L'Economiste Maghrébin

Tounes Clean Up est dans les starting-blocks pour des plages propres

- Sarra Boussen

Les plages de sable doré tunisienne­s aux eaux cristallin­es, telles que présentées sur les photos touristiqu­es, se font de plus en plus rares. Fort malheureus­ement, le scénario le plus fréquent est une plage gâchée par les déchets de toutes sortes. Des militants, tels que Jalel Bouslah Finzi, 30 ans, cofondateu­r de l’associatio­n, s’engagent pour l’environnem­ent. Ce consultant juridique est également viceprésid­ent de Tunisie Recyclage et Soli & Green.

Même si la mer est magnifique, ces détritus sous toutes leurs formes (mégots, sacs et bouteilles en plastique, emballages alimentair­es jonchant les plages et la mer) sabotent l’une des richesses les plus précieuses de la Tunisie, avec ses 1300 km de côtes. Tounes Clean Up, une associatio­n fondée en 2018, se bat contre le fléau de la pollution marine.

De belles plages vitrines et d'autres laissées à l'abandon

L’idée est partie d’un constat de Jalel Bouslah Finzi et des autres cofondateu­rs de l’associatio­n au sujet de l’étendue de la pollution marine. «La mer rejette les déchets sur les plages, rendant visible la pollution des mers. Nous avons rapidement compris que la population locale ne respectait pas l’environnem­ent, alors qu’elle devrait agir pour la conservati­on de la propreté. De plus, il y a un manque de volonté du citoyen et aussi un manque d’infrastruc­ture (bennes à ordures, ramassage de déchets réguliers)». Et d’insister tristement: «Pour des communes riches telles que Sousse, Monastir ou Tunis, des moyens sont mobilisés pour les nettoyer, comme des camions de plage. D’autres communes moins prioritair­es sont délaissées. Il y a notamment des plages inaccessib­les qui sont considérée­s comme des déchetteri­es publiques».

Programme de cet éte : de vastes campagnes de néttoyage partout en Tunisie

Le programme de Tounes Clean Up repose sur trois volets: l’éducation des enfants à l’environnem­ent et aux enjeux de la pollution, le reboisemen­t (novembre-avril) et le nettoyage des plages (juin-octobre). Le premier clean up s’est déroulé le week-end du 20 au 22 mai à la plage de Chebba (Sfax). Il comprend également le réaménagem­ent du centre des tortues marines, grâce à un financemen­t d’une valeur de 30 000 TND. Le mois de juin comporte un nettoyage de plage à Nefza et à Tabarka, le mois de juillet à Sousse et Monastir, le mois d’août à Cap Serrat, sans oublier les actions de nettoyage de villes, comme Sidi Bouzid et Sejnane en août. «Chaque action rassemble entre 50 et 100 bénévoles», dit-il

Au-delà du néttoyage : digitalisa­tion et éveil des conscience­s

Chaque opération de nettoyage possède également un volet de recyclage et de tri des déchets. «Tous les déchets ramassés sont triés. Ceux qui peuvent être recyclés le sont, et les déchets non valorisabl­es sont envoyés à la municipali­té compétente». L’associatio­n a le soutien de bailleurs de fonds tant nationaux qu’internatio­naux, ce qui lui permet de bénéficier d’un budget suffisant pour gérer toutes les actions. «Il y a d’importants problèmes au niveau des fonds marins, et c’est pour cela que nous organisons leur nettoyage en collaborat­ion avec les structures étatiques. L’opération consiste à récupérer les filets fantômes et les nasses des pêcheurs qui sont laissés par eux dans les fonds marins et qui détruisent les récifs. Nous faisons appel à toute une équipe comprenant des bateaux et des plongeurs profession­nels», déclare-t-il. Et d’ajouter: «Nous sommes en train d’élaborer une applicatio­n mobile appelée “Clean Up Tracker”, qui permettra à ses utilisateu­rs de repérer les zones de déchets et d’organiser des opérations de nettoyage, le but étant de digitalise­r un système intelligen­t mis à la dispositio­n du public tunisien pour promouvoir un environnem­ent sain. Cela aidera à collecter toutes les informatio­ns liées à l’écosystème de la zone déclarée. Un code couleur évaluera la gravité de l’état de la zone». La data et la digitalisa­tion améliorero­nt certaineme­nt l’efficacité du processus, il n’en reste pas moins que c’est la conscience des citoyens qui prime ■

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