« L’intérêt des sociétaires, c’est qu’ils évoluent dans une mutuelle dont le modèle est conçu dans l’intérêt du sociétaire »
Aéma Groupe, assureur mutualiste, est présent sur l’ensemble des métiers. Voudriez-vous le présenter à nos lecteurs.
Aéma Groupe est de création récente. Il est né en janvier 2021 de l'ambition partagée entre la Macif et Aésio mutuelle de créer le premier groupe mutualiste de protection français. Rejoint en septembre 2021 par Abeille Assurances (ex Aviva France), Aéma Groupe est présent sur l'ensemble des métiers de l'assurance. Il couvre les besoins de protection de 11 millions de personnes et répond aux besoins assurantiels et serviciels d’1 Français sur 6. La création d’Ofi Invest en septembre 2022 place désormais le Groupe au 5ème rang des groupes français de gestion d’actifs. La finalité du Groupe : accompagner, dans le respect de valeurs partagées, tout au long de leur vie et quels que soient leurs besoins, les femmes et les hommes qui lui font confiance. Aéma Groupe est l'incarnation d'un modèle mutualiste authentique, ouvert, indépendant et moderne, qui concilie excellence technique et utilité sociale, afin de mieux répondre aux besoins des particuliers et des professionnels, mais aussi à ceux des petites, moyennes et grandes entreprises dans les domaines de l'assurance dommages, santé, prévoyance, vie et épargne retraite. L’économie sociale et solidaire (ESS), c’est l’économie de demain.
Ce sont ses approches, ses principes et ses valeurs qui font qu’elle est l’économie de demain. L’ESS dont se réclame Aéma Groupe est soucieuse de l’intérêt de la société. Elle contribue aux transitions énergétique et climatique, directement ou en s’inspirant d’expertises réussies.
La Mutuelle Assurance de l’Enseignement (MAE) vient d’organiser un symposium sur « les mutuelles et leur impact économique et social dans un monde qui change », à cet effet. Elle a invité plusieurs assureurs mutualistes étrangers, dont Pascal Michard, président d’Aéma Groupe, premier Groupe français mutualiste de protection. Dans un entretien accordé à l’Economiste Maghrébin en marge de sa participation à ce colloque, Pascal Michard revient sur les multiples avantages de la mutualisation et pour les sociétaires et assurés et pour la société en général. Il évoque les objectifs et les ambitions du Groupe en France et à l’International et l’intérêt qu’il y a à adhérer à Aéma Groupe.
Il a également appelé au besoin de stabiliser les réglementations régissant l’économie sociale et solidaire en Tunisie et à en faire un outil de développement durable
Comment se présente la sociologie du capital ? En clair, qui détient le Groupe ? Et qui peut adhérer au Groupe Aéma ?
Ce sont des assurés. En fait, les mutuelles, ce ne sont pas des sociétés de capitaux. Ce sont des sociétés de personnes, des personnes dénommées « sociétaires » qui ont amené, à un certain moment, un capital initial pour fonder la société. Néanmoins, la société n’appartient à personne. Elle appartient à tous les assurés, voire les sociétaires. Les résultats de la société servent à deux choses : investir et constituer des réserves. Ces réserves appartiennent à la société et n’appartiennent à personne en particulier. On ne doit les attribuer à personne. Pour y adhérer, il y a deux façons de voir les choses. On y adhère, soit en tant qu’assuré, soit en tant que mutuelle, qui veulent appartenir au Groupe et partager les mêmes valeurs. On nous rejoint pour le volet « santé » de plus en plus… Dernièrement, la mutuelle nationale de justice qui groupe les fonctionnaires du ministère de la Justice a intégré Aéma Groupe. Le plus souvent, si une mutuelle partage les mêmes valeurs que nous, l’adhésion au Groupe Aéma est possible. C’est une ambition commune. Empressons-nous de préciser qu’il ne s’agit pas de fusion mais de complémentarité. Il n’y a pas de fusion de capitaux, mais plutôt une solidarité financière. Ce sont des capitaux partageables dans la société. Ils sont dédiés à assurer la solidité financière et la solvabilité du Groupe.
Quel est l’intérêt d’un assuré ou d’une mutuelle de rejoindre Aéma Groupe ?
Le premier intérêt est politique et stratégique par rapport à un certain nombre de valeurs qui y sont défendues.
Le 2ème intérêt, c’est la solidité financière du Groupe, la solidité de son portefeuille. Le Groupe est soumis à des exigences financières de plus en plus fortes. Il y a aussi un autre atout, celui des expertises dont dispose Aéma Groupe pour gérer les contraintes réglementaires en matière de contrôle et autres. Les petites mutuelles ne disposent pas, généralement, d’un tel avantage.
Comment la gouvernance du Groupe est-elle organisée ?
Comme les mutuelles appartiennent aux assurés, les adhérents et leurs représentants participent à une Assemblée générale qui élit les administrateurs parmi les siens pour siéger au Conseil d’administration et qui nomme un directeur général. Globalement, le président et les sociétaires, environ 8 millions de personnes, sont tous issus du sociétariat. La spécificité de la mutuelle, c’est d’être dirigée par des sociétaires élus. Ce ne sont pas des professionnels de l’assurance, mais des représentants des assurés. De manière générale, les intérêts des assurés sont garantis en priorité. Quand la mutuelle réalise des résultats positifs par exemple, elle ne distribue pas de dividendes. Elle les affecte au poste des réserves. Ces réserves ont deux rôles : l’investissement et le renforcement des fonds propres de l’entreprise.
On évolue dans une société, dont le modèle est conçu dans l’intérêt du sociétaire. Normalement, la considération et l’attention accordées aux sociétaires sont très grandes dans ce modèle, puisque il n’y a pas un autre intérêt à servir que celui du sociétaire.
Ce qui fait que la première solidarité, c’est d’offrir aux sociétaires l’assurance au meilleur tarif. Et comme on n’a pas d’actionnaires à rémunérer, on peut offrir des services à des tarifs concurrentiels.
A cause du réchauffement et du dérèglement climatiques, la multiplication et la succession d’ouragans, les calamités naturelles, les incendies, les inondations et d’importants dommages récurrents… posent problème. Comment voyezvous l’avenir de l’assurance ?
Il est certain que notre modèle (ESS) est à même de garantir le plus juste tarif à l’assuré. Mais cela n’empêche pas que dans certains cas, nous sommes obligés de tenir compte du coût du sinistre. L’autre caractéristique des mutuelles, c’est que les assurés sont également des assureurs. C’est une manière de s’assurer mutuellement.
La finalité suprême d’Aema Groupe est
Notre ambition est d’être le premier groupe d’assurance en France. Et pour atteindre cet objectif, il y a encore du chemin à faire. On est déjà le 22ème mondial. Ce qu’on veut, c’est continuer à nous développer, à garantir notre pérennité, à répondre et à protéger le plus grand nombre de personnes possible. Il s’agit aussi de se donner les moyens de promouvoir l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).
Si on veut réussir on doit entraîner dans le sillage de notre développement, tout un modèle économique, en l’occurrence l’ESS.
de pérenniser ses activités. Et cela par l’assise financière, par la diversité des activités et par la diversité des risques puisque, selon les circonstances et l’évolution des réglementations, une activité peut souffrir plus qu’une autre, qui est plus résiliente. Cette diversification, voire cette marge critique un peu plus grande, a pour vertu d’assurer la pérennité de la mutuelle.
Le métier d’assurance évolue Il n’est plus ce qu’il était. Quelle forme prendra le métier de l’assurance de demain ?
Les différents métiers de ce qu’on appelle l’assurance de demain sont nombreux. Il s’agit de l’assurance santé, épargne, accidents de travail, dans le but de les protéger dans le temps, retraite, biens (maisons, voitures, locaux professionnels exploitations agricoles, PME, magasins, ateliers…), gestion des titres et son orientation vers l’investissement dans les créneaux qui sont responsables socialement (énergies vertes, réchauffement climatique...).
Et l’économie numérique, les startups et autres ?
Nous tenons le même raisonnement concernant le soutien qu’on apporte à la société économique sociale et solidaire (SESS). Ce soutien a pour but, soit de favoriser le développement des startups, soit d’investir dans leur capital. Mention spéciale pour le champ d’activité de la startup : cette dernière n’est pas obligée d’évoluer selon le modèle d’ESS, c’est ce qu’on appelle une entreprise à impact dans son fonctionnement et dans sa stratégie. L’essentiel est qu’elle partage un certain nombre de valeurs et d’ambitions qui soient proches des nôtres. A titre indicatif, un projet éducatif traité par une startup est éligible à nos services.
Quelle est l’ambition du Groupe ?
Notre ambition est d’être le premier groupe d’assurance en France. Et pour atteindre cet objectif, il y a encore du chemin à faire. On est déjà le 22ème mondial. Ce qu’on veut, c’est continuer à nous développer, à garantir notre pérennité, à répondre et à protéger le plus grand nombre de personnes possible. Il s’agit aussi de se donner les moyens de promouvoir l’ESS. Si on veut réussir, on doit entraîner dans le sillage de notre développement tout un modèle économique, en l’occurrence l’ESS.
Le monde de demain, l’assurance de demain ?
Le monde change, et d’ores et déjà, les modèles d’assurance sont en train de changer, rien qu’en ce qui concerne les aléas climatiques. Leur fréquence, ces dernières années, a quasiment doublé et à l’horizon 2050, elle va s’intensifier, et ce, par rapport au début du siècle. Cette évolution va bouleverser l’évaluation statistique et se répercuter sur les primes d’assurance. Cela pour dire qu’avant même qu’on puisse mettre en place un nouveau modèle, il va y avoir des fluctuations et l’élaboration des ajustements requis en fonction des évènements. Il s’agit ainsi de développer les expertises pour transformer l’assurance en système de moult protections. Le système mutualiste, fort de sa vision globale, a la capacité de répondre aux besoins de l’ensemble des protections possibles, qu’elles soient personnelles ou collectives. Dans le domaine de la voiture par exemple, il s’agit d’accompagner l’assuré pour moins réparer et plus sécuriser, de lui offrir des certitudes et le rassurer en ce sens où il peut compter sur quelqu’un dans ce monde.
Vous êtes là à l’invitation de la MAE. Y a-t-il des projets en commun à l’horizon ?
Le fondamental commun, c’est qu’on partage la même préoccupation, le besoin de se protéger mutuellement. Il faut faire preuve de solidarité face aux menaces et aux risques. La forme de la mutualité change, mais le fond est toujours le même. C’est le besoin de se protéger et de ne pas laisser l’autre seul face aux risques. Conséquence : on va faire cause commune pour se protéger. Quant à d’éventuels projets en commun, ils sont en gestation. D’ores et déjà, le partenariat dans les deux parties dans le cadre du réseau Euresa auquel la MAE vient d’adhérer, pourrait être perçu comme un projet en commun, puisqu’on partage des informations, des anticipations, des expériences, des savoir-faire, des stratégies d’innovation... En fait, c’est une manière de nous renforcer les uns les autres, par le biais du partage de la connaissance.
Est-ce que vous êtes présent à l’international ?
Aujourd’hui, nous sommes très peu présents à l’International. On a une participation en Belgique, en Grèce et aussi en Algérie. Notre ambition, c’est d’être dans les organisations internationales, pour être dans le réseau du partage de la connaissance et dans les sphères d’influence des législations et réglementations, mais aussi dans le réseau de captation des tendances, des risques émergents, des technologies émergentes.
Il y a une forte communauté d’étudiants tunisiens en France. Selon vous, il y a moyen de faire quelque chose pour les assurer, moyennant un partenariat avec la MAE ?
La MAIF est en train de discuter avec la MAE sur ce sujet. Donc, il y a déjà un partenariat entre la MAIF et la MAE. On ne va pas interférer, mais on peut imaginer d’autres partenariats.
On peut avoir des partenariats sur la gestion d’actifs avec d’importantes capacités d’investissement. Il peut y avoir d’autres opportunités. Mais jusqu’à ce jour, il n’y a pas de stratégies et d’axes définis à ce propos.
Le mot de la fin.
Mon constat est qu’on partage beaucoup de choses en commun. Nous souhaitons que par rapport à la réglementation, l’ESS en Tunisie trouve une certaine stabilité législative et réglementaire et obtienne la considération des pouvoirs publics. Les sociétés mutuelles doivent utiliser leur influence pour obtenir la reconnaissance des pouvoirs publics. Le secteur de l’ESS doit être reconnu à sa juste place. Il gagnerait à être stabilisé et pérennisé. Les pouvoirs publics doivent aider ce secteur qui sert l’intérêt général n