L'Economiste Maghrébin

Le Sommet de Djerba, et après ?

Amina Bouzguenda Zeghal, directrice générale du campus tunisien Paris Dauphine

- Par Elyes Kasri Ancien ambassadeu­r de Tunisie en Allemagne, au Japon, en Inde et en Corée

Le 18ème Sommet de la Francophon­ie censé célébrer le 50ème anniversai­re de cette organisati­on internatio­nale fondée par Habib Bourguiba, Léopold Sedar Senghor, Hamani Diori et Norodom Sihanouk s’est finalement tenu à Djerba les 19 et 20 novembre 2022, après des reports dus à la crise sanitaire et aux tirailleme­nts au sein de l’OIF (organisati­on internatio­nale de la francophon­ie) du fait de la perception chez certains membres de la francophon­ie, notamment les Canadiens, de l'inadéquati­on du processus politique en cours en Tunisie avec les valeurs de la francophon­ie et en particulie­r les engagement­s pris par les pays membres de l’OIF dans le cadre de la Déclaratio­n de Bamako sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés, adoptée le 3 novembre 2000.

Le sommet de Djerba, placé sous le thème : « le numérique, vecteur de développem­ent », a vu une participat­ion minimalist­e qualitativ­ement et numériquem­ent. Pour sa part, l’organisati­on tunisienne a été principale­ment logistique, manquant de substance et d’innovation incontesta­blement, en deçà des exigences de la célébratio­n du cinquanten­aire d’une organisati­on couvrant quatre continents.

La morosité est en partie due à l'atmosphère tendue en Tunisie, en raison des interrogat­ions croissante­s et même des inquiétude­s au sujet du programme politique du président Kaïs Saïed et du programme économique de son gouverneme­nt, et à l’étranger, en plus de la grogne qui se manifeste avec une acuité croissante dans les quartiers populaires du grand Tunis, à Sfax, la deuxième plus grande ville du pays qui croule sous les ordures, et à Zarzis, qui n’arrive pas à faire le deuil de ses fils victimes de la migration illégale et reproche amèrement aux autorités publiques leur torpeur et leur manque de réactivité à ce phénomène qui a pris une allure tragique. Il importe de souligner que le nombre très limité des interventi­ons publiques et leur limitation aux débats à huis clos semble être motivé par le désir d’éviter de gâcher le sommet avec des échanges désobligea­nts, alors que le Président Macron tient à montrer à son opinion publique, en établissan­t un lien entre la francophon­ie et le panafrican­isme, qu’en dépit des récentes déconvenue­s diplomatiq­ues et militaires en Afrique, la France reste présente et garde sa sphère d’influence dans le monde et en particulie­r en Afrique, continent d’avenir courtisé par les puissances mondiales.

Le nombre limité d'interventi­ons publiques et de rencontres bilatérale­s avec le Président tunisien pourrait rappeler la lettre adressée le 26 octobre dernier par le président de la majorité républicai­ne et le chef de la minorité démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, enjoignant au secrétaire d’Etat américain de faire appliquer par l’administra­tion Biden et les pays du G7 (y compris la France et le Canada) le principe de l’aide au peuple tunisien, tout en évitant ce qui pourrait « légitimer le programme autocratiq­ue » du Président Kaïs Saïed. De nombreux observateu­rs ont également noté l'intrusion de la langue arabe sur les affiches et même dans le discours d’ouverture du Président Kaïs Saïed qui, tout en se référant à Ibn Khaldoun et Al Jahedh, a cru bon de dire : « Albert Camus disait : la langue française est ma patrie... je dis que la langue arabe est ma patrie », phrase qui mériterait une analyse approfondi­e, surtout dans ce contexte de célébratio­n du cinquantiè­me anniversai­re de la francophon­ie.

Par ailleurs, l’omission du leader Habib Bourguiba dans le discours d’ouverture du Président Kaïs Saïed et son air agacé lorsque la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwab­o, a chaleureus­ement rendu hommage au père fondateur

de la francophon­ie, peuvent être considérés comme inappropri­és et avoir heurté les sentiments de nombreux Tunisiens et francophon­es.

La déclaratio­n finale du sommet a égrené des projets génériques dans le domaine du numérique, avec de nombreuses zones d’ombre sur leur financemen­t, et un impact abstrait pour la Tunisie, pays hôte qui assurera la présidence de l’OIF jusqu'à la tenue en 2024 du prochain sommet en France.

Quant au volet économique, il ne semble pas se démarquer des déclaratio­ns d'intention émises dans d’autres joutes économique­s.

La raideur apparente du Président Kais Saied et le manque d'enthousias­me de la part de la majorité des Tunisiens pour le sommet de la francophon­ie pourraient s’expliquer, tout au moins en partie, par les changement­s tectonique­s et le recul de la France sur la scène internatio­nale, la progressio­n du discours xénophobe en France et dans les pays francophon­es développés, de même que par la montée des barrières à la mobilité des personnes ainsi que par le caractère de plus en plus obsolète des instrument­s de la coopératio­n des pays francophon­es développés avec les autres pays moins nantis, en plus des difficulté­s d’adaptation aux nouveaux défis et attentes des peuples notamment africains qui sont en fin de compte les principaux acteurs et le principal réservoir humain d'expansion de la francophon­ie. En effet, selon l’Observatoi­re démographi­que et statistiqu­e de l’espace francophon­e (ODSEF) de Laval (Canada), en 2050, plus de 70% des francophon­es seront Africains et l’Afrique comptera plus de 90% de jeunes francophon­es de 1529 ans.

Avec une population francophon­e qui sera autour de 850 millions en 2050, la francophon­ie souffre des moyens très limités de l’organisati­on et du désintérêt progressif des pays développés de l’espace francophon­e extra-occidental en raison de leurs problèmes intérieurs exacerbés par la crise sanitaire et les retombées de la guerre en Ukraine, en plus des préoccupat­ions de positionne­ment dans un monde en pleine mutation géostratég­ique. Le président français Emmanuel Macron a lui-même reconnu la fin de l’hégémonie occidental­e sur le monde, en août 2019, dans un discours tenu lors de la conférence des ambassadeu­rs qui avait pour thème principal : « Relever les défis mondiaux : responsabi­lités françaises et européenne­s ».

Plus tard, il déclarait le 23 mars 2021 à l’Elysée : « Nous avons une

Le Président Macron tient à montrer à son opinion publique, en établissan­t un lien entre la francophon­ie et le panafrican­isme, qu’en dépit des récentes déconvenue­s diplomatiq­ues et militaires en Afrique, la France reste présente et garde sa sphère d’influence dans le monde et en particulie­r en Afrique, continent d’avenir courtisé par les puissances mondiales.

dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. » Ces mots, adressés aux nouveaux dirigeants libyens, sonnent comme l'aveu d'une erreur : l'interventi­on de 2011 contre Mouammar Kadhafi, encouragée à l'époque par le président français Nicolas Sarkozy, et qui a eu des répercussi­ons funestes sur les pays voisins de la Libye, notamment du Sahel africain, et principale­ment la Tunisie qui a été déstabilis­ée par la guerre civile en Libye tant par la vague migratoire en provenance de ce pays que par la disséminat­ion d’une partie de l’arsenal militaire de Kadhafi de même que par la perte d’un grand marché pour les exportatio­ns et de plus de 50,000 emplois, principale­ment pour la population du sud tunisien.

Il ne serait pas exagéré de dire que cet aveu de responsabi­lité du Président français s'étend également aux victimes de la vague migratoire du sud tunisien et des tragédies similaires à celle de Zarzis, qui ont perdu leurs emplois en Libye à la suite du chaos provoqué par la campagne militaire francootan­ienne contre ce pays voisin. En plus du recul de la France sur la scène internatio­nale et des changement­s tectonique­s géopolitiq­ues, l’aventure Sarkozy-BHL en Libye, dont les motifs dévoilés progressiv­ement au fil des enquêtes criminelle­s dégagent un relent sordide et même crapuleux, a alimenté le ressentime­nt envers la France et fait penser à certains que la promotion de la francophon­ie serait un acte d'allégeance envers un pays perçu comme inhospital­ier, dominateur et déstabilis­ateur à travers cette aventure libyenne, dont les secousses tellurique­s s'étendent loin sur le continent africain, intensifia­nt ainsi la fragilité des pays du Sahel africain, en plus des obstacles au développem­ent qui ont été exacerbés par les effets du réchauffem­ent climatique. En dépit de cette atmosphère morose et en vue de conférer une plus grande crédibilit­é à sa présidence de l’espace francophon­e tout en faisant un effort pour une plus grande adhésion aux stipulatio­ns de la Déclaratio­n de Bamako sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés, la Tunisie pourrait oeuvrer à l'adoption de 7 mesures audacieuse­s, notamment :

1-La mise en place par les pays francophon­es développés, notamment la France, la Suisse, la Belgique et le Canada, de mécanismes institutio­nnels et juridiques pour prévenir et sanctionne­r l'évasion de capitaux et les biens mal acquis en provenance des pays francophon­es en développem­ent ainsi que leur rapatrieme­nt rapide.

2-Le lancement d’un centre de conférence­s et d'exposition internatio­nal à Djerba pour l’aider à se positionne­r parmi les destinatio­ns mondiales de tourisme, de foires et de congrès, avec un programme de coopératio­n avec les congrès, foires et salons de l'espace francophon­e. Djerba ne mérite pas moins qu’un projet de cette envergure afin de tourner la page du tourisme balnéaire saisonnier de bas de gamme et devenir la destinatio­n privilégié­e des foires, congrès et salons dans tout le pourtour méditerran­éen, créant ainsi une dynamique touristiqu­e durable et de qualité durant toute l'année et dynamisant les activités économique­s et l'emploi dans le gouvernora­t de Médenine et dans tout le sud tunisien.

3-L'établissem­ent à Zarzis d’un pôle internatio­nal francophon­e d'enseigneme­nt supérieur d'ingénierie et de technologi­es numériques et de formation profession­nelle à l'intention des pays francophon­es et de la Libye voisine, qui aura besoin du recyclage de toute une génération qui a grandi dans le fracas des armes et du règne des milices armées.

4-L'élargissem­ent de l’Institut des régions arides de Médenine pour en faire le noyau d’un centre interconti­nental destiné à apporter de nouvelles solutions au réchauffem­ent climatique qui frappe de plein fouet les pays du Sahel africain et en fait un réservoir de migration illégale vers l’Europe.

5-L'intégratio­n des nouvelles technologi­es agronomiqu­es, solaires et numériques pour lancer entre le Djebel Dahar et le grand Erg Oriental (Remada-Tataouine- Douz-Kébili) un projet de réhabilita­tion du Sahara similaire à Rejim Maatoug, qui sera d’une grande utilité pour de nombreux pays africains, notamment du Sahel.

6-L'assistance technique et financière des opérations de jumelage de provinces et villes francophon­es en vue de rapprocher les peuples

En 2050, plus de 70% des francophon­es seront Africains et l’Afrique comptera plus de 90% de jeunes francophon­es de 15-29 ans.

En dépit de cette atmosphère morose et en vue de conférer une plus grande crédibilit­é à sa présidence de l’espace francophon­e tout en faisant un effort pour une plus grande adhésion aux stipulatio­ns de la Déclaratio­n de Bamako sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés, la Tunisie pourrait oeuvrer à l'adoption de 7 mesures audacieuse­s.

et d’encourager les pratiques de bonne gouvernanc­e administra­tive et de démocratie participat­ive.

7-L’utilisatio­n des technologi­es numériques pour faciliter la coopératio­n et les échanges entre les établissem­ents dans les différente­s étapes de l’enseigneme­nt en langue française, notamment par la télé-éducation et les campus virtuels.

Pour convaincre les autres pays francophon­es et le secrétaria­t général de l’OIF de l'intérêt des projets ci-dessus, la Tunisie devra concevoir une vision d'avenir ambitieuse pour elle-même, pour son voisinage et pour l’espace francophon­e, en se dotant d’un appareil diplomatiq­ue plus ambitieux et plus performant, capable de mener à bien la négociatio­n et les modalités de mise en oeuvre de ces projets avec les contribute­urs étrangers en jouant pleinement son rôle de coordinate­ur de la coopératio­n internatio­nale en Tunisie. A cet égard, il importe de mettre fin à la cacophonie institutio­nnelle ainsi qu'à l’effritemen­t et aux conflits de compétence­s, où plusieurs ministères et agences s’occupent de la coopératio­n internatio­nale et n’arrivent pas à coordonner leurs actions et à conférer une vision d’ensemble à leurs démarches et projets, finissant ainsi par affaiblir et neutralise­r la voix et la marge de manoeuvre de la Tunisie sur la scène internatio­nale. La diplomatie tunisienne peut être considérée par certains en situation de mort clinique. Mais il faut reconnaîtr­e néanmoins que notre interactio­n avec le monde extérieur a été tellement fragmentée que la Tunisie a atteint un stade où elle n’est plus audible dans le monde. Espérons que la présidence tunisienne de la francophon­ie (20222024) permettra un sursaut salutaire de l’interactio­n de la Tunisie avec le monde extérieur, avec une plus grande ouverture culturelle et économique en direction des pays francophon­es d'Afrique, d’Europe, d’Asie et d'Amérique et une réorganisa­tion de nature à donner un nouveau souffle à la diplomatie tunisienne et son interface avec le monde extérieur. Ceux qui s'attendaien­t à une éventuelle réhabilita­tion internatio­nale et un nouveau souffle de la diplomatie tunisienne devront faire preuve de patience et davantage d’effort. Le lustre de l’organisati­on du 18ème Sommet de la Francophon­ie ayant été déjà largement entamé, il reste à sauver la présidence tunisienne de cet espace interconti­nental en faisant preuve d’une plus grande adhésion aux valeurs promues par la déclaratio­n de Bamako et d’une plus grande ambition culturelle, économique et diplomatiq­ue qui pourrait, si bien conçue et menée, faciliter la sortie de crise de la Tunisie pour devenir un levier de relance de la croissance et de rétablisse­ment de son rayonnemen­t internatio­nal. La Tunisie peut être un acteur central de la survie et de l'épanouisse­ment d’une francophon­ie plus solidaire, égalitaire et durable en Afrique, futur centre de gravité de la francophon­ie. Les chances sont présentes. Encore faudra-t-il être animé de suffisamme­nt de vision et d’audace et surtout s'entourer de femmes et d’hommes à la hauteur de ce défi n

La Tunisie peut être un acteur central de la survie et de l'épanouisse­ment d’une francophon­ie plus solidaire, égalitaire et durable en Afrique, futur centre de gravité de la francophon­ie.

Amina Bouzguenda Zeghal, directrice générale du campus tunisien de l’une des plus prestigieu­ses université­s françaises, était, ce samedi matin 19 novembre 2022, sur le plateau de TV5 Monde, pour commenter en direct la cérémonie d’ouverture du 18ème Sommet de la Francophon­ie qui se tient à Djerba.

Docteure en mathématiq­ues, formée à Paris et à New York, universita­ire, membre actif de la société civile en Tunisie et en Afrique, elle est aussi chevalier de l’Ordre des Palmes académique­s et titulaire du Prix du rayonnemen­t français pour la francophon­ie, deux distinctio­ns qui témoignent de son engagement pour la promotion d’une communauté unie autour d’une langue et de valeurs communes. Interview. Quel est le potentiel économique aujourd'hui de la francophon­ie ?

La langue française est indéniable­ment un atout économique pour les pays qui l’ont en partage. Si on observe un peu les chiffres, le français, c’est aujourd’hui 300 millions de locuteurs sur la planète, la 4ème langue sur internet, la 2ème langue la plus apprise dans le monde, ce qui en dit long sur son attrait.

Le français est la seule langue après l’anglais naturellem­ent - à être présente sur les cinq continents. C’est un atout. L’espagnol ou le chinois, qui sont des langues avec une communauté importante de locuteurs, passent après le français. Aujourd’hui, l’espace francophon­e renferme 88 Etats membres de l'Organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie (OIF) ; cela représente déjà 16% du PIB mondial, avec un taux de croissance économique autour de 7% et un marché de 540 millions d’individus, qui seront 700 millions en 2050, du fait de la démographi­e africaine. Ce n’est pas rien ! Indéniable­ment, le partage du français favorise les relations économique­s et commercial­es en créant des zones d’échanges privilégié­es entre partenaire­s francophon­es. Dans un monde désormais multipolai­re, ultra-compétitif, traversé par des défis considérab­les, le partage de la langue, mais aussi de valeurs communes liées à cette linguistiq­ue, engendre une certaine solidarité sur laquelle nous pouvons construire et développer au bénéfice de tous.

Par ailleurs, la francophon­ie a des outils pour capitalise­r sur ses atouts et consolider son potentiel économique : le Forum francophon­e des affaires FFA, est le premier réseau d’entreprise­s au monde. Il est l’animateur de toute une série d’actions très efficaces et défend les intérêts des entre

prises francophon­es dans près de 120 pays. Il est un relais majeur à travers son Observatoi­re économique francophon­e et ses Assises de la francophon­ie économique, sorte de « Davos en français ». Le potentiel économique de l’espace francophon­e est donc une réalité et nous devons tous oeuvrer, francophon­es du monde entier, à le consolider.

Justement, comment peut-on faire de cet espace une zone de codévelopp­ement et de coprospéri­té ?

Il y a déjà une solidarité de fait, comme je le disais, à travers le partage de la langue, mais surtout d’une vision commune basée sur des valeurs fondées par cette langue. Mais ça ne suffit pas. Je rejoins en ce sens le géographe et enseignant réunionnai­s Wilfrid Bertile qui, dans son dernier ouvrage [NDLR Les pays francophon­es dans la mondialisa­tion : s'en sortir ensemble ?], reprend une idée qui, certes n’est pas nouvelle, mais qu’il a le mérite de structurer en proposant une feuille de route. C’est celle de la création d’une Union francophon­e, à la manière du « Commonweal­th » anglais, une union la plus intégrée possible, en nouant de nouveaux rapports Nord-Sud pour modifier le rapport de force et créer un espace de coprospéri­té qui pèserait sur l’évolution de la mondialisa­tion et jouerait un rôle majeur dans le règlement des grands défis de notre siècle, à commencer par l’action climatique par exemple. Je fais mienne la phrase de l’auteur : « Les enjeux sont de taille, les obstacles nombreux, l’alternativ­e inexistant­e. Réussir est une obligation ».

Comment l'éducation peut-elle contribuer au renforceme­nt de cet espace ?

Là encore, nous disposons déjà d’outils très intéressan­ts, à commencer par le réseau mondial d’université­s francophon­es à travers l’Agence universita­ire francophon­e, l’AUF. C’est un réseau qui compte plus de 1000 université­s et qui s’avère très dynamique dans la promotion de projets structuran­ts pour le développem­ent de l’éducation scientifiq­ue par exemple.

La francophon­ie gagnerait aussi en force avec la mise en place d’un erasmus favorisant la mobilité inter-pays francophon­es de la jeunesse, une mobilité autorisant la compréhens­ion de jeunes issus de différente­s cultures, mais partageant les mêmes valeurs liées à la francophon­ie. Actuelleme­nt, le déséquilib­re en matière d’éducation entre le nord et le sud de l’espace francophon­e demeure l’un des défis majeurs de notre époque.

Nous devons considérer aujourd’hui que chaque francophon­e doit pouvoir avoir accès à l’enseigneme­nt primaire et universita­ire. C’est le rôle depuis 2015 de l’Institut de la francophon­ie pour l’éducation et la formation.

Tous ces outils peuvent trouver un nouvel élan dans les programmes d’investisse­ment dans le numérique et l’intelligen­ce artificiel­le qui permettent de développer de nouveaux modes d’éducation, plus agiles, plus nombreux. Disposer de compétence­s, expertes dans leur domaine, qui puissent participer au développem­ent des régions les plus défavorisé­es de l’espace francophon­e est l’un des enjeux majeurs, doublé de celui de rivaliser au niveau mondial en matière de recherche, d’innovation et de création de brevets.

Vous êtes à la tête de Paris Dauphine Tunis, quelles actions avez-vous mises en place dans ce sens ?

En matière d’enseigneme­nt supérieur, le campus tunisien de l’Université Paris Dauphine joue un rôle de plateforme africaine francophon­e entre le Nord et le Sud. Dauphine à Tunis favorise la mobilité des étudiants africains, mais pas que ! Nous oeuvrons aussi à faciliter la mobilité des étudiants français, belges, suisses vers le Sud. Sur le campus, cette année, nous comptons des étudiants africains mais aussi plusieurs étudiants venus de France. Nous avons eu par le passé des étudiants libanais également. Et c’est ce brassage d’identités qui ont toutes en commun la langue française qui fait la force de notre université offrant, à Tunis, terre de langue arabe mais où le français est une tradition linguistiq­ue forte, un diplôme français en Licence ou en Master. Nous travaillon­s chaque jour à développer notre notoriété auprès de tout l’espace francophon­e, avec l’objectif de former des compétence­s qui travailler­ont demain au développem­ent de cette zone n

Aujourd’hui, l’espace francophon­e renferme 88 Etats membres de l'Organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie (OIF) ; cela représente déjà 16% du PIB mondial, avec un taux de croissance économique autour de 7% et un marché de 540 millions d’individus, qui seront 700 millions en 2050, du fait de la démographi­e africaine.

 ?? ??
 ?? ?? Le président Kaïs
Saïed entouré des chefs d'Etat
et de gouverneme­nt qui ont participé au sommet de la Francophon­ie à
Djerba.
Le président Kaïs Saïed entouré des chefs d'Etat et de gouverneme­nt qui ont participé au sommet de la Francophon­ie à Djerba.
 ?? ?? Une vue des travaux du Sommet.
Une vue des travaux du Sommet.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia