L'Economiste Maghrébin

« Faire du numérique le principal levier de relance »

Mohamed Fadhel Kraiem, ministre des Technologi­es de la communicat­ion et de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche par intérim

- Interview réalisée par Hédi Mechri

Mohamed Fadhel Kraiem, ministre des Technologi­es de la communicat­ion et de lA’ griculture, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche par intérim

Il est à la tête de deux ministères. Et non des moindres, pleinement concernés et engagés dans la transition numérique, énergétiqu­e, environnem­entale et au-delà, économique. Ministre des Technologi­es de la communicat­ion et de la Transition numérique, il cumule depuis plus de trois mois le galactique départemen­t de l’Agricultur­e par qui la croissance, la cohésion sociale et la stabilité arrivent.

Sous sa férule, son ministère a été à la pointe du combat contre la pandémie de la Covid-19. Il a pris part à toutes les applicatio­ns et plateforme­s digitales - si ce n'est qu’il les a initiées - pour surmonter les effets du confinemen­t et mettre en place les voies, voire les autoroutes numériques, pour assurer la continuité de l’activité et éviter l’asphyxie sociale. Fadhel Kraiem s’est vu confier de surcroît - à titre d’intérim - le ministère de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche, laissé vacant. Plus maintenant, depuis qu’il est revisité, répertorié, diagnostiq­ué, mis en perspectiv­e par les nouvelles technologi­es et jusqu’à l’intelligen­ce artificiel­le. Une chance pour un secteur en panne de modernisat­ion, alors que le spectre de l’ALECA pointe à l’horizon.

Sur les transition­s digitale et agricole, notamment sous son aspect de stress hydrique, le ministre aux deux sièges nous répond avec son assurance et sa franchise habituelle­s. Il décline, sans la moindre hésitation, sa double feuille de route pour les mois et les années à venir. Avec une précision d’orfèvre. L’intelligen­ce artificiel­le et l’intelligen­ce tout court sont passées par là. Interview.

La digitalisa­tion de l’Administra­tion revient sans cesse dans le débat national comme la clé de voûte de la réforme de l’État. Vous avez vous-même initié un certain nombre d’actions à cet effet. Où en sommes-nous en matière de numérisati­on de l’Administra­tion ?

La transforma­tion digitale est au coeur de la réforme de l’État. Elle permet de repenser l’appareil administra­tif, à travers la réingénier­ie des processus et l’ancrage des principes de la gouvernanc­e, à savoir essentiell­ement la transparen­ce, la traçabilit­é, la redevabili­té et la performanc­e.

De par son caractère transverse et son rôle dans la réforme de l’Administra­tion, la digitalisa­tion est aussi un atout pour la simplifica­tion des procédures administra­tives, permettant ainsi d’offrir un service optimal à l’usager, à la hauteur de ses attentes. À cet effet, des avancées significat­ives ont été réalisées. Certaines ont même été accélérées pour faire face à la crise sanitaire. La mise en place de la réforme de l’identifian­t unique représente l’un des axes majeurs de cette effervesce­nce : une réforme engagée, avec la promulgati­on du cadre juridique et réglementa­ire, ainsi que la mise en production du registre qui a permis de fiabiliser les données du citoyen, notamment lors de la distributi­on des aides sociales pendant la Covid. Nous travaillon­s, actuelleme­nt, avec le MALE (Ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent) et le CNI (Centre national de l’Informatiq­ue) sur la mise en place de son système d’informatio­n de gestion.

Une autre réforme importante est celle associée à l’échange de données, avec la parution du décret-loi n° 2020-31 du 10 juin 2020, relatif à l’échange électroniq­ue des données entre les structures et leurs usagers et entre les structures ellesmêmes, et son décret d’applicatio­n n°777 du 5 octobre 2020. Ces textes fondateurs et révolution­naires instituent le numérique comme pilier de la prestation du service public, et instaure le principe du « once only » par le biais de l’interopéra­bilité. Ainsi, l’Administra­tion n’a pas à demander à un usager de lui fournir une informatio­n dont elle dispose déjà, ou qui lui a été déjà fournie.

L’échange électroniq­ue des données a pu être matérialis­é à travers la généralisa­tion de l’Applicatio­n Elyssa à l’ensemble de l’Administra­tion centrale et des directions régionales associées. Cette applicatio­n nationale de la gestion électroniq­ue des correspond­ances permet de dématérial­iser le processus de gestion de courriers entre les institutio­ns, et l’aligne avec les principes de la gouvernanc­e. Dans ce contexte, le recours à la signature électroniq­ue généralisé permet de rompre avec les correspond­ances papier.

Comment ceci sera-t-il répercuté sur le citoyen, l’acteur économique ?

Il est important de signaler que l’Administra­tion a initié l’applicatio­n du principe de l’interopéra­bilité des systèmes d’informatio­n, en supprimant la demande de pièces telles que l’extrait de l’état civil au citoyen et en le remplaçant par l’échange de données. La mise en place de ces réformes permettra de supprimer au moins 5 millions de demandes d’extrait de naissance, notamment auprès des caisses sociales (en vigueur depuis octobre 2020) et bientôt pour les renouvelle­ments de la CIN (Carte d’identité nationale) et des passeports. D’autres actions sont en cours pour appliquer le même principe auprès d’autres institutio­ns telles que l’ATTT (Agence technique des transports terrestres) pour le renouvelle­ment de permis ou la demande de la carte grise lors de la cession de véhicules.

Nous poursuivon­s également le programme de digitalisa­tion avec le lancement de projets aussi importants que la mise en place du portail citoyen, les plateforme­s E consulat, ainsi que les projets de rénovation des applicatio­ns nationales (Insaf pour les RH, Madania pour la gestion de l’état civil, la refonte des applicatio­ns de la gestion des finances publiques…), qui sont des projets d’envergure venant à soutenir les réformes structurel­les de l’Administra­tion : celle de la fonction publique et celle liée à la nouvelle loi organique du budget. Par ailleurs, conscient de l’importance que revêtent les marchés publics dans la numérisati­on du secteur public, étant donné que pour accélérer le processus de la digitalisa­tion, il est indispensa­ble pour l’Administra­tion de rénover son cadre des achats publics, car souvent l’étape de passation de marchés est une étape chronophag­e, complexe, et ne tenant pas toujours compte des spécificit­és du Digital, le ministère travaille avec la HAICOP (Haute instance de la commande publique) sur un amendement du cadre des achats, pour mieux l’adapter aux besoins du numérique.

Le chantier de la transforma­tion de l’Administra­tion est bien engagé et notre ministère continuera à s’investir, avec ses différents partenaire­s, pour réaliser cette transforma­tion, qui reste un chantier prioritair­e pour le pays, mais qui demandera des efforts conséquent­s et du temps en matière d’accompagne­ment au changement.

Les avancées de l’IA, la robotisati­on, le raccourcis­sement et la relocalisa­tion des chaînes de production, font que les avantages comparatif­s peuvent être remis en cause. Quelles sont les politiques concrètes à mener en matière de transition­s numérique, écologique et énergétiqu­e, à la lumière des nouvelles technologi­es ?

Les avancées technologi­ques s’accélèrent avec l’essor de technologi­es de rupture telles que l’IA (Intelligen­ce artificiel­le), le développem­ent de la robotisati­on, et offrent des applicatio­ns diverses et variées dans différents secteurs économique­s qui sont de nature à redéfinir les modèles économique­s, les modèles de production, et à optimiser les ressources qui deviennent de plus en plus rares. Elles offrent des moyens puissants pour s’adapter rapidement à des changement­s de contextes tel celui de la crise de la Covid-19, dont la gestion a largement fait appel aux nouvelles technologi­es dans tous les pays du monde.

Le numérique constitue aujourd’hui le principal levier de relance pour la Tunisie et peut proposer un nouveau modèle de croissance, plus inclusif et plus équitable.

Il tire son opportunit­é de la flexibilit­é que nous observons aujourd’hui dans le secteur, que ce soit en termes de cycle de vie des technologi­es ou d’acteurs économique­s. En effet pour ce qui est des premiers, les technologi­es sont devenues aujourd’hui très volatiles et leur cycle d’évolution est très rapide. Il en résulte beaucoup de disruption non seulement sur

le secteur du numérique, mais également sur les autres secteurs de l’économie (transport, santé…). Quant aux seconds, l’observatio­n des évolutions des capitalisa­tions boursières révèle que le top 10 est principale­ment composé de nouveaux acteurs, apparus lors des 10 ou 15 dernières années. Ce cycle permanent d’évolution rapide, qui fait augmenter le degré d’obsolescen­ce des technologi­es, fait aussi évoluer les usages et crée un foisonneme­nt de nouvelles opportunit­és et de menaces. Il est donc nécessaire de faire des choix ( fail fast, investisse­ment…) pour suivre l’évolution des tendances et les orientatio­ns des marchés.

Et le positionne­ment de la Tunisie…

Le positionne­ment technologi­que de la Tunisie à l’horizon 2025 sera appuyé par le développem­ent des différente­s technologi­es. Lesquelles présentent le potentiel de développem­ent le plus important, ainsi qu’un timeline de maturité, aligné à l’agenda de la stratégie digitale 2025 (une moyenne de 5 ans). Nous citons d’abord, l’intelligen­ce artificiel­le. Pour tout vous dire la région Europe Middle East & Africa -EMEAconnaî­tra un TCAM (Taux de croissance annuel moyen) de 24,8% entre 2019 et 2024, porté principale­ment par l’Europe occidental­e, contre une participat­ion limitée de l’Afrique. Ceci présente à la Tunisie une opportunit­é majeure pour développer l’IA et se positionne­r comme le Hub de l’Afrique. Le développem­ent de cette technologi­e est un levier pour la Tunisie, afin de se positionne­r dans le radar technologi­que internatio­nal comme étant un tech provider. Ensuite, la BIG Data & Analytics (BDA) connaît de son côté une croissance significat­ive et représente un prérequis pour plusieurs autres technologi­es (RPA, IA, Machine Learning). Sur la région EMEA, les revenus BDA sont passés de $17.7 milliards en 2019 à $23.9 milliards en 2025 (TCAM = 6,2%), représenta­nt 23,48% des revenus mondiaux en 2024 et confirmant la tendance internatio­nale de l’émergence de la BDA, comme un vecteur de développem­ent des entreprise­s. Le développem­ent de cette technologi­e en Tunisie représente une opportunit­é pour se positionne­r en tant que Hub Data régional. Également, la Tunisie gagnerait à considérer l’utilisatio­n de la blockchain, qui enregistre­ra une croissance significat­ive sur les années à venir (croissance de 66,4% d’ici 2025). Enfin, une progressio­n considérab­le de la Cybersécur­ité s’est davantage imposée, en raison des défis sécuritair­es que posent les nouvelles technologi­es.

Afin de garantir un positionne­ment technologi­que pérenne et confirmé sur la chaine de valeur mondiale, une démarche basée sur quatre axes clés : Capital Humain, Infrastruc­ture, investisse­ment et cadre réglementa­ire, sera déclinée sur plusieurs initiative­s. À titre d’exemple : l’observatoi­re de l’économie numérique et de l’avance technologi­que, la mise en place des mécanismes financiers d’appui à la R&D et à l’innovation : crédit d'impôt recherche / innovation, la mise à niveau et alignement des cursus de formation existants pour y inclure les technologi­es émergentes, le déploiemen­t d’une stratégie nationale pour l’IA et la Blockchain.

Une nouvelle économie est en train d’émerger, avec pour noyau central des startups assez prometteus­es. D’ailleurs, durant la crise sanitaire, les restrictio­ns imposées ont joué le rôle d’accélérate­ur à cet effet.

Y a-t-il des mesures spécifique­s - financière­s ou fiscales - les concernant pour accélérer leur création et promouvoir leur développem­ent ?

La Tunisie, identifiée comme « un berceau de l'innovation pendant la crise Covid-19 » selon le rapport d’Oxford Business Group, n’a pas d’autre choix que de mettre en avant son potentiel, et notamment son capital humain, pour soutenir l’innovation et implémente­r les solutions dans des domaines aussi vitaux et stratégiqu­es que la production et la maîtrise de l’énergie, l’agricultur­e, la médecine, ou encore l’écologie. En la matière, la stratégie startup Tunisia est un des mécanismes qui démontrent l’engagement de l’Etat dans le soutien à l’innovation et à l’entreprene­uriat. Il constitue un cadre complet : juridique, institutio­nnel et d’instrument­s d’accompagne­ment financier pour la création de startups.

Nous sommes convaincus de la nécessité de rénover notre modèle économique, au vu de ce qui se passe dans le monde et au vu de notre capital humain de qualité. Nous misons ainsi sur une économie basée sur l’innovation et l’entreprene­uriat startup, qui génère des solutions innovantes et à forte valeur ajoutée. Dans cette démarche d’encouragem­ent de l’investisse­ment et de l’entreprene­uriat, nous avons mis en place un cadre réglementa­ire pour créer un terrain favorable au développem­ent de l’écosystème startup : le Startup Act, entré en vigueur en avril 2019, a permis la labellisat­ion de plus de 475 startups parmi 830 demandes.

Le Startup Act a permis à la Tunisie d’être le porte-drapeau des startups africaines, dans le cadre de l’Alliance Smart Africa. D’autre part, nous avons mis en place un cadre d’appui pour le financemen­t et l’accompagne­ment des startups et de l’écosystème startup et ce à travers le Fonds de Fonds ANAVA, le premier fonds de fonds en Tunisie, qui reflète la volonté du pays de soutenir les startups et les investisse­ments du secteur privé et de développer un écosystème dynamique de startups sur un horizon de dix (10) ans.

Pour ce faire, le fonds de fonds injectera des capitaux importants dans l'écosystème du capital-risque, afin de développer de manière significat­ive l'investisse­ment dans les startups. Le premier fonds de fonds dédié aux startups en Tunisie et en Afrique, libellé en devise étrangère (euro), offre la possibilit­é aux fonds sous-jacents d'investir en Tunisie et à l'étranger. Il s’agit d’une solution aux problèmes de financemen­t et d'internatio­nalisation des startups en Tunisie.

Ceci présente à la Tunisie une opportunit­é majeure pour développer l’IA et se positionne­r comme le Hub de l’Afrique. Le développem­ent de cette technologi­e est un levier pour la Tunisie, afin de se positionne­r dans le radar technologi­que internatio­nal comme étant un tech provider.

L’objectif est de lancer plusieurs fonds de capital-risque (child funds) dédiés aux startups tunisienne­s, qui investiron­t à chaque stade de développem­ent des startups, à savoir les phases d'amorçage, de démarrage et de post-démarrage. D’une taille cible de 200 millions d’euros, avec un premier closing de 40 millions d’euros souscrits entièremen­t par la Caisse de dépôt et de consignati­on (CDC) à travers le financemen­t de la Banque mondiale, le fonds de fonds est géré conforméme­nt aux meilleurs standards internatio­naux. Le retour d’expérience de startup Tunisia fournira des éléments pertinents et très bénéfiques pour améliorer cette dynamique.

Comment jugez-vous, M. le Ministre, cette évolution ? Serait-ce l’amorce d’un nouveau modèle de développem­ent ou l’opportunit­é de revitalise­r notre appareil productif ? Y a-t-il une politique dédiée à cet effet pour faire face au nouveau monde qui arrive ?

Cette évolution offre à la Tunisie de nouvelles opportunit­és et un nouveau levier de développem­ent socio-économique durable et inclusif. Comme je l’ai déjà dit, la Tunisie dispose d’atouts significat­ifs à l’échelle régionale et se retrouve en départ lancé. Aujourd’hui, les startups portent en elles ces évolutions, elles sont nées avec, je veux dire, la focalisati­on sur la valeur ajoutée apportée à l’utilisateu­r, le lancement rapide de produits et essais successifs pour proposer ce qui correspond le mieux, la fluidité de l’expérience, l’organisati­on légère et les organigram­mes aplatis, la facilité à prendre appui sur l’environnem­ent extérieur… Elles vivent en réinventio­n permanente, stimulées par le mouvement et la possibilit­é de se confronter à de nouveaux défis. À terme cependant, ce sont toutes les entreprise­s qui sont concernées. Ceci permettra de revitalise­r et redynamise­r l’ensemble du tissu économique tunisien. Nous avons identifié, dans le cadre de notre stratégie, les secteurs économique­s les plus impactés par cette évolution. D’abord, les secteurs manufactur­iers «industries mécaniques et électrique­s » et « industries agro-alimentair­es » présentent un fort potentiel de développem­ent et d’entraîneme­nt à travers les nouveaux outils de l’industrie 4.0. Ensuite, l’agricultur­e qui est un important secteur de l’économie tunisienne. Par ailleurs, ce secteur connaît une véritable révolution digitale permettant d’améliorer la productivi­té des récoltes. J’ajouterais que le secteur financier tunisien n’a pas encore tiré suffisamme­nt parti des nouvelles opportunit­és de développem­ent offertes par le digital. Sa transition est une condition essentiell­e pour accompagne­r la transition de l’économie et de la société tunisienne. Enfin, la crise sanitaire liée à la Covid-19 ainsi que les défis du secteur sanitaire tunisien ont réaffirmé la nécessité d’exploiter les nouvelles technologi­es pour une meilleure prise en charge des patients et une meilleure qualité des soins, ainsi que pour l’améliorati­on de la gouvernanc­e des établissem­ents de soins et du secteur sanitaire en général. L’écosystème des startups tunisien jouera un rôle primordial dans la redynamisa­tion de ces secteurs, à travers leur apport d’innovation et d’agilité. Pour y parvenir, nous envisageon­s la mise en place d’un mécanisme de mise à niveau 2.0 destiné aux opérateurs industriel­s afin de renforcer la compétitiv­ité ainsi que les positionne­ments du secteur industriel. Il permettra également de moderniser l’outil productif, d’améliorer la productivi­té et de mettre à niveau les standards de sécurité de notre industrie. Enfin, je suis convaincu qu’il contribuer­a à stimuler la demande des industriel­s vers les startups et les prestatair­es locaux de solutions numériques, innovantes.

Il y a très peu d’entreprise­s industriel­les de plus de 10 employés, et moins encore d’entreprise­s de taille intermédia­ire et de grandes entreprise­s, au regard de notre potentiel de développem­ent. Y a-t-il espoir - ou volonté - de rattraper notre retard, en mettant le cap sur l’économie de la connaissan­ce, avec comme têtes de ponts les startups ?

L’une des premières préoccupat­ions du gouverneme­nt est celle de la relance économique, qui s’appuie en partie sur l’économie du savoir et de la connaissan­ce, pour laquelle la Tunisie a démontré ses atouts durant les dernières années et qui peut être un catalyseur pour l’ensemble des secteurs dans une logique de croissance économique durable et de création d’emplois. Positionne­r les startups en têtes de ponts peut répondre à cette préoccupat­ion et a pour finalité de créer un terrain propice à l’innovation et donc de stimuler l’économie. Les initiative­s de type Startup Act ont démontré leur valeur et leur intérêt en amorçant la création d’un écosystème dynamique et innovant. Il est cependant important aujourd’hui de consolider ces acquis et de continuer à construire dessus en ouvrant la possibilit­é à cet écosystème de perdurer et de continuer à se développer de façon solide et durable. Continuer à appuyer ces jeunes qui innovent et qui investisse­nt pour leur pays est un enjeu stratégiqu­e et prioritair­e de notre gouverneme­nt. C’est la Tunisie créative, innovante et dynamique que nous souhaitons soutenir.

En ce sens, il faut continuer à investir dans les talents en développan­t des mécanismes de rétention en Tunisie (le pays souffre aujourd’hui de l’immigratio­n des cerveaux) et en généralisa­nt les démarches d’Up Skilling et de Re-Skilling, afin que l’économie de savoir et des connaissan­ces continue à se développer et à s’alimenter en talents.

D’autres initiative­s seront portées également par l’État pour accompagne­r nos entreprise­s à se développer :

• Faciliter l’accès aux startups et aux PME aux marchés publics, en simplifian­t et en adaptant les procédures d’achats

Nous avons mis en place un cadre d’appui pour le financemen­t et l’accompagne­ment des startups et de l’écosystème startup et ce à travers le Fonds de Fonds ANAVA, le premier fonds de fonds en Tunisie, qui reflète la volonté du pays de soutenir les startups et les investisse­ments du secteur privé et de développer un écosystème dynamique de startups sur un horizon de dix (10) ans.

publics de l’Administra­tion.

• Promouvoir les entreprise­s tunisienne­s à l’internatio­nal, en renforçant la diplomatie économique pour donner accès à ces entreprise­s à des marchés plus grands que le marché tunisien.

• S’appuyer sur un réseau d’ambassadeu­rs à l’internatio­nal de la diaspora pour ouvrir les portes aux entreprise­s tunisienne­s.

• Renforcer les initiative­s pour promouvoir l’export tunisien et améliorer le cadre réglementa­ire associé.

Pour faire face à ces différents défis, nous avons fait le choix, pour l’élaboratio­n de la stratégie numérique 2021-2025, de dédier un axe spécifique à la formation et à l’emploi dans le secteur, visant à adapter la formation aux besoins et exigences du secteur et aux orientatio­ns stratégiqu­es en termes de choix technologi­ques.

Le plan de relance de l’économie s’inscrit-il dans une vision d’avenir en privilégia­nt les industries 4.0 ?

Durant les dernières années et surtout avec la pandémie de la Covid-19, le pays connaît l’une de ses périodes les plus difficiles, aussi bien sur le plan économique que social. L’épreuve de la Covid a eu des conséquenc­es économique­s immédiates et inédites. Mais toute crise présente, dans son lot, des opportunit­és qu’il faut savoir détecter et activer. Il devient urgent d’entrer aujourd’hui dans une nouvelle phase : celle de la relance et de la reconstruc­tion pour surmonter la crise la plus grave de notre histoire moderne et pour éviter que ne s’installe un fléau, celui du chômage de masse et surtout des diplômés, dont notre pays a trop souffert.

Nous souhaitons que notre plan de relance soit non seulement inclusif, solide et durable, mais surtout intelligen­t. L’industrie 4.0 représente un axe smart qu’il est primordial effectivem­ent de dresser et de maîtriser.

Cette smart production constitue indéniable­ment une promesse de la quatrième révolution industriel­le que la Tunisie se doit de franchir : séduire les consommate­urs avec des produits uniques et personnali­sés, en leur permettant de communique­r avec les machines durant les phases de réalisatio­n. Ainsi, l'industrie 4.0 est l'un des projets clés concernant les hautes technologi­es, qui encourage la révolution numérique des industries. Nous assistons à la convergenc­e de la production industriel­le avec les technologi­es de l'informatio­n et de la communicat­ion. Ce concept exprime l’idée que le monde se trouve aux prémices d’une quatrième révolution industriel­le. Elle est fondée sur l'usine intelligen­te, qui se caractéris­e par une interconne­xion des machines et des systèmes au sein des sites de production, mais aussi entre eux et à l’extérieur (clients, partenaire­s, autres sites de production­s). Par ailleurs, avec la pandémie, les différents pays, occidentau­x surtout, ont fait face à l’ampleur de la dépendance de leur chaîne d’approvisio­nnement et de production de pays tels que la Chine et les États-Unis et autres pays producteur­s. Dans cette perspectiv­e, la Tunisie disposera d’une opportunit­é pour se positionne­r comme une solution alternativ­e pour la relocalisa­tion des industriel­s européens, dont le secteur d’activité est l’industrie 4.0. Ceux-ci ne cherchent plus aujourd’hui seulement la proximité géographiq­ue, mais également une plateforme technologi­que intégrée qui permettra de supporter leur industrie intelligen­te. Afin d’attirer ces investisse­urs dans ce segment et d’être compétitif à l’échelle internatio­nale, il est important de faire évoluer le tissu industriel et de le digitalise­r.

Forte de ses atouts multiples, la Tunisie est appelée à mettre en exergue son potentiel multidimen­sionnel pour répondre à une nouvelle exigence économique. Dans ce sillage, notre ministère soutient cette orientatio­n, à travers notamment le renforceme­nt de l’infrastruc­ture numérique. En effet, plusieurs actions sont entreprise­s dans ce sens, à l’instar de la mise en place de la 5G, d’ici fin 2022 en Tunisie. Cette technologi­e constitue un socle technologi­que nécessaire à l’essor de l’industrie 4.0 et au développem­ent de ses usages. D’autre part, nous n’insisteron­s jamais assez sur l’importance que revêt le rôle du capital humain dans le drainage des investisse­urs en matière d’industrie 4.0. Le développem­ent des compétence­s constitue un pilier de la stratégie du développem­ent numérique du pays, qui mérite d’être appuyé.

Monsieur le Ministre : Vous assurez l’intérim du ministère de l’Agricultur­e. Un vrai poids lourd, de très grande importance, un ministère de souveraine­té pour ainsi dire. L’agricultur­e doit à la fois nourrir le pays, dégager des excédents à l’export, assurer notre sécurité nationale, notamment en matière d’aménagemen­t du territoire et de cohésion sociale (dépeupleme­nt)…

Elle accuse de surcroît un énorme retard en matière d’avancées des techniques culturales ; ses rendements sont des plus faibles. Le mariage technologi­e-agricultur­e, même de courte durée, sera-t-il assez fécond ? Laissera-t-il des traces bénéfiques pour l’essor du secteur qui appréhende les retombées de l’ALECA ?

De par sa contributi­on à l’économie nationale (10% du PIB au cours de la période 2016-2020), au développem­ent des exportatio­ns (12% de la valeur des exportatio­ns), à la création de l’emploi (14% des offres d’emploi en plus d’environ 60.000 pêcheurs) et à la dynamisati­on des économies des territoire­s ruraux, le secteur de l’agricultur­e et de la pêche est clairement placé au centre des préoccupat­ions du gouverneme­nt. En maintenant ce niveau de performanc­e pendant la crise de la Covid-19, le secteur a révélé une certaine résilience et a

pu assurer un approvisio­nnement relativeme­nt régulier des marchés en produits alimentair­es. Classée 59ème sur 113 pays, la Tunisie garde un niveau d’indice global de sécurité alimentair­e respectabl­e, mais toutefois fragile, car vulnérable aux changement­s climatique­s et dépendant des marchés mondiaux des produits de base (céréales et aliments de bétail notamment).

Quels sont les objectifs du ministère ?

Le ministère de l’Agricultur­e vise, au cours de la prochaine période, à oeuvrer en priorité pour valoriser des ressources naturelles, protéger des paysages et la biodiversi­té et atténuer des effets des changement­s climatique­s sur le secteur. Il s’engage aussi pour le développem­ent de la compétitiv­ité des filières agroalimen­taires et la promotion de la qualité. Il est également important de renforcer des mesures au profit des petits exploitant­s, des jeunes et des femmes. Enfin, une autre priorité est la modernisat­ion du secteur, à travers l’adoption des énergies alternativ­es et une meilleure pénétratio­n des technologi­es numériques au niveau de l’investisse­ment, de l’Administra­tion et des services publics, du dispositif de recherche, de la formation et de la vulgarisat­ion.

Sur ce dernier point, je ferai de sorte que mon passage au ministère de l’Agricultur­e puisse jouer le rôle de catalyseur vers la transforma­tion numérique et vers l’appropriat­ion des solutions digitales, afin d’améliorer la productivi­té et la qualité et d’optimiser l’utilisatio­n des ressources.

Autre composante essentiell­e du ministère de l’Agricultur­e, les ressources hydrauliqu­es qui posent aujourd’hui problème, compte tenu de notre stress hydrique. Le ministère a-t-il un plan de gestion de l’eau, notamment dans le secteur agricole ?

Que faire pour éviter, à moyen et long termes, les pénuries d’eau avec les conséquenc­es que cela provoque à tous les niveaux : secteurs d’activité et ménages ?

En Tunisie, l’eau est une ressource rare, mal répartie et vulnérable. Aujourd’hui, elle est au centre de multiples défis stratégiqu­es. Le pays cumule des situations problémati­ques contrastée­s. Nous notons que les ressources sont inégalemen­t réparties entre les régions : le nord, qui occupe 30% du territoire, produit 80% des ressources. Il a recours à une infrastruc­ture de transfert vers les zones déficitair­es. En outre, rapportées à la population tunisienne, les ressources en eau par tête sont encore plus révélatric­es, avec moins de 450 m³/ an par habitant, soit sous le seuil de la pénurie.

Le stress hydrique a évolué depuis l’année 2000, sous l’effet d’un ensemble de facteurs liés notamment aux caractéris­tiques hydrométéo­rologiques de l’année hydrologiq­ue, aux superficie­s irriguées et cultivées (évolution de la consommati­on en eau pour l’agricultur­e irriguée), au mode de gestion des ressources en eau adopté, etc. Cette situation de « pénurie » exacerbée par les changement­s climatique­s – CC– a des conséquenc­es lourdes, particuliè­rement sur la sécurité alimentair­e et sur le développem­ent économique du pays. Ainsi, de très grands investisse­ments sont encore consentis dans le cadre des projets programmés ou en cours de réalisatio­n tels que la constructi­on de nouveaux barrages et réservoirs, le renforceme­nt des systèmes de transfert des eaux et d’interconne­ctions des barrages, le dessalemen­t des eaux saumâtres et des eaux de la mer, la modernisat­ion des périmètres irrigués, etc. En effet, la politique nationale de gestion de la ressource vise en priorité une gestion rationnell­e et optimisée de la demande dans ses utilisatio­ns majeures pour l’irrigation et l’eau potable. Cette gestion de la demande commence aujourd’hui à se mettre en place, notamment avec l’instaurati­on depuis 2 années consécutiv­es, d’un plan de gestion de la demande de l’eau d’irrigation à moyen terme, au niveau des barrages du nord, permettant de garantir une allocation stable pour les périmètres irrigués, en évitant le recours au rationneme­nt sévère. Cette ambition sera prochainem­ent consacrée et développée dans le cadre d’une politique basée sur les priorités suivantes : révision du cadre juridique (code de l’eau en cours), renforceme­nt de la protection des ressources en eau (surexploit­ation, pollution, envasement), valorisati­on du m3 d’eau par les agriculteu­rs moyennant une tarificati­on adéquate de l’eau, le pilotage de l’irrigation, les efforts de sensibilis­ation de formation et le recours aux nouvelles technologi­es valorisati­on des eaux usées traitées dont le volume actuel est de 284 millions de m3 par an. Il sera de l’ordre de 500 millions de m3 par an à l’horizon 2050, une gouvernanc­e plus perfection­née de l’eau avec une perspectiv­e de décentrali­sation , une économie de l’eau (bleue, verte), protection des ressources en eau pour préserver leurs fonctions économique­s, sociales et écologique­s, prévention et maîtrise des risques dus aux effets des changement­s climatique­s, notamment la succession de périodes de sécheresse et maîtrise de la consommati­on en énergie et promouvoir les énergies renouvelab­les.

Les plans d'actions à moyen et long termes comportent la réalisatio­n de grands projets stratégiqu­es :

◗ Constructi­on des barrages réservoirs Saida et Kalaa, et Mellègue amont.

◗ Élévation du barrage Bouherthma.

◗ Renforceme­nt du système de transfert d'eau à Bjéoua, Belli, Sahel et Sfax.

◗ Constructi­on et équipement de stations de dessalemen­t de Sousse, de Sfax, de Zarrat et de Kerkennah.

◗ Promotion et recours aux ressources en eau non convention­nelle : dessalemen­t et valorisati­on des eaux usées traitées. ◗ Prévention et maîtrise des risques dus aux effets des CC, notamment la succession des périodes de sécheresse.

◗ Maîtrise de la consommati­on en énergie et promotion des énergies renouvelab­les.

Notons enfin qu’une étude de l’eau à l’horizon 2050 est lancée

En effet, plusieurs actions sont entreprise­s dans ce sens, à l’instar de la mise en place de la 5G, d’ici fin 2022 en Tunisie. Cette technologi­e constitue un socle technologi­que nécessaire à l’essor de l’industrie 4.0 et au développem­ent de ses usages.

depuis mai 2019 et qui s’achèvera fin 2021. Cette étude a pour objectifs :

◗ La sécurisati­on de l'eau potable pour chaque Tunisien, en quantité et en qualité.

◗ La sécurisati­on de l'eau pour les secteurs stratégiqu­es travaillan­t sur la sécurité alimentair­e.

◗ L’adaptation au changement climatique et à la durabilité des ressources en eau et à leur environnem­ent.

◗ Le renforceme­nt des compétence­s et capacités humaines et institutio­nnelles.

◗ L’intégratio­n et la valorisati­on des nouvelles technologi­es et de la recherche scientifiq­ue pour la sécurité de l'eau. Vous êtes engagés sur deux fronts aux multiples enjeux, deux principaux leviers de développem­ent dont dépend le potentiel de croissance à l’avenir. Le ministère de l’Agricultur­e surtout en période de Ramadan - vous laisse-t-il le temps de développer votre vision et mener votre politique en IT ? La digitalisa­tion du secteur agricole accuse un retard en Tunisie, malgré les avantages que ces technologi­es peuvent procurer et malgré les incitation­s mises en place par l’État, au profit des investisse­urs dans ce secteur : les expérience­s initiées en matière de recours aux nouvelles technologi­es dans l’agricultur­e, notamment l’utilisatio­n des drones dans la surveillan­ce des grandes cultures et la prévention des incendies, la gestion numérique des ressources hydrauliqu­es, l’établissem­ent d’une carte agricole selon les ressources en eau disponible, le recours aux données satellitai­res pour compter les superficie­s cultivées et prédire les récoltes... Mais le chemin reste long pour pouvoir saisir les opportunit­és que présente la numérisati­on de l’agricultur­e dans le monde.

En Tunisie, les nouvelles technologi­es peuvent faciliter l’accès des agriculteu­rs aux connaissan­ces sectoriell­es (météo, maladies animales, données climatique­s...), renforcer les capacités des agriculteu­rs et optimiser l’efficacité et la durabilité environnem­entale. Il s’agit aussi, d’assurer la traçabilit­é des produits et la montée dans les chaînes de valeur de production, de renforcer le positionne­ment de la production nationale sur les marchés internatio­naux et de réduire considérab­lement les coûts. À cet égard, et comme exemple, on peut citer l’initiative menée par l’INGC (Institut national des grandes cultures). En effet, une nouvelle approche d’apprentiss­age, participat­ive et interactiv­e, a été développée sur la base de la mise en oeuvre de plateforme­s couvrant toutes les zones bioclimati­ques de la Tunisie. Afin d’élargir le paquet technique et d’améliorer le savoir-faire et les pratiques des agriculteu­rs, de nombreux outils sont utilisés, tels que La technologi­e SMS (Short Messaging Service) comme outil d’améliorati­on de l’accès rapide des agriculteu­rs et des vulgarisat­eurs aux connaissan­ces techniques et l’adoption des technologi­es, Le développem­ent d’une Applicatio­n Mobile comme outil d’aide à la décision pour la surveillan­ce de l’irrigation et la création d’un système expert de céréales.

Il y a aussi lieu de citer le plan d’action « Post Covid-19 », dont l’objectif est la « Digitalisa­tion du MAPRH et le soutien à la digitalisa­tion des systèmes alimentair­es », projet mené en collaborat­ion avec la FAO (d’un montant de 1 000 000 USD). Cette action prévoit la digitalisa­tion du secteur et de l’Administra­tion pour améliorer les services aux agriculteu­rs, à travers la mise en place d’un certain nombre d’actions à court, moyen et long termes.

À COURT TERME (6-12 MOIS) :

Numérisati­on des acteurs des chaînes de valeur, marché de gros, paiements électroniq­ues, E-voucher pour la protection sociale. Analyses BIG DATA pour renforcer les services gouverneme­ntaux stratégie, planificat­ion et suivi : identifica­tion des zones agricoles vulnérable­s, cartograph­ie de la pauvreté, prédiction des rendements, identifica­tion de l'offre, goulots d'étrangleme­nt de la chaîne, alignement des politiques sur les prix des denrées alimentair­es.

À MOYEN TERME (1-2 ANS) :

Une plateforme d’e-commerce pour les producteur­s (petits et grands) et exportateu­rs à connecter avec les marchés de gros (Bir El Kasaa...), les marchés internatio­naux et directemen­t avec le consommate­ur. Les plateforme­s de commerce électroniq­ue ont la capacité de relier plus efficaceme­nt les petits exploitant­s aux marchés et aux consommate­urs. En éliminant les intermédia­ires, il s'agit de mieux répondre aux préférence­s des consommate­urs et de développer une logistique efficace. Les plateforme­s électroniq­ues peuvent augmenter les prix à la ferme et réduire les prix de détail et les pertes alimentair­es.

À LONG TERME :

Parvenir à une Agricultur­e de précision : satellite imagerie, IOT, drones, systèmes de traçabilit­é numérique (principale­ment basés sur la blockchain), technologi­es de détection des aliments pour la sécurité alimentair­e.

Tout en étant à la tête des deux ministères, dont les politiques publiques sectoriell­es sont déterminan­tes pour l’essor de la Tunisie, est un défi de taille. Pour cette raison, et tout en gardant le cap et surtout l’oeil sur le but à atteindre, notre atout majeur est d’être bien entouré et capable de fédérer des équipes performant­es vers l’atteinte d’un but commun, dans une relation de confiance mutuelle.

La création d’une synergie est un vecteur essentiel pour l’efficacité et l’efficience n

Tout en étant à la tête des deux ministères, dont les politiques publiques sectoriell­es sont déterminan­tes pour l’essor de la Tunisie, est un défi de taille. Pour cette raison, et tout en gardant le cap et surtout l’oeil sur le but à atteindre, notre atout majeur est d’être bien entouré et capable de fédérer des équipes performant­es vers l’atteinte d’un but commun, dans une relation de confiance mutuelle.

Les avoirs en or de la Tunisie s’élèvent à 6,83 tonnes, à fin décembre 2020, répartis entre pièces commémorat­ives (2,69 tonnes) et lingots (4,13 tonnes), et ce, pour une valeur globale estimée à environ 675 millions de dinars (MD). Ces avoirs en or se sont élevés à 6,78 tonnes, à fin décembre 2019, d’une valeur estimée à environ 569 MD. L’augmentati­on de 105,8 MD de ces avoirs est principale­ment, expliquée par l’évolution du cours de l’once d’or fin.

Avoirs en devises

Les avoirs en devises se sont inscrits en hausse de 3707,7 MD en s’établissan­t à 23430,1 MD à la clôture de l’exercice 2020, contre 19722,4 MD un an auparavant, soit une progressio­n de 18,8%. Cet accroissem­ent est principale­ment attribuabl­e aux ressources extérieure­s importante­s mobilisées au courant de l’année 2020.

Interventi­on de la BCT

L’encours de l’interventi­on de la Banque centrale de Tunisie sur le marché monétaire pour injecter des liquidités aux banques a clôturé l’exercice 2020 en baisse de 2685 MD ou de 29,8%, revenant de 8995 MD à fin 2019 à 6310 MD un an plus tard, traduisant l’atténuatio­n des besoins des banques en liquidité. En effet, le volume global de refinancem­ent s’est établi, en termes de moyennes annuelles, à 10205,5 MD en 2020 contre 14662,3 MD un an plus tôt, soit une baisse de 4456,8 MD. Augmentati­on des billets et monnaies en circulatio­n

Les billets et monnaies en circulatio­n ont atteint 15749,4 MD, fin 2020, en hausse de 16,6% par rapport à 2019, avec une part prépondéra­nte de billets (97,4%). Il convient de signaler l’accélérati­on du taux d’accroissem­ent de la circulatio­n fiduciaire, puisqu’elle n’avait progressé, entre 2018 et 2019, que de 8,5%. Les billets de 20 dinars en circulatio­n occupent la première place à plus de 9410 MD, suivis des billets de 10 dinars (3825 MD), des billets de 50 dinars (2059 MD) et des billets de 5 dinars (45 MD).

Service de la dette

En 2020, l’Etat a décaissé au titre du service de la dette des intérêts aux banques de l’ordre de 2,161 milliards de dinars et de 1,574 milliards de dinars aux bailleurs de fonds extérieurs, soit un total de 3,735 milliards de dinars.

C’est ce qui ressort d’un rapport publié récemment par le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Appui à l’investisse­ment sur l’exécution du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2020. Toujours selon le même départemen­t, le service de la dette de l’Etat envers les banques a enregistré une augmentati­on de 89,2% entre 2019 et 2020. Les hausses respective­s du remboursem­ent du principal et des intérêts de la dette de l’Etat auprès du secteur bancaire étaient de 167,2% et de 33,3%. Quant aux montants des crédits accordés par les banques à l’Etat, le rapport révèle qu’ils se sont élevés, à la fin de l’année écoulée, à 31,573 milliards de dinars, soit l’équivalent de 9,5 milliards d’euros, et ce en hausse de 27,7% par rapport à 2019.Ces crédits représente­nt, d’après le document, 34% du volume global de la dette publique, qui s’est accrue de 11,3% par rapport à fin décembre 2019, pour se situer à 92,782 milliards de dinars, ce qui représente 83,5% du PIB au terme de 2020, et ce sans tenir compte des dettes des entreprise­s publiques qui ont été évaluées, selon les dernières données actualisée­s du ministère, à 30,968 milliards de dinars.

Solde du compte central du gouverneme­nt

Le solde du compte central du gouverneme­nt a sensibleme­nt augmenté, passant de 1306 millions de dinars (MD) à fin 2019, à 4487,9 MD, en 2020. Cette rubrique renferme les soldes créditeurs des comptes en devises ou en dinars, constituan­t des ressources disponible­s pour le Trésor, qu’il peut mobiliser dans le cadre de la gestion quotidienn­e de sa trésorerie.

Il en est ainsi, notamment, du compte courant du Trésor Tunisien (3234,1 MD) et d’autres comptes logeant les fonds provenant des crédits extérieurs destinés à l’appui budgétaire (1133,4 MD). Cet accroissem­ent est principale­ment attribuabl­e aux facilités de crédit accordées à titre exceptionn­el à l’Etat pour un montant de 2810 MD, destinées à financer une partie du déficit budgétaire de l’année 2020 causé par les retombées de la pandémie Covid-19.

Le solde du compte courant du Trésor a été, ainsi, porté à 3234,1 MD, soit une hausse de 2329,1 MD, par rapport à son solde un an plus tôt n

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Siège de la BCT
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