Verdir les importations de l’UE risque de noircir nos chiffres d’exportations
En mars 2021, la Commission européenne avait voté une proposition ouvrant la voie à une taxe carbone pour les importations de certains biens en provenance du reste du monde. Objectif : lutter contre le réchauffement climatique et financer une partie du plan de relance. En juillet de la même année, la Commission avait proposé d’établir un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour taxer, dès 2023, certaines importations au prix du marché carbone européen et en fonction des émissions liées à leur production. Mi-mars 2022, les États membres de l’Union ont précisé leur feuille de route sur le projet.
La taxe carbone est un des gros chantiers du pacte vert de l’UE vers l’objectif d’une neutralité climatique d’ici à 2050.
Le principe est d’imposer, à la manière d’un droit de douane, un prix du carbone sur certains produits importés fabriqués par des entreprises hors d’Europe. Cette taxe ne concernerait au départ que certains secteurs comme l’acier, l’aluminium, le ciment, les engrais et l’électricité, mais elle pourrait s’étendre à d’autres à l’issue de la période de transition. Les importateurs de ces produits devront s’enregistrer auprès des autorités nationales afin d’acheter des quotas carbone, en fonction par exemple du poids du produit importé. Si ces quotas sont dépassés, les entreprises importatrices devront payer un surcoût. Ce mécanisme est considéré comme un outil phare de la lutte contre le réchauffement climatique. L’UE espère que cette taxe empêchera les délocalisations des entreprises émettrices qui, face à la réglementation environnementale de plus en plus stricte, sont tentées d’aller là où les normes sont moins contraignantes. L’Europe veut ainsi éviter d’importer des biens dont la production favorise le réchauffement climatique, alors qu’ellemême contraint ses industries à des normes exigeantes. L’autre objectif est d’imposer les normes environnementales de l’Europe aux entreprises étrangères et d’inciter ainsi les autres pays à réduire leurs émissions. Enfin, la taxe carbone permettrait de faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Union et de financer d’autres projets.
Les négociations doivent normalement aboutir à une mise en oeuvre progressive du mécanisme à partir du 1er janvier 2023,
conformément au calendrier du plan de relance adopté par les dirigeants européens en juillet 2020.
Pendant la période de transition prévue par l’exécutif européen de 2023 à la fin de l’année 2025 - les importateurs devraient seulement déclarer les émissions carbone des produits importés. Ils ne commenceraient à payer celles-ci qu’à partir de 2026. A l’issue de la période de transition en 2026, l’exécutif européen, qui aurait plus de recul sur le fonctionnement du dispositif, pourrait alors l’étendre à d’autres secteurs économiques. Au Parlement européen, la commission Agriculture souhaite par exemple que les biens agricoles soient inclus au mécanisme. Selon les estimations de la Commission, ledit mécanisme rapporterait de 5 à 14 milliards d’euros par an, en fonction de son étendue et des produits importés concernés. En outre, il permettrait de doter l’Union d’une nouvelle ressource propre l’autorisant à financer, en partie, le plan de relance européen. Reste à préciser qu’un seuil minimal qui exempt des obligations de ce mécanisme les envois d'une valeur inférieure à 150 euros a été fixé. Une telle mesure réduirait la complexité administrative, d’autant plus que ces imports représentent le tiers des envois à destination de l’UE, et ne représentent qu’une part négligeable des émissions de gaz à effet de serre des importations européennes.
Enjeu économique
Si le premier objectif est d’ordre environnemental, il s’agit aussi pour l’UE de garantir les conditions d’une concurrence équitable entre les producteurs en surenchérissant le coût des produits fabriqués dans des pays dans lesquels la réglementation est moins contraignante en matière de protection de l’environnement. Les entreprises importatrices vont maintenant dans un processus qui est comprend les étapes suivantes :
- Le calcul de leurs empreintes carbone liées aux importations. Il existe plusieurs méthodologies et outils qu’il faudra sélectionner en fonction de l’activité considérée. La valeur par défaut déterminée sur la base des installations les moins performantes sera pénalisante dans de nombreux cas.
- L’évaluation de l’empreinte des fournisseurs et l’impact du mécanisme d’ajustement. Pour les producteurs en aval des chaînes de valeur, il est essentiel que les coûts du carbone soient intégrés dans les décisions d'achat. Chercher activement des intrants à moindre intensité carbone permettra de comprendre et de réduire les coûts liés à l’ajustement carbone.
- L’amélioration de l'efficacité des processus. Investir dans des processus industriels plus efficaces énergétiquement, ou remplacer des matériaux fortement carbonés par des matériaux à faible teneur en carbone, permettra de réduire l'empreinte carbone globale d'un produit, et donc l'impact de la taxe. Les choix d’investissements dépendront entre autres du coût du carbone dont la tendance est à la hausse. Le nouvel environnement réglementaire modifiera les dynamiques concurrentielles des chaînes de valeur : avoir une longueur d’avance pourrait se révéler être un sérieux avantage stratégique.
Craintes européennes
Malheureusement, la Tunisie n’est pas totalement prête pour un tel passage. Nous avons peu d’entreprises exportatrices qui respectent déjà ces normes ou capables de les adopter rapidement, et une majorité d’opérations qui nécessitent des investissements massifs pour l’atteindre. Pour rappel, jusqu’à fin avril 2022, nos exportations vers l’UE ont totalisé 12 870 MTND. L’enjeu est de taille. Toutefois, Tunis peut compter sur la réaction des industriels européens qui luttent contre ce plan. Ils s'inquiètent d'une disparition trop brutale des droits à polluer qui leur sont aujourd'hui distribués gracieusement.
En fait, ce mécanisme d'ajustement carbone est censé remplacer le précédent système de protection des industriels européens. Ce dernier accorde, notamment, des droits à polluer gratuits à de très nombreuses entreprises du secteur énergétique ou qui en consomment beaucoup. Pour ne pas déroger aux règles de l’Organisation mondiale du commerce qui proscrirait une double protection des industriels face au marché, les institutions européennes insistent pour que le mécanisme d'ajustement carbone remplace le système des quotas gratuits. Tant que ce dernier n'est pas aboli, la taxe carbone aux frontières ne pourra pas entrer pleinement en vigueur. Les industriels redoutent que le nouveau système les protège moins efficacement et que sa suppression puisse faire grimper leurs coûts de production. Ils craignent aussi d'être pénalisés dans leurs exportations. Si, en principe, ils sont sur un pied d'égalité avec leurs concurrents sur le marché européen, les surcoûts liés à la fin des quotas gratuits pourraient les pénaliser à l'étranger, sur des marchés qui ne seraient pas soumis aux mêmes normes environnementales. Il y a beaucoup de pressions dans tous les sens.
Il n’est pas exclu qu’une révision du calendrier soit adoptée, mais l’abolition du projet est impossible. Le recours actuel aux énergies fossiles pour compenser le manque d’énergie russe peut jouer en notre faveur. Cela nous accordera encore un peu de temps pour mieux nous préparer n
Le chef de la Maison-Blanche se rendra au Moyen-Orient du 13 au 16 juillet. Il commencera son voyage par Israël et les territoires occupés et le terminera par l’Arabie Saoudite.
La première partie de ce voyage est inutile et le président américain aurait pu en faire l’économie, car ce qu’il va dire et redire aux Israéliens a été dit et redit des centaines, voire des milliers de fois par ses prédécesseurs à la Maison-Blanche, et par lui-même en tant que sénateur et en tant que vice-président. A-t-il vraiment besoin de faire dix heures de vol pour leur dire encore une fois que Washington adore Tel-Aviv et s’entendre dire encore une fois que Tel-Aviv adore Washington ?
Mais Biden compte aussi faire un saut dans les territoires occupés pour rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas. Pour lui dire quoi ? Que les Etats-Unis soutiennent théoriquement l’idée d’un Etat palestinien, tout en mettant à la disposition d’Israël tout l’argent et l’armement nécessaires pour que cette idée ne soit jamais concrétisée. Cela aussi, on le sait. Cela fait plus de six décennies que la politique américaine vis-à-vis du conflit israélo-arabe est déterminée par la duplicité, l’hypocrisie et le mépris du droit international.
La première étape de ce voyage est donc inutile et le président américain aurait pu économiser efforts et énergie pour les défis sans précédent qui se posent à lui et à son pays. Défis qu’il a lui-même contribué à aggraver démesurément par sa gestion désastreuse du dossier ukrainien. Pas seulement depuis qu’il est président, mais quand il était aussi le second de Barack Obama. A moins que, dans la stratégie de Washington, cette partie inutile du voyage ne vise en fait qu’à inaugurer le premier vol direct Tel-Aviv-Ryad, un pas symbolique dans un hypothétique rapprochement israélo-saoudien fortement désiré par les Etats-Unis et Israël et sur lequel travaillent depuis longtemps les deux alliés stratégiques.
La seconde partie de ce voyage moyenoriental de Joseph Biden comporte une mission principale, fondamentale, vitale même. Il faut dire tout d’abord que le président américain est dans le pétrin. Les sanctions sans précédent imposées à la Russie dans la claire intention de détruire son économie ont eu un effet boomerang sur les économies d’Europe et des Etats-Unis. Quatre mois après leur imposition, l’impact de ces sanctions s’avéra plus douloureux et plus dévastateur pour leurs initiateurs que pour le pays ciblé.
Aux Etats-Unis, la grogne des citoyens croit au rythme de la flambée de prix du carburant (près de 5,5 dollars le gallon d’essence), des denrées alimentaires, des logements, et des soins médicaux. Une flambée alimentée par une inflation galopante que l’écrasante majorité des Américains n’a jamais connue. Les conséquences de la crise ukrainienne ont brutalement mis à nu le côté absurde du système économique américain qui, en temps de crise, assure des profits faramineux aux grandes compagnies pétrolières et au lobby militaroindustriel d’une part, et une dégradation du pouvoir d’achat de l’écrasante majorité des citoyens qui peinent à joindre les deux bouts, d’autre part. C’est ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis. A la faveur de la guerre d’Ukraine, des centaines de milliards de bénéfices nets sont engrangés par « Big Oil » et par les fabricants d’armes. D’un autre côté, des dizaines de millions d’Américains peinent à payer leurs factures, à faire le plein de leurs voitures ou à se faire soigner.
Le président américain est donc dans le pétrin. Son inquiétude grandit à mesure que les élections de mi-mandat prévues le 8 novembre prochain approchent. Que faire alors, sinon aller quémander auprès de l’Arabie Saoudite une très hypothétique augmentation de sa production pétrolière ?
Sauf que là, il y a comme un petit problème. Rappelons-nous les fanfaronnades anti-saoudiennes du candidat Biden lors de la campagne présidentielle de 2021. Il a accusé le prince héritier Mohammed Ben Salmane d’être un « assassin » et un « tueur ». Il a proféré des critiques virulentes contre l’Arabie saoudite et promis d’en faire « un Etatparia ».
Ces fanfaronnades du candidat Biden ont empoisonné les relations américano-saoudiennes à un point tel qu’une fois président, ses appels téléphoniques à Ryad restent sans réponse. Et quand le
chef du Pentagone, Lloyd Austin, sollicite un rendez-vous avec MBS, il se voit répondre que l’agenda du prince héritier est surchargé…
C’est dans cette atmosphère empoisonnée que le président américain s’apprête donc à débarquer à Ryad. Le commentateur américain d’origine iranienne, Trita Parsi, a écrit que le président américain ira en Arabie Saoudite « Hat in hand », littéralement le chapeau à la main. Cette expression anglaise est une forme imagée pour désigner quelqu’un qui demande en toute humilité et avec une extrême politesse un service. L’expression française « manger son chapeau » décrit peut-être mieux la situation embarrassante dans laquelle se trouvera le président américain à Ryad. Embarrassante ? Certains diront humiliante. Et de fait, Joseph Biden se retrouvera à Ryad dans la situation de celui qui se déjuge, se renie et ravale sa fierté pour demander un service à ceux qu’il traitait de tous les noms et menaçait de toutes les foudres, il y a seulement un an.
Qu’il tienne son chapeau à la main ou qu’il le mange carrément, « le petit paon de la Maison-Blanche » (Dixit David Stockman) a très peu de chances d’obtenir des Saoudiens ce qu’il veut. Ils ont déjà répondu par la négative aux demandes pressantes américaines d’augmenter leur production pétrolière. En plus de leurs engagements envers « OPEC Plus », les Saoudiens ont désormais de gros intérêts avec la Chine, la Russie et l’Inde, qu’ils ne comptent certainement pas sacrifier pour faire plaisir à un hôte encombrant.
La crise mondiale que vit l’humanité aujourd’hui a un seul et unique responsable : la classe politique américaine. Sans revenir trop en arrière, limitonsnous au dernier tiers de siècle, et plus précisément de l’effondrement de l’Union soviétique en 1990 jusqu’à ce jour. Les malheurs ont commencé avec Bill Clinton qui a entamé l’élargissement de l’Otan en direction de la Russie en 1992 et ils se poursuivent en 2022 par l’armement massif de l’Ukraine. Tout ce qu’ont fait par la suite George W. Bush, Barack Obama, Donald Trump et Joseph Biden, c’est alimenter la crise jusqu’à mettre l’humanité entière au bord de la famine et de l’apocalypse nucléaire.
Mais pour être juste, il n’y a pas que les gros apprentis-sorciers de la classe politique américaine qui nous rendent la vie infernale sur cette planète. Il y a aussi les petits apprentis-sorciers de la classe politique européenne, à l’exemple de ce pauvre Boris Johnson qui tient les rênes du pouvoir en Grande Bretagne. Sa dernière performance ? Tourner le dos aux problèmes inextricables dans lesquels patauge son parti et aux difficultés croissantes de millions de citoyens britanniques et partir pour l’Ukraine pour proposer ses services : « lancer un grand programme de formation des forces ukrainiennes, qui pourrait former jusqu'à 10.000 soldats tous les 120 jours ».
On soupçonne déjà la classe politique américano-britannique de vouloir faire la guerre à la Russie jusqu’au dernier ukrainien. Bo Jo nous le confirme n
C’est ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis. A la faveur de la guerre d’Ukraine, des centaines de milliards de bénéfices nets sont engrangés par « Big Oil » et par les fabricants d’armes. D’un autre côté, des dizaines de millions d’Américains peinent à payer leurs factures, à faire le plein de leurs voitures ou à se faire soigner.