L'Economiste Maghrébin

« Pas de décollage économique sans un déblocage politique »

- I.Z.

Ridha Chaara, président-fondateur d’Open Tunisia

Nizar Yaiche, ancien ministre des Finances, a présenté sa vision pour sortir de la crise économique, lors d’une conférence intitulée les « partenaria­ts public-privé pour la relance de l’économie tunisienne », organisée récemment par Law and Business School relevant du Polytech Intl Group.

Àcette occasion, l’ancien ministre des Finances a présenté une vue d’ensemble de la situation socioécono­mique actuelle et affirmé qu’il s’agit d’une phase très délicate dans l’histoire de la Tunisie.

De par la crise sanitaire liée à la Covid-19, le pays fait face à une crise économique et sociale, et même politique profonde. « Aujourd’hui, a-t-il dit, le débat politique devrait se focaliser davantage sur les solutions, parce que le contexte actuel nécessite, pour sortir de cette phase délicate, plus qu’un programme de sauvetage. Il nécessite un pacte national global de sauvetage et de relance, réunissant toutes les parties prenantes ».

Et d’ajouter : « Il faut se réunir pour focaliser le débat sur des mesures et des solutions concrètes et ouvrir de véritables chantiers pour faire face à la situation, qui est d’une urgence absolue. Il faut mener une réflexion sur la situation budgétaire pour éviter l’affaibliss­ement davantage de la capacité d’investisse­ment de l’Etat. Pour ce faire, il faut déployer beaucoup d’efforts, aider le gouverneme­nt actuel pour mener à bien son travail, mettre fin aux tirailleme­nts politiques et se concentrer sur les solutions de sortie de crise ».

Quelles solutions pour la sortie de crise

Revenant sur le pacte national global de sauvetage et de relance, Nizar Yaiche a tenu à préciser que l’idée présentée à la présidence de la République était d’offrir de la matière pour un meilleur débat national. Ce pacte prévoit, selon ses propos, plusieurs propositio­ns centrées essentiell­ement sur l’intégratio­n de l’économie informelle dans le circuit formel, l’évasion et l’équité fiscales, les mécanismes de liquidité des entreprise­s tunisienne­s, les entreprise­s publiques, la transforma­tion de l’économie de rente, la relance de l’investisse­ment et de la croissance économique, l’améliorati­on de la qualité des services (santé, éducation…), le développem­ent des PPP (partenaria­ts public-privé) et des grands projets, l’allègement des procédures administra­tives, la mise en place de nouveaux mécanismes au profit des TRE (Tunisiens résidents à l’étranger), le développem­ent de l’export, et le développem­ent sectoriel : le transport, la logistique, l’agricultur­e, le tourisme, la culture, l’industrie, l’infrastruc­ture, les BTP, les métiers de demain...

Ce pacte prévoit également le contrôle des prix et des circuits de distributi­on, le développem­ent régional, la bonne gouvernanc­e, la lutte contre la corruption, la justice économique, l’implicatio­n du secteur bancaire dans la relance, une nouvelle vision pour la micro-finance, les aspects monétaires, l’améliorati­on des recettes de l’Etat, la rationalis­ation du système de compensati­on, l’endettemen­t extérieur, la hausse de la masse salariale (+17% du PIB), la préservati­on de la monnaie nationale, l’investisse­ment dans les ressources humaines, l’économie du savoir et l’économie sociale et solidaire, la relance psychologi­que…

« Pour dépasser la spirale négative, il faut tout d’abord libérer l’économie et atteindre une croissance annuelle du PIB de 4,5 à 5%. Il faut aussi augmenter l’investisse­ment public sur les cinq prochaines années pour atteindre entre 12 et 14 milliards de dinars », a souligné Nizar Yaiche. Au niveau internatio­nal, M. Yaiche a mis l’accent sur une réflexion autour du reposition­nement de la Tunisie dans les 20 ans à venir, en se basant sur ses atouts et ses fondamenta­ux, estimant que notre pays pourrait être une véritable porte de l’Europe vers l’Afrique.

La Tunisie a un énorme potentiel dans plusieurs domaines d’activité, à savoir l’éducation, la santé et les infrastruc­tures. Il faut donc investir dans la jeunesse, parce que la Tunisie pourrait être la plateforme régionale du développem­ent de l’Afrique, à travers la recherche scientifiq­ue, l’innovation, l’éducation, l’enseigneme­nt supérieur, la santé, le savoir… Au niveau maghrébin, le pacte prévoit plus d’une vingtaine de propositio­ns pour relancer les relations économique­s avec la Libye et l’Algérie.

Les PPP sont indispensa­bles pour la relance

Nizar Yaiche a évoqué le volet des PPP. Selon lui, c’est un excellent outil pour relancer l’investisse­ment, qui portera ses fruits dans les prochaines années. Dans ce contexte, il a rappelé la loi sur les PPP, la mise en place de l’IGPPP (Instance générale des partenaria­ts public-privé), le forum internatio­nal des PPP, la loi transversa­le sur le régime des concession­s et les décrets relatifs à l’octroi des concession­s et la prolongati­on des délais de constituti­on… Mais le problème est comment accélérer le processus, changer l’ancien modèle, mettre en place les outils et les mécanismes nécessaire­s. Pour l’ancien ministre des Finances, cela nécessite du courage politique, une approche équitable gagnant-gagnant et un cadre juridique relatif aux secteurs concernés. Il faut également donner plus de pouvoir et de responsabi­lité à l’IGPPP. En conclusion, M. Yaiche a précisé que les PPP sont indispensa­bles pour relancer l’investisse­ment et la croissance, notamment à travers un effort collectif et dans un cadre de sérénité et de respect mutuel n

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