Ould Ghazouani à la tête de l’Union africaine
On dit de lui qu’il est « discret, efficace et mesuré ». Et ce, dans une région considérée comme « turbulente ».
«La présidence mauritanienne va être une présidence difficile et compliquée ». Le commentaire est d’Ibrahim Kane, chercheur de l’Open Society, à notre consoeur Radio France Internationale (RFI), le 22 février 2024, au lendemain de l’élection du président Mohamed Ould Ghazouani à la tête de l’Union africaine (UA). Election qui s’est déroulée, le 17 février 2024, lors du 37ème sommet de l’UA à Addis-Abeba, sans grande difficulté. En effet, dès le 9 février 2024, le bloc des pays de l’Afrique du Nord annonçait vouloir propulser la Mauritanie à la tête de l’UE.
Ibrahim Kane dit-il cependant vrai? La présidence de Mohamed Ould Ghazouani doit beaucoup à ses qualités et à son aura aussi bien dans son pays que dans la région. Elu à la tête de l’Etat mauritanien (avec 52,01%) en 2019, il s’est illustré par une politique d’ouverture à l’endroit de toute la société mauritanienne, mettant fin aux tensions qui dominaient la scène politique de son pays du temps de son prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz.
Tripler le PIB
Il s’est également illustré par sa politique au niveau de l’Education, un de ses thèmes de prédilection. Idem au niveau social avec la création d’une assurance maladie universelle à destination des Mauritaniens au revenu modeste. Sans oublier le renforcement de la politique énergétique : le Fonds monétaire international (FMI) estime que grâce à la production d’hydrocarbure et d’énergie verte, la Mauritanie peut tripler son PIB.
Largement apprécié pour sa politique de « neutralité positive» dans la région, ce fils de chef prestigieux de la confrérie des « Ideiboussat » est «discret, efficace et mesuré», assure-ton. Et ce, dans une région considérée comme « turbulente», avec des voisins qui ont défrayé la chronique avec des relations conflictuelles avec l’ancienne puissance coloniale : la France. Aussi bien le Mali, le Burkina Faso que le Niger ont claqué la porte de la CEDAO (Confédération des Etats de l’Afrique de l’Ouest), organisation qui n’est pas bien appréciée par ces trois pays.
Le dossier du terrorisme
On estime ici et là que le passé militaire du chef de l’Etat mauritanien ne peut que faciliter les rapports avec le
Mali, le Niger et le Burkina Faso où il y a une guérilla, source d’inquiétude pour les pays de la région et bien au-delà. Avec en prime, des flux migratoires considérés également inquiétants : l’Union européenne vient d’accorder à la Mauritanie la modique somme de 210 millions d’euros pour surveiller ses frontières terrestre et maritime. Dernier chapitre important, celui du terrorisme. Ancien chef d’Etat-major des forces armées mauritaniennes, Mohamed Ould Ghazouani, qui a par ailleurs dirigé le service de renseignement de son pays, connaît bien le dossier du terrorisme. Il est pour beaucoup dans l’efficacité de la lutte contre ce fléau: la Mauritanie n’a pas connu depuis onze ans d’attentat terroriste