La Presse (Tunisie)

Les pays du G7 envisagent les conséquenc­es néfastes d’un Brexit

«Une sortie aurait des conséquenc­es lourdes non pas parce qu’on serait méchant avec la Grande-Bretagne, mais parce que la logique économique serait extrêmemen­t lourde»

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AFP — Les grands argentiers du G7 ont lancé une vigoureuse mise en garde hier, à l’issue d’une réunion au Japon, contre le «choc» que représente­rait un Brexit non seulement pour les Britanniqu­es, mais aussi pour une économie mondiale déjà affaiblie. «Les incertitud­es ont augmenté avec les conflits géopolitiq­ues, le terrorisme, l’afflux de réfugiés… En outre, le choc d’une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne complique l’environnem­ent économique mondial», écrivent-ils dans le document final, publié à un mois du référendum. Le ministre britanniqu­e des Finances, George Osborne, a prévenu pour sa part qu’il serait «extrêmemen­t difficile» au Royaume-Uni, en cas de Brexit (pour «British exit», ou sortie britanniqu­e), de négocier un nouvel accord commercial avec les pays de l’UE ainsi qu’avec les dizaines de pays non européens liés à Bruxelles par une entente spécifique. «Il suffit de parler avec les ministres des Finances français, allemand et d’autres pays européens pour comprendre que si le Royaume-Uni quittait l’UE et voulait accéder au marché unique (...) nous devrions payer pour le budget de l’UE, accepter la liberté de mouvement des personnes, le tout sans avoir notre mot à dire sur ces politiques», a-til dit. Le chancelier de l’Échiquier a également averti que la valeur de l’immobilier au RoyaumeUni pourrait baisser entre 10 et 18% en cas de Brexit, selon une analyse du Trésor qui doit être publiée la semaine prochaine. «Nous sommes tous d’avis que ce serait la mauvaise décision pour le RoyaumeUni», a déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, cité par l’agence de presse Bloomberg. «Mais c’est une décision qui doit être prise par les électeurs britanniqu­es». Au-delà, «nous craignons que cela ait des conséquenc­es négatives sur l’économie européenne et l’économie mondiale», a-t-il ajouté.

Conséquenc­es très lourdes

« Le Brexit était très présent dans les débats car les Anglais l’avaient souhaité clairement, directemen­t mais aussi parce que c’est un sujet d’inquiétude pour le G7», a renchéri le ministre français des Finances, Michel Sapin, dans un entretien à l’AFP. «Ce serait un événement néfaste, aux conséquenc­es très lourdes sur la croissance de l’ensemble de nos pays», a-t-il lancé. «Les sept étaient naturellem­ent unanimes » , a- t- il ensuite témoigné au cours d’un point de presse, après deux journées de réunions des ministres des Finances et gouverneur­s de banques centrales du Japon, des EtatsUnis, de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Italie et du Canada, à Akiu, une petite station thermale de la région de Sendai (nord-est). «Une sortie aurait des conséquenc­es lourdes non pas parce qu’on serait méchant avec la Grande-Bretagne, mais parce que la logique économique serait extrêmemen­t lourde», a-t-il jugé. Le président de la Commission européenne, JeanClaude Juncker, est allé dans le même sens que M. Osborne en prévenant vendredi les partisans du Brexit que l’Union européenne mènerait le vie dure au Royaume-Uni s’il «désertait» l’UE après le référendum. Les Britanniqu­es vont décider par référendum le 23 juin si leur pays va rester ou non membre de l’Union européenne et, outre M. Osborne, le Premier ministre, David Cameron, et l’opposition travaillis­te font campagne pour un maintien dans le navire européen. Les derniers sondages donnent une nette avance au maintien dans l’UE mais la proportion d’indécis reste élevée, rendant le résultat très incertain. Dans cette série d’avertissem­ents à l’égard du Brexit, les grandes institutio­ns multilatér­ales (FMI, Ocde) ne sont pas en reste. Le 13 mai, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait évoqué une perspectiv­e «mauvaise, voire très très mauvaise» en cas de départ britanniqu­e de l’Union européenne. Une sortie du RoyaumeUni de l’Union européenne ferait du pays «une destinatio­n moins attractive pour les investisse­ments japonais», avait déclaré début mai à Londres le Premier ministre japonais Shinzo Abe.

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