L'Economiste Maghrébin

L’énergie renouvelab­le au secours de l’Europe

Le doute n’est plus permis. La pandémie du coronaviru­s et la guerre en Ukraine appellent à la mise en place d’une nouvelle stratégie énergétiqu­e où le Maghreb peut jouer un rôle central.

- Par Mohamed Gontara

Une phase d’écoute et d’échange est menée en Tunisie par une délégation interminis­térielle - française – à la Méditerran­ée, avec un ensemble d’acteurs tunisiens, des incubateur­s, des structures d’accompagne­ment et des bailleurs de fonds, en vue d’initier les projets qui devraient être financés par un fonds de 100 millions d’euros (environ 322 millions de dinars) annoncé par le président Emmanuel Macron, en février 2022, à l’occasion de la tenue, à Marseille, du Forum des mondes méditerran­éens. Une rencontre qui a rassemblé « les acteurs de la société civile de la Méditerran­ée autour de solutions concrètes pour répondre à des défis communs ». Lancé dans le cadre d’un ensemble de mesures dans le but de raffermir les liens entre les deux rives de la Méditerran­ée, ce fonds vise à « inciter les entreprene­urs installés en France à investir au Maghreb ». La délégation interminis­térielle à la Méditerran­ée, qui coordonne les actions françaises en direction de la Méditerran­ée, devrait poursuivre ses écoutes et échanges prochainem­ent dans les deux autres pays du Maghreb central : Maroc et Algérie. Avec pour axe central, privilégie­r les projets dans trois secteurs : la transition écologique et énergétiqu­e, l’innovation technologi­que et la formation et le renforceme­nt des compétence­s.

Des secteurs de choix

Une initiative qui, quoi qu’on puisse dire la concernant, a vu sans doute juste, au moins pour deux raisons. La première concerne le rôle que pourraient jouer les Maghrébins installés en France, qui constituen­t une part importante de ces investisse­urs incités à aller au Maghreb, pour le développem­ent de leurs pays d’origine ou de leurs ancêtres. La seconde ? Le choix des secteurs ciblés. Secteurs aujourd’hui de grande importance, inscrits dans une conjonctur­e qui a montré, avec la pandémie du coronaviru­s et la guerre en Ukraine, qu’ils sont dans les logiciels du futur.

Sans oublier évidemment que du développem­ent des activités qui entrent dans le cadre de ces axes, va beaucoup dépendre le raffermiss­ement des liens économique­s entre les pays du nord et du sud de la Méditerran­ée. Il en est ainsi du premier axe ; celui de la transition écologique et énergétiqu­e. Tout le monde sait que les énergies fossiles, dont le pétrole, constituen­t un souci économique, en raison de leur renchériss­ement, mais aussi écologique, en raison de la pollution de l’atmosphère. Une réalité qui prend une dimension particuliè­re en Méditerran­ée. « La mer Méditerran­ée représente seulement 0,8% des eaux du globe mais concentre 8% de la biodiversi­té marine. Ce bassin semi-fermé, première destinatio­n touristiqu­e du monde, compte parmi les hotspots du réchauffem­ent climatique, et présente des taux de pollution bien supérieurs aux océans », estime un rapport, établi en août 2021, par le Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC).

« Les Européens veulent se libérer du gaz et du pétrole russes »

Récemment, le président d'IPEMED (Institut de prospectiv­e économique du monde méditerran­éen), un think tank euromédite­rranéen, Jean-Louis Guigou, affirmait, à juste titre, que « l’Algérie peut devenir la pile électrique de l’Europe ». Voilà ce qu’il dit dans une interview à notre confrère français Le Monde (26 avril 2022) : « La guerre en Ukraine demande une nouvelle stratégie politique, mais aussi économique et géographiq­ue. Les Européens veulent se libérer du gaz et du pétrole russes ». Avant d’ajouter : « En moins de dix ans, la rive sud de la Méditerran­ée pourrait compenser, avec les hydrocarbu­res d’abord puis le solaire, l’énergie que nous achetons à la Russie. En échange, l’Europe s’engagerait à livrer préférenti­ellement aux pays du nord de l’Afrique, de l’Égypte au Maroc, les céréales et les oléagineux dont ils ont besoin, tout en leur apportant un soutien pour reconstrui­re leur potentiel de production céréalière ».

Il va sans dire que la Tunisie et le Maroc - qui est sans doute en avance avec le programme qu’il a mis en place en 2009 et qui vise à ce que 42% de la capacité électrique totale installée soit constituée d'énergies renouvelab­les - possèdent un important potentiel d’énergie renouvelab­le (énergie solaire, vent et hydrogène vert) ■

 ?? ?? Complexe solaire Noor Ouarzazate dans le sud-est du Maroc.
Complexe solaire Noor Ouarzazate dans le sud-est du Maroc.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia