L'Economiste Maghrébin

Un Ramadan sous couvre-feu

Les pays du Maghreb vivent Ramadan 2021 sous le couvre-feu. Chaque pays s’est choisi un horaire, mais le résultat est le même, avec pour chaque pays, des événements qui ont marqué le mois saint.

- Par Mohamed Gontara

Au Maroc, par exemple, le Ramadan connaît depuis des lustres la diffusion des « Al Dourouss Al Hassanya », conférence­s centrées sur des thèmes religieux et organisées en présence du monarque chérifien.

Les pays du Maghreb ont instauré, au cours du mois de Ramadan 2021, un couvre-feu. Evidemment, la progressio­n de la pandémie inquiète et les Etats maghrébins travaillen­t à la stopper. Le Maroc, qui a pourtant le plus progressé sur le terrain de la vaccinatio­n (4,6 millions de personnes environ), a mis en place un couvre-feu plus strict : de 20 heures à 6 heures. La Tunisie a fait le choix d’un couvre-feu de 22 heures à 5 heures, avec interdicti­on de circulatio­n pour les automobile­s, les motocycles et autres bus et taxis à partir de 19 heures. Ce qui est de nature à ralentir durablemen­t la circulatio­n. L’Algérie a décidé, quant à elle, d’instaurer un couvre-feu entre 23 heures et 4 heures du matin, tandis qu’en Mauritanie, le couvre-feu va de 2 heures à 4 heures. C’est, sans doute, le pays qui semble le moins strict de ce côté-là, du fait que « la situation épidémique se stabilise dans le pays ». Des restrictio­ns qui font débat, avec des réactions quelquefoi­s excessives. En Algérie, un « imam a critiqué dans un prêche les restrictio­ns imposées aux mosquées par le comité scientifiq­ue chargé du suivi de l’épidémie ». Il a souligné son « étonnement du fait que des parcs, des lieux de loisirs aient été ouverts sans restrictio­ns, alors que des conditions strictes sont imposées aux fidèles qui se rendent dans les mosquées ».

Les autorités algérienne­s ont réagi

Restons en Algérie où le Ramadan, à l’instar de la Tunisie, a connu une augmentati­on des prix des produits alimentair­es, comme l’huile et la viande, ou encore la pénurie d’un produit comme la pomme de terre.

Le pays connaît, par ailleurs, un rationneme­nt de l’eau. Un rationneme­nt qui « ne sera pas levé tout le long du mois de Ramadan », selon nos sources. Les autorités ont vite réagi, en important de la viande rouge en provenance d’Espagne. Elles ont, d’autre part, mobilisé quelque 20 000 contrôleur­s dans les différents points de vente. C’est un phénomène récurrent que l’on explique notamment par la spéculatio­n. Au Maroc, où les autorités n’ont pas autorisé la prière des « Trawih » intervenan­t après la prière d’ « Al Ichah », il y a eu un mécontente­ment et même une manifestat­ion à Tanger, dans le nord du pays. C’est une interdicti­on défendue par le Premier ministre, Saad Eddine El Othmani : la nature imprévisib­le de la pandémie, l’apparition de nouvelles souches, le léger ralentisse­ment de la campagne nationale de vaccinatio­n.

Des thématique­s religieuse­s

La vie religieuse n’a pas manqué pourtant d’être au centre du vécu des Marocains, avec la diffusion, par la télévision marocaine, des « Al Dourouss Al Hassanya », conférence­s centrées sur des thématique­s religieuse­s. Ces conférence­s sont une véritable tradition au Royaume chérifien. Elles sont d’ailleurs présidées par le Roi du Maroc et par des oulémas marocains et étrangers. Evidemment, pandémie oblige, la télévision a diffusé, au début du mois de Ramadan, d’anciennes conférence­s présidées par Feu le Roi Hassan II. Cet évènement cultuel, largement suivi, daterait des Sultans Ismaël (17271746) et Hassan Premier (1873-1894), assure l’ancien ambassadeu­r de Tunisie au Maroc, Salah Bakari, dans son livre « Ambassadeu­r au Royaume du Maroc », paru en 2020, et qui constitue un ouvrage de référence pour comprendre le Maroc d’hier et d’aujourd’huin

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Le Roi Mohammed VI saluant un des conférenci­ers des « Al Dourouss Al Hassanya ».

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