A la lisière de l’inconscient…
«Exist-en-ciel», une exposition regroupant les oeuvres récentes de l’artiste peintre Fatma Ben Slama à la galerie Aire libre de l’espace El Teatro, et qui nous plonge dans des univers étranges, se situant à la croisée des chemins entre ciel et terre, entr
Fatma Ben Slama est originaire de la ville de Kairouan. Elle est diplômée de l’Isba de Sousse et elle a eu son mastère en arts plastiques en 2015. Elle a commencé à exposer depuis 2008 à Sousse, Kairouan, Nabeul et Tunis. La jeune artiste a participé, également, à la rencontre internationale Al maken-in situ (Sidi Bou Saïd 2015). Elle vit et travaille à Sousse comme animatrice d’un club de peinture et enseignante d’éducation artistique à l’Ecole d’esthétique. En plus de son engagement actif dans la vie associative (Tanitarts, Art 73, Ftcc, Amnesty...), de la participation et l’organisation de plusieurs événements artistiques à Sousse et à Kairouan, elle pratique aussi le cinéma, le théâtre, la musique et la poésie. A travers cette récente exposition, l’artiste fait assaut d’esprit et de créativité en un style original et particulièrement vif et incisif pour partir à la découverte de son propre univers imaginaire. Ses toiles aux divers formats nous plongent dans des univers étranges, se situant à la croisée des chemins entre le rêve et la réalité. Des univers habités par un ensemble d’êtres et d’objets mivivants, mi-morts, mi-réels, mi-surréels, émergeant d’un bouillon fantasmagorique mêlant imaginaire et instinct. A la lisière de l’inconscient, Fatma Ben Slama continue de plonger en apnée pour ramener à la surface toutes ces figures grotesques, étonnantes, intrigantes, parfois même monstrueuses. Occupant la surface de la toile, l’ensemble de ses portraits surréalistes nous surprennent, leurs particularités physiques interréagissent dans une logique de mouvement symbolique, chaque fois différente. Ils évoquent tour à tour la destruction, la résistance et la renaissance. Les éléments puisés à partir du réel, de l’imaginaire, du vivant comme du symbolique, elle les sort de leur enve- loppe, pour en extraire le nouveau, une autre réalité jusque-là cachée est reconstruite, révélée. La dimension faussement naïve des oeuvres invite le spectateur à scruter les détails à travers sa démarche imaginative et personnelle. D’autant plus que la mise en espace de ses oeuvres, leurs confrontations, leurs dialogues produisent une grande cohérence sans pour autant compromettre la singularité de chacune d’elles. Le style, cependant, singulier, très original, se distingue toujours par une authenticité infaillible, témoignant d’une riche et foisonnante imagination au service d’une créativité impressionnante. Les éléments de la toile se situent entre l’humain et le monstrueux, le vivant et le mécanique, composant finalement une réalité inquiétante, parfois même reflétant celle qu’on vit à l’heure actuelle. Elle évoque la réalité du quotidien, telle qu’elle la perçoit, à travers la représentation d’une dépersonnalisation de l’Homme qui évolue mécaniquement dans un décor, surchargé et caricaturé. A travers son oeuvre, elle nous montre que peu importe le style, l’art ne peut se penser ni se faire sans engagement et dont la démarche artistique porte un regard incisif sur le monde, sur l’existence. Un regard qui scrute l’espace social, l’espace politique, un regard qui ne pense pas l’art coupé du monde ni de la vie dans sa diversité, sa complexité, ses blessures, un regard qui croit en la nécessité de l’art dans l’évolution des mentalités et la consolidation d’une civilisation. Une exposition qui vaut certainement le détour !