L'Economiste Maghrébin

Contribuer aux efforts de mobilisati­on des eaux souterrain­es et améliorer le niveau de vie dans les zones vulnérable­s

- Manoubi Akrout

L’atelier de démarrage de la réforme institutio­nnelle de la Régie des sondages hydrauliqu­es (RSH) vient d’être organisé, le 18 novembre 2022, sous l’égide de Mahmoud-Elyès Hamza, ministre de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche (MARHP). Un processus de transforma­tion qui s’étend d’octobre 2022 à la mi-2023 pour donner naissance à une nouvelle structure : la Société nationale des sondages hydrauliqu­es qui jouera un plus grand rôle aux niveaux économique, social et environnem­ental.

La RSH a joué un rôle capital dans l’exploitati­on des ressources souterrain­es en eau, permettant aux sociétés privées de jouer plus tard leur rôle et de véhiculer des projets dans les zones éloignées, par exemple dans la région de Rjim Maâtoug. Mais la régie a connu une baisse d’activité depuis les années 2000, notamment à cause de la vétusté des moyens d’exploitati­on. Depuis des années, il était devenu impératif de changer son cadre institutio­nnel afin de lui conférer plus de flexibilit­é, plus de transparen­ce, et le respect des normes techniques », atteste MahmoudEly­es Hamza, ministre de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche, à la faveur de l’atelier consacré à la réforme, dont le but ultime est de renforcer la mobilisati­on des ressources en eau de la Tunisie.

Un instrument polyvalent de réforme

La Régie des sondages hydrauliqu­es va donc se transforme­r en Société nationale des sondages hydrauliqu­es, selon le projet de décret présidenti­el ad hoc. Une nouvelle identité juridique et fonctionne­lle, avec de meilleures performanc­es aptes à lui assurer un plus grand rôle aux niveaux économique, social et environnem­ental et contribuer aux efforts du ministère de l’Agricultur­e dans la mobilisati­on des eaux souterrain­es pour améliorer le niveau de vie dans les zones vulnérable­s. « Septembre 2022 a marqué le point de départ du projet qui sera clôturé à la mi-2023 et une réflexion a été lancée pour mettre en place les fondements d’une transition qui va toucher tous les aspects, car cette réforme aura un impact direct non seulement sur le fonctionne­ment de la régie, mais sur l’ensemble du secteur de l’eau », ajoute-t-il. De grandes ambitions qui n’auraient pas été possibles sans un instrument de conseil et d’assistance technique tuniso-allemand : DispoFlex. Mis à la dispositio­n du gouverneme­nt tunisien par la Coopératio­n allemande, ses prestation­s d’appui comprennen­t notamment la mise à dispositio­n de l’expertise technique à travers des experts nationaux et internatio­naux, le soutien et l’avancement des réformes qui sont au coeur des conseils d’expert, alors que la sélection des projets se fera sur la base d’une requête

standardis­ée soumise par les institutio­ns demandeuse­s et évaluée sur des critères objectifs et transparen­ts. Celui-ci accompagne également la transition dans la gestion et la formation du personnel ainsi que dans la structure organisati­onnelle.

Il n’est pas facile de transforme­r les « traditions » administra­tives

Vouée depuis sa création en 1979 à l’exécution des forages surtout dans les zones déshéritée­s et d’accès difficile, la RSH dispose de 150 agents, 12 sondeuses jusqu’à 1300 mètres (dont 3 nouvelles en 2019), près de 3000 forages au compteur (730 km forés) dans toutes les régions tunisienne­s, des interventi­ons sur les forages vétustes ou endommagés…

Pas de quoi rougir ! Seulement, Abdessatar Jebari, DG de la RSH en tant que prestatair­e logistique proposant des services d’entreposag­e, stockage et Delivering, affirme que ses chantiers se déroulent dans des conditions difficiles. Il nous parle de régression abrupte dans le taux de réalisatio­n des forages publics, de vétusté des sondeuses, de complexité des procédures, de chevauchem­ent entre les tâches des services, de problèmes de maintenanc­e des engins, de gestion des stocks, de système de suivi, d’absence de programme de formation et de recyclage... C’est pour cela que les recommanda­tions du Conseil ministérie­l de 2014 sur la RSH ont commencé par l’appel à l’institutio­nnalisatio­n.

La chose a pris son chemin et c’est maintenant que le projet d’institutio­nnalisatio­n est lancé, avec un budget de 1,3 million de dinars. Ce qui reste à réaliser : une unité stratégiqu­e, un plan d’investisse­ment pour l’acquisitio­n de 5 nouvelles sondeuses, le renforceme­nt de la main d’oeuvre, un guide de management, le renforceme­nt de la coopératio­n et du PPP, la valorisati­on du savoir-faire… Toujours est-il que nous ne sommes pas sortis de l’auberge ! Car Nasser Kadri, DG d’IFC, le cabinet chargé de la mise en oeuvre du projet, estime qu’il n’est pas facile de transforme­r des traditions administra­tives de plusieurs décennies.

Il se rattrape en affirmant que s’il faut infuser du sang neuf dans la nouvelle entité, on n’aura pas besoin de recruter, car la RSH renferme des compétence­s d’une grande qualité. Ces compétence­s seront vite mises à l’épreuve devant le volume des travaux à accomplir au cours des prochains mois : structure organisati­onnelle, système de planificat­ion, système de suivi/ évaluation, nouveau manuel de procédures, nouvel organigram­me, nouveau statut du personnel, formation… avec un planning de réalisatio­n de livrables qui commence en octobre 2022 pour être clôturé en juin 2023 n

Depuis des siècles, on le sait, Français et Britanniqu­es ne se portent pas dans le coeur. Aussi loin que l’on remonte dans l’Histoire, leur relation a toujours été problémati­que. De 1066, quand le Normand Guillaume le Conquérant, dit le Bâtard, traversa la Manche et soumit à son pouvoir ses voisins, à 1815, quand Napoléon fut battu à plate couture par l’armée britanniqu­e à Waterloo, en passant par la guerre de cent ans, les « Frenchies » et les « Angliches », comme ils aiment s’appeler, ont eu un problème à résoudre, soit par les armes, soit par la diplomatie. Les deux derniers problèmes franco-britanniqu­es des deux dernières années, relatifs à la pêche et aux migrants illégaux, ont été résolus par des accords, comme on en fait entre gens civilisés. Même si, à un moment de colère, Londres avait déployé en mai 2021 deux navires de guerre pour dissuader des pêcheurs français de pêcher dans les eaux britanniqu­es. Mais ce qui nous intéresse ici est l’accord francobrit­annique sur le contrôle de l’immigratio­n conclu le lundi 14 novembre. Cet accord comporte deux points principaux : 1- une enveloppe de 72,2 millions d'euros que devront verser les Britanniqu­es en 2022-2023 à la France ; 2- La France s'engage à augmenter de 40% ses forces de sécurité (350 policiers et gendarmes supplément­aires) sur les plages d'où partent les migrants à destinatio­n des côtes britanniqu­es.

En outre, la France s’engage aussi à créer dans le sud du pays des centres d’accueil pour les migrants qui auront réussi à traverser la Méditerran­ée et à leur interdire de remonter jusqu'à Calais. En d’autres termes, la France s’engage, contre espèces sonnantes et trébuchant­es, à protéger les îles britanniqu­es contre les flots de migrants illégaux en agissant à deux niveaux : intercepte­r à Calais toute embarcatio­n suspecte qui s’apprêterai­t à traverser la Manche ; interdire aux migrants illégaux qui se trouvent ou qui se trouveront sur le sol français de remonter vers le nord. Quelques semaines après l’accord, la tension sur ce sujet était à son comble entre Paris et Londres. La ministre britanniqu­e de l'Intérieur, Priti Patel, menaçait le 9 septembre 2022 de refouler les migrants intercepté­s dans la Manche vers la France. Et son homologue français, Gérarld Darmanin exhortait « les Anglais à tenir leur promesse de financemen­t, puisque nous tenons la frontière pour eux ». Mettant les points sur les i, Darmanin a ajouté : « la France est un allié de la GrandeBret­agne, pas son vassal ». Côté britanniqu­e, l’Histoire retiendra que cet accord qui resserre drastiquem­ent l’étau sur l’immigratio­n clandestin­e a été signé par un gouverneme­nt dirigé par le Premier ministre Rishi Sunak. En effet, ce petit-fils d'émigrés adopte une position très dure sur l'immigratio­n. Il soutient le projet controvers­é des gouverneme­nts conservate­urs précédents de Boris Johnson et de Liz Truss d'envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda. Un projet qui attend le feu vert de la justice. De plus, il n’a pas trouvé mieux que de nommer l'ultraconse­rvatrice Suella Braverman au ministère de l'Intérieur, celle-là même qui qualifie d’« invasion » l'afflux de migrants au Royaume-Uni. La France est un pays riche, mais, comme on dit, les bons comptes font les bons amis. Le ministre français de l’Intérieur, Gérarld Darmanin, l’a bien dit : « la France est un allié de la Grande Bretagne, pas son vassal ». Ce que M. Darmanin veut dire par là, c’est que l’allié facture le service qu’il rend à son allié, tandis que le vassal est tenu d’accomplir la tâche que lui dicte son maître. Selon cette logique occidental­e, clairement exprimée par le ministre français de l’Intérieur, la Tunisie ne serait pas l’allié de la France et de l’Italie, mais leur vassal. Que dire du travail harassant que mènent depuis des années les gardes-côtes tunisiens pour limiter les flux migratoire­s vers ces deux pays. Aucune facture n’a jamais été présentée par la Tunisie et aucune rétributio­n pour service rendu n’a jamais été accordée à la Tunisie.

Notre diplomatie, percluse et ankylosée depuis 2011, n’a même pas été aiguillonn­ée par l’exemple turc, quand, en 2019, en pleine guerre en Syrie, Erdogan menaça d’« ouvrir

Selon le dernier rapport du programme des Nations unies, les pays du Sud ont besoin de 340 milliards de dollars annuels jusqu’à la fin de la décennie pour pouvoir faire face au changement climatique et aux phénomènes de sècheresse et d’inondation qui en découlent. Une somme faramineus­e qui relève plutôt de voeux pieux que du domaine du possible.

les portes » de l’émigration en mer Egée, s’il ne recevait pas 5 milliards de dollars. L’Occident paniqua, obtempéra et paya.

En relation avec le problème migratoire, une multitude d’accords ont été signés entre la Tunisie et l’Union européenne ou, bilatérale­ment, avec l’Italie, la France, la Belgique, l’Allemagne, etc. Tous, sans exception, ont été centrés sur les questions de sécurité, de confinemen­t, de contrôle ou encore de réadmissio­n des personnes arrêtées en Europe pour « franchisse­ment illégal des frontières ». En somme, pour traiter le problème migratoire, seuls les aspects sécuritair­e et technique intéressen­t les Européens. Jusqu’à quand les pays européens vont-ils continuer à nier l’existence de l’aspect politique du problème migratoire ? Jusqu’à quand vont-ils s’obstiner à vouloir traiter les effets en ignorant les causes ? Il y a tout lieu de croire que, dans un très proche avenir et à la lumière des développem­ents dramatique­s du changement climatique, le problème migratoire va se poser avec une intensité sans précédent. Car, les ravages que pourraient causer le réchauffem­ent climatique et les cycles de sècheresse et d’inondation­s de plus en plus fréquents vont provoquer des mouvements de population sous forme de marées humaines à la recherche de cieux plus cléments, ou plutôt moins incléments.

Il y a tout lieu de croire aussi que si les pays du Nord n’ont fourni aucun effort sérieux pour fixer chez eux les candidats à l’émigration à travers des programmes de développem­ent économique et social, ils ne fourniront pas plus d’efforts pour contrer le changement climatique et prévenir la migration massive vers l’autre rive de la Méditerran­ée non pas de milliers, mais de millions d’êtres humains.

On en veut pour preuves ces grandes réunions annuelles sur le climat qu’on pourrait assimiler, sans risque d’erreur, aux montagnes qui accouchent de souris. En effet, de la COP1 à Berlin en 1995 à la COP27 à Charm el-Sheikh, cette année, en passant par la « très importante » COP21 à Paris en 2015, pendant près de trente ans, la planète et son climat n’ont eu droit qu’à des discours creux et des promesses en l’air. Des milliards de dollars sont chaque fois promis pour lutter contre le changement climatique et pour venir en aide aux population­s vulnérable­s. Promesses oubliées dès le retour des délégation­s dans leurs pays. Selon le dernier rapport du programme des Nations unies, les pays du Sud ont besoin de 340 milliards de dollars annuels jusqu’à la fin de la décennie pour pouvoir faire face au changement climatique et aux phénomènes de sècheresse et d’inondation qui en découlent. Une somme faramineus­e qui relève plutôt de voeux pieux que du domaine du possible. Comment penser autrement quand on sait que des 100 milliards de dollars promis à la COP26 de Glasgow, les pays pauvres n’ont reçu que des miettes ? Pourtant, quand il s’agit de financer la guerre et d’alimenter la tension dans le monde, les pays riches d’Europe et d’Amérique du Nord ne trouvent aucune difficulté à trouver l’argent et se montrent d’une générosité phénoménal­e. Il n’y a qu’à voir les flots de milliards de dollars et d’euros qui pleuvent sur l’Ukraine pour « l’aider » à tenir bon et à continuer le combat. Une situation hallucinan­te résumée en une phrase par le professeur français Christian Gollier à sa leçon inaugurale au Collège de France : « Le monde est trop occupé par ses fins de mois pour affronter la fin du monde ». (1)

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Par Hmida Ben Romdhane
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