La banque affiche ses nouvelles ambitions
La BTE nouvelle est arrivée dans ses somptueux nouveaux habits. Elle affiche une ambition à l’ égal de son nouveau siège, impressionnant de grandeur, d’ harmonie architecturale, de luminosité, de fluidité, tout en étant d’une grande sobriété. L’édifice, qui fait pâlir d’envie des banques à réputation planétaire, surprend par sa beauté, son esthétique et sa fonctionnalité. Tout est étudié jusqu’au moindre détail. Et rien n’est laissé au hasard. L’édifice respire la plénitude et une saine ambiance de travail. L’espace idéal pour sublimer le travail en équipe, motiver au plus haut niveau l’ensemble de la hiérarchie bancaire et ancrer le sentiment d’appartenance à la banque.
L’habit, dit-on, ne fait pas le moine. Pas si sûr. Les banques, de par leur statut et la manière dont elles sont perçues, ne doivent pas déroger à la règle. Il faut qu’au premier regard, il s’en dégage un sentiment de puissance, d’assurance et de sérénité. Le DG Jalel Azouz, un pur produit de la finance, ne dit rien d’autre quand il affirme que le nouveau siège les honore autant qu’il les engage. Si le nouveau siège inaugure une nouvelle étape, il n'élude pas pour autant le parcours escarpé de la BTE. De fait, la BTE revient de loin. Cette expression peut être utilisée à l’endroit d’une banque qui se bat pour avoir une place au soleil. Handicapée, comme le dit son directeur général, Jalel Azouz, notamment par son capital, comparé aux autres banques de la place, et par des difficultés historiques, la BTE ne baisse pas les bras.
Jalel Azouz nous éclaire sur cette exigence d’assainir une banque qui a à son crédit bien des performances. En témoignent la progression significative de son PNB et le travail accompli par son personnel.
Alors que des scénarios sont envisageables pour un véritable sursaut, il ne cesse de dire que la BTE se doit d’abord de compter sur elle-même. Et pour ce faire, le DG de la BTE, qui avance avec des convictions et une stratégie qu’il ne cesse de communiquer à tous les membres de la famille de la banque, sait que le succès n’est certainement pas bien loin.
Comment se porte la BTE à l’heure où elle s’installe dans son nouveau siège ?
D’aucuns connaissent maintenant la situation de la BTE. Mais, malgré cela, nous avons pu accomplir des réalisations. A l’heure du Covid-19 et de la crise économique que traverse le pays, la BTE a connu une évolution du Produit Net Bancaire (PNB) de l’ordre de 30%. Vous savez bien que nous sommes à une étape d’assainissement. Malgré cela, les choses bougent au niveau de notre part de marché et du développement de l’activité.
La banque détient un capital qui n’a pas progressé et il n’y a pas eu de renflouement de sa trésorerie. Ce qui est un handicap. La seule augmentation a été faite par incorporation de réserves et par introduction des actionnaires à dividende prioritaire. Ce qui est loin d’être le cas des banques de la place qui ont bénéficié d’une, de deux ou de trois augmentations de capital. Vous savez aussi qu’un capital de 90 millions de dinars, ce n’est plus d’actualité, quelles que soient les conditions. Cet historique est pour beaucoup dans les difficultés de la BTE.
Ne pensez-vous pas qu’il s’agit somme toute d’une performance, notamment avec un réseau si réduit de trente agences ?
Je suis totalement de votre avis. D’ailleurs, le message que je transmets souvent, c’est qu’une banque qui a 150 ou 200 agences peut se permettre d’avoir cinq ou même dix agences défaillantes, ce n’est pas aussi catastrophique que cela. Ce qui n’est pas notre cas. Lorsqu’une seule agence ne tourne pas bien, c’est au fait une sur trente et c’est difficile à gérer.
Je veux dire aussi que pour avoir une place conséquente, les grandes banques de la place sont en capacité de traiter avec de grands groupes et de grandes entreprises. Est-ce bon pour nous ? Pas si sur, car certains de ces groupes sont saturés en crédits auprès de leur pool bancaire. De ce fait, vous constituez pour eux un bol d’oxygène. Mais le mouvement que vous réalisez avec eux n’est pas aussi important que cela et les tarifs non plus, car vous devez vous aligner sur les concurrents. Et lorsqu’advient une crise, vous êtes le premier à payer les pots cassés, dans la mesure où vous ne constituez pas une priorité. Cela s’est déjà vu, comme vous le savez !
Cela constitue une frustration chez les cadres qui ont accompli des efforts à ce niveau ?
Certes, oui, mais il fallait le faire. Sinon, on aurait coulé. A ce niveau, des événements sont venus encore compliquer notre situation, avec près de 40 milliards de provisions. Ce qui est positif dans tout cela, c’est que les provisions dont je parle, et pour l’année précédente aussi, se sont faites à hauteur de
100%. Sauf que les états financiers vont générer du négatif.
Quelles seraient, selon vous, et compte tenu de cela, les solutions ?
Je pense qu’il y a moyen de rester dans cette dynamique qui conduirait à un assainissement, mais qui serait assez lent. Sinon, il y a des solutions structurelles. Par exemple, une augmentation de capital des actionnaires de référence, qui ne sont cependant pas prêts. Ou un renflouement de la trésorerie que nous avons demandé à notre partenaire étranger, mais sans résultat pour le moment. Enfin, une privatisation de la BTE, avec un partenaire stratégique. Il y a, à ce niveau, des prétendants pour acquérir la BTE. Il y en a trois et même quatre. Certains ont même bien avancé au niveau de leur offre.
Il y a donc des offres de privatisations ?
Oui, sans doute, d'autant que près de 61% des créances classées étaient couvertes. Le plus dur a donc été réalisé, moyennant un certain montant de provisionnement - j’évoquais cela en novembre 2021 - la BTE ferait un bon résultat pour l’année. Ce serait un bénéfice sur lequel la banque pourrait capitaliser par la suite : la situation serait beaucoup plus aisée si au lieu de consacrer les provisions sur une période d’un ou de deux ans, elles seraient étalées jusqu’à cinq ans ? Je pense que c’est convaincant.
D’autant plus que cela ne peut être assuré en un an ?
Et c’est bon aussi pour ceux qui font d’immenses efforts pour réussir à assainir la situation. C’est, du reste, le cas de nos employés qui sont engagés corps et âme dans cette opération. Mais, heureusement que la situation se débloque petit à petit. Ainsi, l’année prochaine, nous n’aurons pas de nouveaux dossiers épineux à traiter.
Je reviens à votre remarque concernant le nouveau siège pour dire que c’est un acquis. Pour tout le monde : pour le personnel, pour nos conditions de travail, pour notre image de marque, pour l’amélioration de notre activité. Mais j’aurais souhaité un déménagement dans de meilleures conditions.
Cependant, nous sommes en train d’oeuvrer pour dépasser la crise. J’ai expliqué à tout le personnel qu’il ne faut compter que sur nous-mêmes. En l’absence évidemment de quelque chose de bien concret.
De toute façon, plus on valorise ses actifs, plus les choses évoluent sans doute dans le bon sens ?
Tout à fait. La banque possède aujourd’hui des actifs qui peuvent l’aider dans ce sens : des participations, des oeuvres d’art, des biens immobiliers, D’un autre côté, nous sommes en train d’étendre notre réseau, de conserver nos acquis tout en les rentabilisant davantage et en nous assurant d’accommodements et d’aménagements dans l’intérêt de la banque en vue d’une plus grande souplesse dans la gestion de certains locaux et pour leur valorisation. C’est le cas, par exemple, de notre agence de la Place Pasteur.
Et cela participe de l’image de marque de la BTE qui est un capital en soi.
Effectivement. Cela a été le cas pour
notre siège qui devait refléter nos ambitions. Certains choix sont importants pour le positionnement de la banque et pour la place qu’elle doit occuper. Cela dit et pour revenir à la situation de la BTE, je veux vous dire que nous avons mis en place un comité de suivi des réalisations, couplé à un comité de trésorerie. Les deux comités se réunissent toutes les semaines. Vous n’ignorez pas que notre situation particulière fait que nous avons un problème, comme je vous l’ai expliqué, de ressources. Nous ne pouvons accéder à certaines ressources, du fait de leur cherté. Le service commercial fait des efforts et cela donne des résultats. Nous sommes en train de miser sur les petits montants qui peuvent nous aider, par un effet d’accumulation, à acquérir un grand montant. Cette année, nous avons atteint un PNB de 63 millions de dinars. Mais cela est encore insuffisant. Il faudra passer, pour avoir un résultat non négatif ou équilibré, à 90 millions de dinars.
Il s’agit, pour vous, d’un état d’esprit. Vous pratiquez une vigilance de tous les instants ?
C’est le cas de le dire. Il faut être en alerte constante. Il faut suivre la situation au jour le jour. Ce qui ne veut pas dire que l’on s’empêche d’écouter les avis de tout le monde. Mais attention, il nous faudra disposer d’un outil d’analyse pour ne pas déraper. Le fait de bien connaître son métier de banquier aide beaucoup pour ne pas se tromper et réussir à
emprunter la bonne voie : celle du salut.
Quelle est votre stratégie ? Où vont vos préférences, le retail ou le corporate ?
La BTE concentre son intérêt sur les PME et les particuliers. Cette dernière catégorie occupe une place importante (37%). Le deal est difficile dans la mesure où nous disposons d’un nombre restreint d’agences, mais nous avons, sur ce terrain, quelques réussites. Nous ne nous interdisons pas de travailler avec tout le monde. Et nous avons fait un choix : celui d'avancer au rythme de la nouvelle ambition de la banque. C'est notre nouveau challenge n
La BTE concentre son intérêt sur les PME et les particuliers. Cette dernière catégorie occupe une place importante (37%). Le deal est difficile dans la mesure où nous disposons d’un nombre restreint d’agences, mais nous avons, sur ce terrain, quelques réussites. Nous ne nous interdisons pas de travailler avec tout le monde. Et nous avons fait un choix: celui d'avancer au rythme de la nouvelle ambition de la banque. C'est notre nouveau challenge.