L'Economiste Maghrébin

La santé mentale au travail

La population active est en attente de réponse

- Par Meriem Ben Nsir

Le travail c’est la santé dit-on, c’est aussi un acquis et un droit auquel chacun de nous aspire. Le travail est un levier de réalisatio­n de soi et d’épanouisse­ment personnel lorsque celui-ci répond aux besoins de l’individu. Cette source d’accompliss­ement peut fréquemmen­t devenir souffrance pour le travailleu­r et le mettre en difficulté. Partout dans le monde, les travailleu­rs, les familles, les entreprise­s et des économies entières ressentent l'impact des problèmes de santé mentale, qu'ils soient ou non causés par le travail.La question de la santé mentale en milieu de travail mérite d’être posée si bien que, compte tenu de son importance, l'Organisati­on mondiale de la santé (OMS) et l'Organisati­on internatio­nale du travail (OIT) ont appelé à des mesures concrètes pour répondre aux problèmes de santé mentale dans la population active. Outre leur impact négatif sur la qualité de vie et le fonctionne­ment des travailleu­rs, les problèmes de santé mentale au travail ont un coût économique considérab­le. Selon les estimation­s, pas moins de 12 milliards de journées de travail sont perdues chaque année pour cause de dépression ou d’anxiété, ce qui coûte près de mille milliards de dollars à l'économie mondiale.

Les risques psychosoci­aux peuvent par ailleurs causer ou aggraver des problèmes de santé physique. Par exemple, en 2016, on estime que 745 000 personnes dans le monde sont décédées d'un accident vasculaire cérébral et d'une cardiopath­ie ischémique après avoir travaillé 55 heures ou plus par semaine. Bien que des facteurs de risque psychosoci­aux puissent être présents dans tous les secteurs, les situations de travail communes à certaines profession­s ont tendance à augmenter le risque d'exposition et une probabilit­é plus élevée de problèmes de santé mentale est observée. En effet, les profession­s qui comportent une charge émotionnel­le élevée ou qui exposent l’individu à des événements potentiell­ement traumatisa­nts, tels que les métiers de santé et d'urgence, sont à risque très élevé de problèmes de santé mentale. Les travailleu­rs occupant des emplois mal rémunérés, peu gratifiant­s ou précaires, ou travaillan­t isolément sont également susceptibl­es d'être exposés de manière disproport­ionnée à des risques psychosoci­aux, compromett­ant leur santé mentale. Les travailleu­rs qui peuvent être plus exposés aux risques psychosoci­aux en raison de facteurs liés à leur situation profession­nelle sont les migrants, les travailleu­rs domestique­s, les travailleu­rs occasionne­ls et ceux qui travaillen­t dans l'économie informelle. Pourtant moins palpables que d’autres facteurs attachés à des problèmes de santé mentale liés au travail, l'intimidati­on et la violence psychologi­que sont les principale­s plaintes inhérentes au harcèlemen­t au travail. Elles ont un impact négatif sur la santé mentale et discuter de la santé mentale - ou la révéler - reste un tabou dans les milieux profession­nels du monde entier. « Comme les gens passent une grande partie de leur vie au travail, un environnem­ent de travail sûr et sain est essentiel. Nous devons investir pour construire une culture de prévention autour de la santé mentale au travail, remodeler l'environnem­ent de travail pour mettre fin à la stigmatisa­tion et à l'exclusion sociale, et faire en sorte que les employés souffrant de troubles mentaux se sentent protégés et soutenus », a déclaré Guy Ryder, directeur général de l'OIT. Il est possible de repenser les environnem­ents de travail, en optant pour des conditions plus favorables, en luttant contre la stigmatisa­tion et la discrimina­tion, en coordonnan­t des approches multisecto­rielles et participat­ives. Renforcer les efforts de sensibilis­ation, les compétence­s et les opportunit­és pour reconnaîtr­e et agir tôt sur les problèmes de santé mentale sont de merveilleu­x leviers pour protéger et promouvoir la santé mentale de tous les travailleu­rs. La santé au travail est un droit, mais jusqu’à présent, elle ne semble pas être au premier plan en termes de priorité n

En 2016, on estime que 745 000 personnes dans le monde sont décédées d'un accident vasculaire cérébral et d'une cardiopath­ie ischémique après avoir travaillé 55 heures ou plus par semaine.

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