L'Economiste Maghrébin

RISQUES ET OPPORTUNIT­ÉS

- Par Noura Harboub-Labidi

130 pays réfléchiss­ent sérieuseme­nt à l’idée de créer une monnaie numérique de banque centrale (CBDC - Central Bank Digital Currency), et parmi eux, 11 l’ont déjà lancée, précise l’étude de l’Atlantic Council. C’est le cas entre autres du Nigeria avec le e-NAIRA et de la Chine, qui a lancé le projet pilote e-CNY dans certaines régions du pays. D’autres, comme les Etats-Unis et l’Union européenne, plus prudents, restent au stade du développem­ent.

Cette monnaie numérique serait l’équivalent d’un cash électroniq­ue émis par la banque centrale à destinatio­n du grand public. Plusieurs raisons semblent booster la marche vers le CBDC. En effet, la création d’une monnaie numérique pourrait renforcer l’inclusion financière, réduire les coûts des transactio­ns, améliorer leur traçabilit­é, augmenter la transparen­ce, afin de lutter efficaceme­nt contre l’évasion fiscale, la corruption et le blanchimen­t d’argent. Elle permettra aussi de rendre la politique monétaire plus efficace, et les banques centrales pourront agir directemen­t sur la masse monétaire. Une mise en place réussie du CBDC permettra de renforcer la résilience et l’efficacité des systèmes de paiements.

Ces monnaies numériques connaissen­t un certain engouement dans le monde. Toutefois, le choix de leur création diffère selon les motivation­s des pays. Le Nigeria a opté pour le CBDC pour combattre les craintes inflationn­istes et freiner la ruée vers les cryptoacti­fs. Alors que la Chine mise sur l’accélérati­on de l’inclusion financière.

Pour les monnaies des économies avancées, la prudence est de mise et la réflexion est toujours en cours. Cela s’explique par la crainte liée à un certain nombre de risques : cyberattaq­ues, cybercrimi­nalité, risques systémique­s, forte volatilité des mouvements de capitaux,…

Le Chine a lancé son projet pilote dans une zone rurale du pays, là où l’accès aux institutio­ns financière­s traditionn­elles est difficile, afin de tester son efficacité. Les CBDC devraient faciliter l’accès de la population aux services financiers.

Malgré l’intérêt croissant pour les CBDC, le Nigeria, en revanche, a connu un échec cuisant. Un élément fondamenta­l à l’adhésion d’une population à ce changement vers le numérique est la « confiance » attribuée à la Banque centrale nigériane, et qui n’a pas été au rendez-vous, comme en témoigne la forte dépréciati­on de la monnaie nationale. Dans les économies où le secteur bancaire demeure non résilient, criblé par un niveau élevé de NPLs, accompagné d’une forte exposition au risque souverain, la réflexion sur ce sujet demeure prématurée

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