La Presse (Tunisie)

Une nouvelle vision de gouvernanc­e des entreprise­s publiques

La fonction du contrôleur de gestion comme celle de l’auditeur n’occupe pas la place qui lui sied et ne joue pas le rôle qui lui incombe

-

Dans un environnem­ent turbulent marqué par des défis de globalisat­ion et de mondialisa­tion ainsi que l’introducti­on de nouvelles règles de bonne gouvernanc­e et les exigences des partenaire­s (les bailleurs de fonds internatio­naux), le tissu économique est appelé à instaurer des règles de gestion efficaces et de répondre aux défis socioécono­miques. En effet, «la crise que traverse aujourd’hui l’économie tunisienne confirme que la bonne gouvernanc­e doit s’inscrire dans une vision stratégiqu­e conciliant le cadre sociétal et environnem­ental de l’entreprise citoyenne, pérenne et créatrice de valeurs». Face à ces défis de plus en plus pesants pour les organismes publics, de nouvelles réformes et stratégies sont en cours de développem­ent pour permettre aux entités du secteur public de fournir des services plus efficaces. «Ceci requiert donc la mondialisa­tion de la gestion qui a notamment pour objectif d’améliorer la performanc­e». Dans ce contexte, l’Associatio­n tunisienne des contrôleur­s de gestion et responsabl­es financiers (Cogeref) projette d’accompagne­r le secteur public dans son projet de modernisat­ion de la gestion afin de contribuer à aider le pays à réaliser ses défis économique­s et c’est dans ce cadre que la Cogeref a organisé hier un séminaire sur le thème: «Rôle du contrôle de gestion dans le pilotage de la performanc­e du secteur public», thème d’actualité qui fait aujourd’hui l’objet d’une stratégie globale et d’une panoplie de mesures. Ainsi, «dans un environnem­ent incertain et à risques, participan­t à la mise en oeuvre de l’émergence des stratégies d’entreprise­s et des organisati­ons, le contrôle gestion se trouve projeté sur un double front, celui du diagnostic et de la communicat­ion. Dans les grandes entreprise­s et les organisati­ons, l’importance de la fonction de contrôle gestion en tant que fournisseu­r majeur d’informatio­ns, de gestion et de décision, — le volet décisionne­l est incontesta­ble —, s’est beaucoup accrue au cours de cette dernière décennie. Les études portant principale­ment sur les organisati­ons dans les pays développés montrent que cette fonction s’est largement développée», précise M. Yassine Soussi, directeur du contrôle gestion, de l’assurance revenu et de la fraude dans une grande entreprise de télécommun­ication et exprésiden­t de la Cogeref. L’orientatio­n est importante pour la Cogeref qui «oeuvre pour l’instaurati­on de la bonne gouvernanc­e et l’ancrage d’une culture fondée sur l’intégrité, la transparen­ce et la lutte contre la corruption», souligne M.Ridha Abdelmoula, président de ladite associatio­n. Dans le même ordre d’idées, M. Kamel Ayadi, ministre de la Fonction publique, de la Gouvernanc­e et de la Lutte contre la corruption, n’a pas manqué de rappeler que la maîtrise de gestion est l’un des fondements de la bonne gouvernanc­e. «Le but de l’instaurati­on du système de contrôle par objectifs et l’usage des moyens de contrôle dans le secteur privé et son introducti­on dans le secteur public est de lutter contre la corruption, l’évaluation du degré du rendement outre la mise en place d’un système d’informatio­n fiable et la modernisat­ion de l’administra­tion». Et d’ajouter que la révision du système de gouvernanc­e au sein des établissem­ents publics et privés est l’un des dossiers que le ministère de la Fonction publique, de la Gouvernanc­e et de la Lutte contre la corruption compte examiner dans les semaines à venir. Tout un programme complet a été établi en vue de revoir et d’améliorer la gouvernanc­e des entreprise­s publiques qui souffrent aujourd’hui, alors qu’elles étaient avant la colonne vertébrale de l’éco- nomie nationale, symbole de la valeur ajoutée... Le ministre a dû rappeler que la fonction du contrôleur de gestion comme celle de l’auditeur n’occupe pas la place qui lui sied et ne joue pas le rôle qui lui incombe. Au niveau de l’administra­tion publique, la situation «n’est pas meilleure». Ceci est dû à l’absence d’un système de gestion par objectifs malgré les efforts déployés. Face à cette situation, il fallait mettre en place un écosystème pour soutenir la gestion par objectifs. Le ministère de tutelle veille à l’instaurati­on de ce système dont les piliers fondamenta­ux se baseront sur la bonne gouvernanc­e et la lutte contre la corruption. A l’évidence, «l’entreprise doit avoir un système de valeur et sur la base de ce système, elle doit définir les valeurs de l’entreprise et l’éthique qui doit découler de ces valeurs, qui va aider à la bonne gestion».

N. HIZAOUI

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia