L'Economiste Maghrébin

Y aura-t-il un retour à la monarchie ?

Le prince Mohamed Reda Senoussi, prétendant au trône en Libye, a été officielle­ment invité à Tripoli.

- Par Mohamed Gontara

Et si la Libye renouait avec la monarchie ? En tout cas, l’invitation par le chef du gouverneme­nt de Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, le gouverneme­nt de l’Ouest reconnu par la communauté internatio­nale, faite au prétendant au trône en Libye, le prince Mohamed Reda Senoussi, le 9 février 2024, à se rendre à Tripoli, a fait renaître un certain espoir auprès des partisans du retour des Senoussi à la tête de l’Etat libyen.

On sait que la monarchie, instaurée en 1951, a été abolie, en 1969, à la faveur du coup d’Etat militaire conduit par une junte militaire dirigée par l’ancien Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi. Mais, beaucoup d’eau a coulé en Libye depuis le déclenchem­ent de la révolution de février 2011 : la monarchie a été réhabilité­e en 2014 et ses bien confisqués lui ont été rendus.

Signe évident que la monarchie peut revenir au pouvoir en Libye, le fait qu’il a été demandé aux membres du Conseil présidenti­el (quasiment la présidence de l’Etat) de quitter le Palais « Ahd », ancienne résidence du Roi Idriss Ier, qui a régné sur la Libye de 1951 à 1964. Cela en dit peut-être long sur les intentions du chef du gouverneme­nt qui veut barrer la route au général Haftar, le chef de la région Est.

De réels soutiens

Le retour de la monarchie en Libye dispose de réels soutiens, parmi lesquels il y a la confrérie les Frères musulmans libyens, qui reste une des principale­s forces politiques du pays. Elle est très influente, notamment auprès du gouverneme­nt de l’Ouest du pays, celui de Dbeibah. Mustapha Abdeljalil, un des représenta­nts des courants islamistes et qui a été président du Conseil national de Transition (CNT), en 2011-2012, vient de dire que « seule la solution du retour du régime royaliste convient à la Libye aujourd’hui ».

Autre soutien déclaré au retour de la monarchie : la Conférence nationale du rétablisse­ment de la Constituti­on de l’indépendan­ce et du retour à la monarchie constituti­onnelle. C’est un regroupeme­nt constitué de notables, de chefs de tribus, de députés, d’intellectu­els et de personnali­tés qui considèren­t Mohamed Reda Senoussi, qui vit en exil à Londres, comme l’héritier du trône de son père, le prince Hassan, fils d’Idriss 1er.

Unité populaire

Ce regroupeme­nt a tenu une série de réunions dans de nombreuses villes pour défendre son choix et notamment le retour à la Constituti­on de 1951 qui a institué une monarchie constituti­onnelle, dans laquelle le monarque possède un certain nombre de pouvoirs, dont notamment celui de « partager le pouvoir législatif avec le Parlement ». Argument des défenseurs d’un retour à la monarchie : la stabilité politique et l’unité populaire. Sans oublier évidemment la préservati­on des identités nationales, le monarque étant au-dessus de toutes les divisions. D’autant plus qu’Idriss 1er a été un monarque nationalis­te. Il est considéré, du moins, comme « le père de la Libye unifiée qui a mené le pays à l’indépendan­ce par sa résistance aux puissances coloniales »

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Le prince Mohamed Reda Senoussi. Préservati­on des identités nationales.

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