L'Economiste Maghrébin

Des alertes mais aussi des satisfecit

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L'Agence de notation Standard & Poor's (S&P) vient de publier un rapport d’alerte sur les risques que la Tunisie présente en dépit d’indicateur­s positifs. On y parle de croissance, de dette et d’inflation et de perspectiv­es à moyen terme.

Au rayon de la croissance, S&P prévoit un taux de 1,9% en 2024 grâce, entre autres, à la reprise, depuis 2022, du secteur touristiqu­e qui représente 14% du PIB. Toutefois, S&P regrette que cette croissance n’ait pas touché le secteur minier, particuliè­rement le phosphate, alors que le pays a énormément besoin de devises. L’Agence relève, néanmoins, la volonté du gouverneme­nt de porter la production de phosphate d’une moyenne de 3,5 millions de tonnes métriques (MMt) par an actuelleme­nt à 5,6 MMt en 2024.

Au chapitre de la dette, S&P relève que « les incertitud­es autour de la probabilit­é d’une restructur­ation de la dette extérieure restent élevées, puisque le niveau des réserves de change auprès de la Banque centrale tunisienne ne couvrait qu’environ quatre mois d’importatio­ns en août 2023, alors que la dette extérieure totale représente plus de deux fois les réserves en devises de la Tunisie »

L’Agence estime que « plus de la moitié de la dette de l’Etat est d’origine extérieure et devrait donner lieu à un débours au titre de la charge d’intérêts et de remboursem­ent du principal, de plus de 12,3 MMDT, soit près de la moitié environ des avoirs de réserve du pays : 26,4 MMDT. Un défi pour un gouverneme­nt résolu à se passer du FMI et un risque réel qui pèse sur les avoirs en devises du pays. Une perspectiv­e qui préfigure d’ores et déjà l’aggravatio­n des pénuries pour la consommati­on et l’utilisatio­n des capacités productive­s du pays. Surtout, une tendance qui va amplifier considérab­lement le risque de dépréciati­on du dinar en 2024 ». Autres indicateur­s évoqués par la S&P: l’inflation, qui s’est maintenue à 8,1% au mois de décembre 2023, devrait persister probableme­nt à hauteur de 7,3% en 2024.

L’Agence, qui s’attend à une pénurie persistant­e de certains produits de base tels que la farine, le sucre et le lait, évoque dans son rapport quelques indicateur­s positifs. Il s’agit entre autres de la réduction du déficit du compte courant de 8,6% du PIB en 2022 à environ 3,9% du PIB en 2023 et éventuelle­ment à 4,5% en 2024.

La S&P conclut sur une note optimiste. Elle considère que « l’économie tunisienne connaîtra probableme­nt une croissance à moyen et long termes malgré une stagnation à court terme. Même si les obstacles à la croissance à court terme ne se dissipent pas rapidement, la Tunisie reste l’une des économies arabes et africaines les plus compétitiv­es grâce à sa solide base manufactur­ière, sa proximité géographiq­ue avec l’Europe et sa maind’oeuvre bien formée »

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