La Tunisie n’a pas adopté une « neutralité positive »
Beaucoup espèrent que la Tunisie et le Maroc reprennent la voie de la réconciliation. Mais, la Tunisie a fait, selon des experts, un « faux calcul » et commis une « défaillance du protocole et de la diplomatie ».
Pour Elyès Kasri, ancien ambassadeur et haut cadre du ministère des Affaires étrangères, il s’agit là sans doute de l’expression d’une diplomatie qui « a remis en question la sérénité de nos relations avec nos voisins ». La crise diplomatique entre la Tunisie et le Maroc sera-t-elle dépassée, comme certaines informations nous le disent, à la faveur d’une réconciliation survenue lors de la tenue, au Caire, du Conseil de la Ligue arabe, au niveau ministériel, début septembre 2022 ? Quoiqu’il en soit, la brouille tuniso-marocaine n’est pas faite pour apaiser les tensions dans une région où rien ne va pour le mieux. Ancien ambassadeur et haut cadre du ministère des Affaires étrangères, Elyès Kasri a estimé, dans un post sur son compte Facebook, que cela ne peut participer à « la stabilité et la prospérité du Maghreb, deux conditions essentielles pour la stabilité et la prospérité de la Tunisie ».
La non-ingérence dans les affaires des pays tiers
La lecture du post publié par le diplomate tunisien permet de comprendre que l’accueil par le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, d’Ibarhim Ghali, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), contredit un des fondements de la politique étrangère de la Tunisie : « la non-ingérence dans les affaires des pays tiers et en premier lieu les pays voisins ».
Il a estimé, dans un autre post, qu’il s’agit là d’une « défaillance de la diplomatie et du protocole ». Comme il a estimé, dans le premier post, que « l’ère post-révolutionnaire a remis en question la sérénité de nos relations avec nos voisins », soulignant que la Tunisie a toujours adopté « une neutralité positive vis-à-vis des différends régionaux et internationaux ». C’est « un faux calcul » également.
Le chef de l’Etat avait-il à recevoir avec une telle solennité le chef de la RASD, alors que la Tunisie ne reconnaît pas cet Etat ? Le communiqué du département tunisien des Affaires étrangères dit que la Tunisie n’est pas, par ailleurs, la partie invitante. Il y a eu, selon Elyès Kasri, incontestablement une confusion grave entre le bilatéral et le multilatéral.
58 pays ont retiré leur reconnaissance à la RASD
Même son de cloche de la part de l’ancien diplomate tunisien, Abdallah Labidi : « La Tunisie et son président n’avaient pas à accueillir les hôtes du Japon et de l’OUA à l’aéroport », précisant que « l’intérêt de la Tunisie était avec le Maroc ».
Ainsi, encore une fois, le scandale, comme on dit, est venu de la RASD. Cette dernière est certes membre de l’OUA, mais elle n'est reconnue ni par l'Organisation des Nations unies (ONU), ni par la Ligue arabe, ni par l'Union du Maghreb arabe (UMA), ni par l'Organisation de la coopération islamique, ni par aucun pays européen ou pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans le même ordre d’idées, la RASD ne cesse de perdre du terrain : 58 pays lui ont retiré leur reconnaissance. Le plan d’autonomie proposé par le Maroc ne cesse de gagner l’adhésion de la communauté internationale. Il est jugé notamment « sérieux, crédible et réaliste ». Il faut rappeler qu’aux premières heures du départ des Espagnols des provinces du Sud marocain, au milieu des années 70, la Cour internationale de Justice avait reconnu qu’il ne s’agissait pas de territoires « sans maître » et avait évoqué l’existence de « liens juridiques d'allégeance » en faveur du Royaume chérifien. Des faits que tout le monde peut vérifier n