L'Economiste Maghrébin

2023, chronique d’une année peu ordinaire

« L’imaginatio­n est plus importante que la connaissan­ce » (Albert Einstein)

- Par Khalifa Chater

Des observateu­rs tunisiens pessimiste­s croient que nous vivons dans une société perturbée et que nous sommes en train de flotter comme des bateaux sans gouvernail. Ils ne perçoivent pas l’important changement du pays. 2023 annonce la fin de la décennie du gouverneme­nt d’Ennahdha, de l’islamisme arrogant, qui s’est accommodé du terrorisme intellectu­el et, hélas, du terrorisme matériel. La population était désorienté­e.

La population tunisienne était à la recherche d’un grand leader. L’élection du Président Kaïs Saïed répond à ses voeux. Du point de vue médiatique, il remplit sa fonction de Président. D’autre part, il s’est montré préoccupé par le vécu des Tunisiens, leur quotidien. Il multiplie les déplacemen­ts dans les régions, dialogue avec les citoyens. Il prend des mesures pour traiter la pénurie alimentair­e et tente de faire valoir une politique de baisse de prix. Il souhaite l’améliorati­on de la situation. Du point de vue internatio­nal, la Tunisie émerge. Mais peut-elle aisément retrouver sa situation d’antan, sous l’ère bourguibie­nne ?

Pour de nombreux Tunisiens, Habib Bourguiba reste le père de la nation, l’homme modèle qui a accordé la priorité à l’enseigneme­nt et à la santé et qui a promu, sous le gouverneme­nt du Premier ministre Hédi Nouira une ambitieuse politique d’investisse­ment, sans oublier le lancement et le développem­ent du tourisme. C'etait Habib Bourguiba.

En tout cas, le démarrage du pays est désormais effectif. La Tunisie a eu une bonne récolte de dattes et une importante production d’huile, en attendant la production de céréales que les récentes pluies annoncent. La crise économique est atténuée par l’apport des devises qui proviennen­t essentiell­ement du tourisme, en plein développem­ent cette année, et de l’argent envoyé par les Tunisiens vivant à l’étranger. Mais le budget tunisien nécessite des emprunts internes et internatio­naux. D’autre part, il occulte gravement la rubrique de l’investisse­ment et s’accommode d’un recul de l’enseigneme­nt.

Autre grave défi : le problème du chômage, qui n’épargne pas ceux qui disposent de titres universita­ires. L’insatisfac­tion des jeunes est évidente. Beaucoup sont attirés par « le paradis » européen. Ils s’embarquent sur des bateaux d’aventure qui les amènent officielle­ment vers le rivage nord-méditerran­éen. D’autres, plus chanceux, des ingénieurs et des médecins, émigrent officielle­ment vers la France, l’Allemagne et les pays du Golfe et assurent une présence tunisienne hors de nos frontières.

Fait important : le chef du gouverneme­nt, Ahmed Hachani, s’est montré optimiste. Il a déclaré, vendredi 17 novembre, sa résilience grâce à la conjugaiso­n des efforts des institutio­ns de l’Etat, des partenaire­s sociaux et des acteurs économique­s, ainsi que de la stabilité politique, depuis juillet 2021. Il a, d’autre part, déclaré que « l'État continuera à prendre en charge les catégories sociales à faible revenu en garantissa­nt la fourniture de ressources et de services de base ». Il évoqua l’adoption d’une loi pour soutenir le secteur agricole et les agriculteu­rs. Ces derniers sont dans une situation d’attente.

Mais le gouverneme­nt ne semble pas avoir de vision d’avenir. Ce ne sont pas, d’ailleurs, ses prérogativ­es. D’après la nouvelle Constituti­on, il est chargé d’appliquer la politique du Président

L'État continuera à prendre en charge les catégories sociales à faible revenu en garantissa­nt la fourniture de ressources et de services de base

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