Au lieu de construire des ponts, ils érigent des murs
Dans quelques jours, le 9 novembre plus précisément, le monde fêtera ou regrettera (c’est selon) le 33e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Voilà un tiers de siècle que la chute de ce mur fit naitre un immense espoir sur la planète. Un espoir en un monde meilleur, débarrassé des blocs, des antagonismes, des divisions et donc des guerres froides et chaudes. Un immense espoir de voir l’humanité réconciliée avec elle-même, prenant la voie de la coopération et de l’entraide, et s’engageant comme un seul homme dans la lutte contre les fléaux qui ont pour noms : sous-développement, pauvreté, injustices, maladies…
Mais il a fallu très vite déchanter, car l’Occident (c’est-à-dire principalement les Etats-Unis et le RoyaumeUni) n’était pas intéressé de se laisser emporter avec le reste du monde par l’immense vague d’espoir que fit naitre la chute du mur.
La chute du mur a été suivie peu de temps après par la chute de l’Union soviétique. Un sentiment complexe d’orgueil, d’arrogance, de cupidité et de vanité s’empara de la classe politique à Washington à l’époque. Le raisonnement était le suivant : nous avons gagné la Guerre froide, nous sommes les plus forts, une chance se présente à nous pour dominer la Planète entière, pourquoi la rater ?
Et l’Amérique n’a pas raté l’occasion. Au lieu de s’engager dans la construction de ponts pour le bien de l’humanité, elle s’engagea dans la construction de murs de haine et de rancoeur là où elle passe. Car que peuvent produire les guerres initiées par l’Amérique de 1991 à nos jours sinon des murs de haine, de rancoeur et d’incompréhension ? Qu’ont produit les interventions violentes américano-atlantistes contre l’Irak, l’ex-Yougoslavie, la Syrie ou encore la Libye sinon de vastes destructions, des morts par centaines de milliers, des réfugiés par dizaines de millions et une vie infernale pour tous ?
Anarchie créatrice
Prenons notre cas en Tunisie. Serionsnous dans cet état d’effondrement économique, de faillite politique et de désastre financier cauchemardesque, si les néoconservateurs américains n’avaient pas inventé l’idée diabolique de « l’anarchie créatrice » ? S’ils n’avaient pas décidé de l’appliquer dans le monde arabe ? S’ils n’avaient pas tout mis en oeuvre pour que l’Islam politique prenne les rênes du pouvoir ? Si cet Islam politique ne s’était pas chargé, une décennie durant, de ruiner l’économie, saper les bases de la société, vider les caisses, nourrir le terrorisme et mettre en péril la sécurité alimentaire des Tunisiens ? En d’autres termes, et pour prendre un raccourci, serions-nous dans cet état si, au lendemain de la chute du mur de Berlin et de l’Union soviétique, la classe politique américaine avait opté pour la construction de ponts au lieu de nouveaux murs ? Pour la sagesse au lieu de l’aventurisme ? Pour la modestie au lieu de l’orgueil ? Pour la générosité au lieu de la cupidité ? Pour l’humilité au lieu de la vanité ? Pour la stabilité du monde au lieu de sa déstabilisation généralisée ? La réponse est évidente. Nous serions aujourd’hui un pays prospère, avec une économie florissante. Un pays exportateur de produits manufacturés… et non de terroristes par milliers. Mais comme on dit, avec des « si », on mettrait Paris en bouteille. Et la Tunisie n’est pas le seul pays en grande difficulté. Le monde entier est dans le pétrin, particulièrement depuis le 24 février dernier, date du déclenchement de la guerre d’Ukraine. La guerre d’Ukraine est la dernière et la plus grave conséquence du mauvais chemin pris par Washington après l’effondrement du mur de Berlin et de l’Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie. La première graine de cette guerre fut plantée par l’ancien Président Bill Clinton quand, contre l’avis de quelques sages américains dont l’ancien Secrétaire d’Etat George Kennan, il imposa en 1999 l’adhésion à l’OTAN de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque, trois anciens membres du Pace de Varsovie. La provocation envers la Russie s’est poursuivie sous Bush fils et Obama. De sorte que, de 14 membres en 1991, l’OTAN compte aujourd’hui trente membres. Passons sur le renversement du Président Ianoukovitch dans le cadre du coup d’Etat fomenté par la CIA et le département d’Etat ; sur les huit ans de répression féroce de la population russophone du Donbass ; sur le mépris avec lequel l’administration Biden traite les soucis sécuritaires de la Russie et les multiples demandes du Kremlin d’une solution diplomatique à la crise russo-ukrainienne. N’en déplaise à la propagande des médias et aux discours des classes politiques d’Occident, Poutine ne s’est pas réveillé le 24 février 2022 de mauvaise humeur et a décidé d’envahir l’Ukraine. Le chemin vers cette