L’éternelle colonisation de territoires marocains
Un véritable massacre : 23 migrants ont péri, le 24 juin 2022, aux portes de la colonie espagnole de Melilla. Un drame qui n’aurait logiquement pas eu lieu, si ce territoire n’était pas, comme celui de Sebta, colonisé par l’Espagne.
« La meilleure manière de réguler l’immigration est de sortir de l’asymétrie qui veut qu’un Européen, riche ou pauvre, ait plus de facilités à venir en Afrique qu’un Africain, riche ou pauvre, à aller en Europe. Face à l’Union européenne des 27, il faut que l’Afrique des 54 aborde la question d’un visa unique pour entrer sur le continent, à l’image du visa Shengen. L’assignation des Africains à résidence leur coûte non seulement des millions de dollars et des jours de travail perdus dans les files d’attente des consulats européens, mais surtout des milliards de dollars de manque à gagner pour les individus et les Etats. Telle qu’elle est conçue actuellement, la mondialisation n’est pas faite pour les Africains, quasiment privés de la liberté, fondamentale, de circuler, sauf si disposant d’une nationalité européenne ou américaine ».
Avertissement
Ce commentaire est le fait, le 26 juin 2022, de notre confrère Adama Wade du journal électronique Financialafrik. Il est consécutif au massacre qui s’est déroulé, le 24 juin 2022, aux portes de la colonie espagnole de Melilla, sur le sol marocain. Pas moins de 23 migrants venant de l’Afrique subsaharienne ont péri dans des heurts avec les forces de l’ordre espagnoles dans ce territoire, dernier lieu colonisé, avec Sebta, en terre africaine. Ils appartiennent, comme tout le monde le sait, à la région géographique du Rif oriental. L’Espagne, qui ne cesse de revendiquer le rocher de Gibraltar, une colonie britannique dans la péninsule ibérique, oublie - on ne cessera de le dire - qu’elle colonise deux territoires arabes et africains. Deux territoires - et on ne cessera pas de le dire aussi - qui ne finissent pas de nourrir drogue et contrebande.
Il va sans dire que le massacre du 24 juin aurait pu être évité, si les deux colonies étaient cédées, comme le veut la logique, au Maroc. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, pourtant socialiste, a fait du chantage et lancé un avertissement en affirmant, comme il l’a fait début juin, qu’il ne tolérerait pas l’usage de l’immigration clandestine, « comme arme de pression ». A qui s’adresse-t-il du reste ?
Un déséquilibre flagrant
Une réaction qui montre à quel point des responsables européens n’ont rien compris des évolutions qui se dessinent. La migration est un phénomène que ni Pedro Sanchez ni encore tout autre dirigeant européen ne pourront arrêter. Ces derniers ne peuvent ignorer les nombreuses conclusions d’études qui mettent en exergue le fait que la migration ira crescendo. Et beaucoup de facteurs militent en faveur de ce phénomène : la désertification, la pauvreté, le déséquilibre en matière de développement et d’échange. Sauf si, et seulement si, nos voisins du Nord changent de comportement.
A retenir, à ce propos, cette phrase du président algérien, Abdelmajid Tebboune, prononcé le jour même du drame de Melilla : « Il est certain aujourd'hui que le sous-développement économique dont souffrent plusieurs pays tire plutôt ses racines d'un déséquilibre flagrant des structures des relations économiques internationales et de l'hégémonie qu'exerce un groupe de pays » ■