Rompre avec l’irrégularité
Bloc bas contre une équipe qui subit? Malgré une symphonie offensive intéressante, construire par le contre peut mener loin...
Les derniers cartons de la saison sont bien remplis pour le champion sortant. Changements de dispositifs ou de joueurs, batailles philosophiques et stratégiques, échecs et réussite ponctuelle, revue de stress sur fond d’irrégularité permanente, le CA est resté branché la plupart du temps sur courant alternatif. L’on a pourtant fondé de grands espoirs en début de parcours. Un effectif supposé plus talentueux que le précédent et un coach qui sait maintenir ses hommes sous pression jusqu’à l’accomplissement de l’objectif. L’on croyait le CA à l’abri d’un retour des vieux démons. Mais ce fut bel et bien l’envers du décor qui couronne au final les équipes dites réactives, symbolisant la grande tendance de la saison. Au CA, depuis l’intronisation de Ruud Krol, tout un pan du débat s’articule autour de l’idée de la possession comme moyen de gagner. Cette possession du cuir est ainsi décrite comme la conséquence de la volonté de marquer d’une équipe supérieure. Voilà pour le volet théorique. Car en pratique, les Clubistes ont abandonné le ballon la majeure partie du temps. Là ou le champion sortant n’arrive pas à installer son jeu, ses adversaires ont cherché les failles et su les exploiter. Forcément, un parallèle se dresse avec le CA de la saison passée. Passé du 4-4-2 au 4-2-3-1, un système plus fonctionnel que brillant, est d’abord adopté pour certaines vertus défensives. Même si son usage est ici plus conservateur, la défense clubiste est loin du compte. La faculté (lors de l’exercice écoulé) à s’en sortir dans tous les cas de figure n’est plus de mise cette année. Question de joueurs et de tempérament. Car la finalité recherchée est majoritairement due à deux facteurs: le talent individuel de joueurs bridés quand il le faut mais qui peuvent faire la différence via un pressing qui offre des buts sans phase de construction. La galère face à l’EST et l’ESM a ainsi montré que le déficit de création se paie cash...
Revue de stress !
De toute évidence, pour les staffs techniques qui se sont succédé, même les problèmes les plus compliqués ont une réponse. Installer un jeu de possession est un travail largement facilité quand on possède des joueurs talentueux et que le rythme n’est pas trop rapide. Ce qui signifie, en gros, qu’il est plus facile d’avoir le ballon quand ça court tout le temps. Réussir à transformer cette identité en arme est une tâche autrement plus compliquée. Il faut disposer de joueurs déséquilibrants, que les connexions offensives soient bien rodées, et surtout être inventif. A titre d’exemple, tout au long de la saison (à l’exception des dernières sorties), le CSS évolue de manière directe mais conserve tout de même le ballon. Cette équipe technique se repose sur le talent de certains (Hannachi, Moncer, Mâaloul, Junior, Sokary). C’est un exemple à suivre pour le CA. L’idée est de chercher une cohérence d’ensemble qui fait que l’équipe ne prend jamais l’eau et qu’il suffit d’éclairs devant pour gagner des matches. Des méformes, en revanche, et la panne arrive vite ! Ruud Krol n’est probablement pas un entraîneur de génie, mais il a un pragmatisme qui fait que l’équipe peut avancer tantôt, quand Belaid est en forme. Quand Nater est là. Quand Oueslati assume et prend ses responsabilités. Quand le génie de Srarfi fait la différence ! Bref, quand le CA est à son meilleur niveau. L’inventivité individuelle qui compense le manque d’inspiration collective, c’est un thème récurrent au CA. Avec un Khelifa au top la saison passée, le CA n’a pas eu de problèmes à percer et à se sublimer pour gagner et s’inscrire dans la durée. Rompre avec l’irrégularité ambiante (résultats inconstants), c’est l’objectif majeur du CA en prévision de son explication d’aujourd’hui face aux Verts du CSHL. Pour toucher au but, Ruud Krol n’a pas l’intention de renverser sa méthode: en clair, il tentera toujours et encore d’éviter cette possession ronronnante et stérile. Bloc bas même contre des équipes qui subissent ? Malgré une symphonie offensive intéressante, construire par le contre peut mener loin...