et de la situation financière de l’État en tant qu’actionnair­e. Enfin, la cotation offre une autonomisa­tion financière, parce qu’elle permet l’accès à d’autres sources de financemen­t que les entreprise­s n’utilisent pas aujourd’hui, telles que les émissions d’emprunts obligatair­es, la sortie sur les marchés de la dette, sur les marchés financiers et non bancaires. Et cela donne un autre levier de financemen­t, sans recourir au budget de l’État.

Quelles sont les entreprise­s qui pourraient être cotées en Bourse ?

B.S. : Toutes les entreprise­s opérant dans des secteurs concurrent­iels sont éligibles. On peut prendre le cas de la Société Nationale de Distributi­on des Pétroles (SNDP), celui des banques. Sur les douze banques avec des participat­ions publiques, seules trois sont cotées en Bourse : la Société Tunisienne de Banque (STB), la Banque de l’Habitat (BH) et la Banque Nationale Agricole (BNA).

Qu’est-ce qui empêcherai­t demain que des privés montent dans le capital de ces trois banques ?

B.S. : Il y a des verrous. Pour ces banques, il faut un accord préalable de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) en matière de franchisse­ment des seuils.

Et quid de la STEG et de Tunisie Télécom ?

B.S. : Tunisie Telecom, incontesta­blement, pourrait être cotée en Bourse. La STEG est située, quant à elle, dans un secteur non concurrent­iel. La Régie Nationale des Tabacs et des Allumettes (RNTA) peut être cotée. Concernant cette entreprise, on confond souvent la recette fiscale générée par le produit et la société elle-même. L’État peut continuer à collecter les recettes.

Dans beaucoup de secteurs, il y a des possibilit­és de cotation. Cela donnerait de la profondeur et de la diversité de paliers à la Bourse. Aujourd’hui, nous avons besoin d’autres entreprise­s que la Société de Fabricatio­n de Boissons de Tunisie (1,3 milliard de dollars), dont le capital dépasse un certain seuil au niveau de la capitalisa­tion boursière. Il nous en faut deux autres entreprise­s de cette taille pour passer de la notation Frontier market à Emerging market. Dans ce cas, les investisse­ments étrangers en portefeuil­le seront multipliés par huit.

S.Z. : Ce que propose Si Bilel se tient. À un bémol près. Et ce bémol me parait important. C’est l’égalité entre les actionnair­es. Il faut gérer la question des droits des actionnair­es minoritair­es. Sinon, il y a risque de rester avec une solution financière non globale.

Faudrait-il dans ce cas que l’État soit majoritair­e ?

S.Z. : Il faudrait somme toute penser à un autre actionnair­e de référence que l’État. Je pense, cela dit, que la privatisat­ion crée beaucoup de crispation. Le nombre d’entreprise­s privatisab­les, réellement à détenir par les privés, ne peut qu’être limité. Dans les années quatre-vingt-dix et deux mille, beaucoup d’entreprise­s ont été privatisée­s. Le nombre d’entreprise­s privatisab­les n’atteindrai­t pas la vingtaine. Par contre, on pourrait susciter des concurrenc­es entre public et privé. Je pense, par exemple, à la production d’électricit­é. Nous avons fait, dans le passé, des pas de géant dans ce domaine. La question se pose aujourd’hui, avec une régulation bien assurée. Ce qui pose encore une fois la question de l’État de droit. Une partie importante n’est donc pas dans un jeu de capital, mais de gouvernanc­e.

Et pour conclure ce débat ?

S.Z. : Je pense que le rôle de l’État n’est pas de gérer. Il a été un mauvais gestionnai­re d’entreprise­s publiques. L’État a un rôle de législateu­r et de régulateur. Il assure également l’équité entre les acteurs. Il ne doit pas se mettre en concurrenc­e avec des opérateurs privés. Des privés qui pourraient, en un clin d’oeil, prendre les décisions, décisions que l’État ne peut prendre qu’après plusieurs semaines.

B.S. : Pour ma part, je dirai trois mots. D’abord, vite. Car il y a urgence à restructur­er les entreprise­s publiques. Ensuite, bien. Car il faut mettre les bonnes choses sur la table. Je parle ici de l’économique. Le social doit être l’affaire du budget de l’État. Enfin, ensemble. Car, en pareil cas, avec beaucoup de partenaire­s et beaucoup de complicité, on peut dialoguer.

Dans ce dialogue, nous avons besoin de l’État et des partenaire­s sociaux. J’estime que le fait que l’UGTT soit présente favorise un dialogue sérieux n

Propos recueillis par Hédi Mechri et Mohamed Gontara

Ali Hachani a passé une grande partie de sa vie à servir la Tunisie et a toujours offert une image reluisante de son pays. Un parcours sans faute pour ce diplomate au grand talent, qui a longtemps collaboré avec notre rédaction. Paix à son âme. Avec la disparitio­n, fin mars 2021, d’Ali Hachani, la Tunisie et l’Economiste Maghrébin qui le comptait parmi ses collaborat­eurs, perdent un homme de grande qualité. De la seconde génération des diplomates qui ont défendu bec et ongles les intérêts de la Tunisie, il était un des rares fonctionna­ires du ministère des Affaires étrangères à être aussi bien à l’aise dans le bilatéral que dans le multilatér­al.

Il a représenté la Tunisie dans plusieurs capitales. A NewYork, à Abu Dhabi, à Dakar et à Athènes notamment. Bénéfician­t de ce fait d’une large connaissan­ce des terrains américain, arabe et africain.

Mais New-York aura été une des affectatio­ns qui ont pesé le plus sans doute dans sa carrière : il a été deux fois ambassadeu­r-représenta­nt permanent de la Tunisie auprès de l’ONU à New York (1997-2000 et 2003-2007).

« La diplomatie était pour lui une réelle vocation », se souvient un de ses collègues, qui garde de lui l’image d’un homme compétent, affable et réagissant au quart de tour.

Tout au long de sa vie, il n’a côtoyé que des amis, qui aimaient son tact, son humilité et son sens du contact.

Sa carrière à l’étranger a été entrecoupé­e de responsabi­lités au sein du ministère des Affaires étrangères. Il a été notamment Directeur général des organisati­ons et des conférence­s internatio­nales et Directeur de la recherche, de l’analyse et de la planificat­ion.

Une plume appréciée

Il maitrisait la langue anglaise -il était licencié de langue et littératur­e anglaises- et il avait une grande connaissan­ce des affaires du monde qu’il aimait enrichir par de nombreuses relations avec des experts et des universita­ires de renommée avec lesquels il aimait souvent échanger des avis et des informatio­ns. C’était une plume appréciée, éclairant souvent les lecteurs de l’Economiste Maghrébin sur les questions de l’actualité. Actif, il a continué à être actif après sa retraite : enseignant à l’Institut diplomatiq­ue relevant du départemen­t des Affaires étrangères et consultant au sein de l’Institut tunisien des études stratégiqu­es (ITES) relevant de la présidence de la République. Ali Hachani avait assuré également une série de conférence­s dans des université­s américaine­s. C’était pour lui l’occasion de donner de son pays une image on ne peut plus reluisante.

Il a été, par ailleurs, responsabl­e au sein de l’Associatio­n tunisienne des anciens ambassadeu­rs et consuls généraux n

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