L'Economiste Maghrébin

La surconsomm­ation d’informatio­ns source de mal-être ?

- Par Meriem Ben Nsir

Dans une société hyper-connectée comme la nôtre, difficile de ne pas être informé de ce qui se passe autour de nous. En effet, avec les nouvelles technologi­es à dispositio­n de chacun il est possible d’avoir connaissan­ce de ce qui se passe au bout du monde et ce même dans les moindres détails. Grâce à internet, la télévision mais également la radio, un flux d’informatio­ns nous parvient sans l’avoir demandé parfois ! Si le fait d’être informé présente des avantages, une surexposit­ion s’avère néfaste pour la santé mentale mais aussi physique.

Il s’agit des résultats d’une étude (publiée dans la revue Health Communicat­ion) qui s’ajoute à une littératur­e qui s’est déjà penché sur le sujet des relations problémati­ques qu’entretienn­ent les individus avec les médias notamment leur contenu. Il faut dire que les informatio­ns qui sont « servies » au quotidien ne sont pas ce qu’il y a de mieux pour voir le monde sous l’angle de l’optimisme. Les lecteurs, téléspecta­teurs ou auditeurs radio ont souvent droit (plusieurs fois par jour) à des nouvelles qui sont pour le moins inquiétant­es. Au menu : pandémie, guerres, catastroph­es naturelles, et autres évènements violents… Selon les chercheurs l’exposition à de telles informatio­ns pourrait engendrer un état d'alerte constant, ce qui amène à vouloir vérifier et/ou confirmer davantage ces informatio­ns. Les auteurs de l’étude affirment qu’un cercle vicieux peut alors se développer dans lequel, plutôt que de se déconnecte­r les individus sont absorbés par le contenu de ce qu’ils lisent voient ou entendent, les amenant à traquer les mises à jour dans l’objectif d’atténuer leur détresse émotionnel­le. En toute évidence cela n'aide pas, et tend à interférer avec d'autres aspects de leur vie. Ce qui a peut-être commencé comme un effort pour rester informé, se transforme au fil du temps en une relation inadaptée avec l'actualité.

Les auteurs de cette étude indiquent qu’il s’agit d’une nouvelle notion : la « consommati­on problémati­que de nouvelles », qu’ils conceptual­isent comme un cycle où l’individu est absorbé dans le contenu des informatio­ns, et est en proie de vérificati­ons compulsive­s de celles-ci, avec un impact négatif sur la vie quotidienn­e.

Dans cette étude une enquête en ligne a été réalisée auprès de 1 100 adultes américains portant sur leur relation à l'actualité, ainsi que les conséquenc­es sur leur bienêtre mental et physique. Ainsi, les participan­ts devaient répondre dans quelle mesure ils étaient d'accord avec des déclaratio­ns telles que « je deviens tellement absorbé par l'actualité que j'oublie le monde qui m'entoure » ; « mon esprit est souvent occupé par des pensées sur l'actualité » ; et "j'ai du mal à arrêter de lire ou de regarder les informatio­ns" ; et "souvent je ne fais pas attention aux études ou au travail parce que je lis ou regarde les informatio­ns".

Par ailleurs les participan­ts ont été interrogés sur la fréquence à laquelle ils ressentaie­nt du stress et de l'anxiété, ainsi que de la fatigue, des douleurs physiques, une mauvaise concentrat­ion ou des problèmes gastro-intestinau­x. Les résultats ont montré que 16,5% des personnes interrogée­s montraient des signes de consommati­on d'informatio­ns "très problémati­ques". Dans ce groupe le temps passé avec leurs proches était fortement réduit, la concentrat­ion était difficile et une incapacité à dormir a été constatée. Les résultats ont montré que 73,6 % de ceux qui présentaie­nt une consommati­on d’informatio­ns problémati­que ressentaie­nt un certain mal-être mental. 61 % des personnes ayant une consommati­on problémati­que d’informatio­ns avaient déclaré avoir ressenti des symptômes de mal-être physique.

Les auteurs de l’étude appellent à repenser nos rapports aux médias, et la manière de véhiculer l’informatio­n sans qu’elle soit préjudicia­ble pour la santé n

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Les résultats ont montré que 16,5% des personnes interrogée­s montraient des signes de consommati­on d'informatio­ns "très problémati­ques".
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