Grand Prix du Président de la République
Fozdok, Forsen et Fawzi : les candidats les plus en vue
LA journée de gala du Grand Prix du Président de la République est traditionnellement l’occasion d’une grande fête populaire. Disputée en 1957 sous le nom du Grand Prix du Président Bourguiba, cette épreuve majeure du calendrier hippique tunisien a pris l’appellation actuelle l’année suivante avec l’avènement de la République. Depuis sa création, le Président Habib Bourguiba a toujours rehaussé de sa présence cette grande manifestation hippique. Il était l’objet d’un accueil chaleureux et enthousiaste et prenait plaisir à se rendre de la tribune d’honneur au paddock pour saluer le public. Un superbe bain de foule auquel il était très sensible…. Son successeur Zine El Abidine Ben Ali est venu la première année de sa prise de pouvoir en mai 1988, mais il s’est terriblement ennuyé et n’est retourné à KassarSaïd qu’en 2010, en compagnie de son fils. Depuis, l’hippodrome de Kassar-Saïd attend désespérément la visite d’un chef d’Etat… On s’est passé volontiers de la venue de M. Moncef Marzouki, mais on aurait souhaité la visite de M. Béji Caïd Essebsi. C’est dans une ambiance morose et un moral au plus bas que va se dérouler cette journée de gala des courses tunisiennes. En effet la survie de l’élevage et des courses est réellement menacée. La loi de finances pour l’exercice 2016 a prévu une taxe de 25%, sur les bénéfices provenant des jeux de hasard et de la loterie. Soucieux d’équité fiscale et en manque d’inspiration pour ramener les métiers en évasion fiscale, le ministère des Finances a instauré cette nouvelle imposition de 25% sur les gains de tous les jeux de hasard et de la loterie, incluant les paris sur le football et les courses de chevaux. Le PMU tunisien (dénommé Agence Nationale de Solidarité) s’est empressé par zèle d’appliquer ces nouvelles dispositions à partir du 1er janvier, sans même avoir eu le temps d’adapter le logiciel de gestion des paris aux nouvelles dispositions. Le comble du ridicule est que les agents de bureau ont été amenés à effectuer les prélèvements à l’aide de machines à calculer ordinaires ou avec leur téléphone. Cette situation « ubuesque » a provoqué une avalanche de réactions et de critiques des parieurs et des turfistes. Se voyant dépouillés du quart de leurs gains, au niveau des guichets, ces derniers ont manifesté bruyamment leur colère et ont boycotté les bureaux de jeu du PMU. La masse des enjeux connaît depuis l’application de cette nouvelle taxe une baisse importante (30 à 50%). Ces nouvelles dispositions ont par ailleurs favorisé une envolée des paris clandestins dans plusieurs cafés avec des recettes records ! Les joueurs sont bien accueillis et confortablement installés, assistent aux courses en direct sur des écrans géants branchés sur «Equidia» et sont payés sur les rapports de France ! Conséquence de taille de cette baisse des enjeux et de la chute des recettes du PMU, une réduction importante (près de 50%) de la quote-part revenant à la société des courses, aux haras nationaux et à la fédération des sports équestres. Les gains et primes des propriétaires et éleveurs ne sont plus réglés depuis le mois d’avril. La survie de la filière hippique dans son ensemble est menacée. Les représentants des propriétaires et des éleveurs ont adressé plusieurs courriers à ce sujet. Ils ont même été reçus depuis le mois de janvier par le ministre de l’Agriculture et celui des Finances. Aucune réponse sérieuse ne leur est parvenue jusqu’à ce jour ! Les propriétaires, éleveurs et divers professionnels ont envahi dimanche dernier la piste de l’hippodrome de Kassar-Saïd et les courses ont été interrompues durant une heure. C’est un avertissement aux autorités de tutelle et au gouvernement pour qu’une solution soit trouvée rapidement... Ils se sont exprimés sur plusieurs radios et chaînes de télévision. Ils tiennent pour responsable le ministère de l’Agriculture, tutelle du secteur et qui est tenu d’honorer le programme officiel des courses avec ses allocations et diverses primes. Croyant bien faire, le ministre des Finances a produit le contraire de l’effet escompté. Il faudrait qu’il ait le courage et l’audace de réviser les dispositions de sa loi de finances. Il s’agit de la survie d’un secteur agricole traditionnel et à la vocation exportatrice non négligeable, qui emploie plus de 5.000 personnes à travers la République, en particulier dans plusieurs régions déshéritées du centre et du sud. Les propriétaires et éleveurs ne s’arrêteront pas là. Ils sont près à se battre jusqu’au bout pour sauver leur activité. Passons au volet purement sportif, avec la course du Grand Prix du Président de la République (Gr1 – 150.000 Dinars – 2.000m) derby des 4 ans de pur-sang arabe nés et élevés en Tunisie, qui réunira 19 partants dont cinq pouliches. Un nombre aussi important de candidats est une indication qu’il n’y a pas de vrai chef de file de la génération des «F» et tous les espoirs sont permis…» «in my humble opinion» trois poulains se détachent nettement du lot. Il s’agit des deux représentants du Haras Meddeb : Forsen (Majd El Arab et Tesherni) qui sera confié à la monte experte de Gerard Mosse et Fozdok (Hajjam et Tohfat El Hayet) qui sera associé à la première monte de la maison Khaled Mahfoudh — le Haras Meddeb alignera également la pouliche Foulena (Nizam et Oubeida) qui sera montée par Raphaël Marchelli avec l’espoir de décrocher un accessit — et celui du Haras Ahmed Essaied : Fawzi (Darman et Abra) qui sera piloté par Emilien Revolte. Ce dernier facile vainqueur des deux premières courses préparatoires, les Prix Derouiche (Gr3 – 1.700m) et du Haras de Ben Guerdane (Gr2 – 2.000m) a fait impasse sur la dernière du 1er mai, le Prix du Haras Slaheddine Baccouri (Gr2 – 2.000m) qui a été enlevé par Fozdok monté par Soufiane Roubaii après avoir contrôlé la course de bout en bout et avoir repoussé courageusement l’assaut final de son compagnon d’écurie Forsen piloté par Khaled Mahfoudh. Fawzi aura la tâche difficile de contrer l’avancée de Fozdok et de veiller au retour éventuel de Forsen…Mais ces trois poulains ne courent pas seuls et plusieurs candidats confirmés vont essayer de profiter de ce duel entre les représentants des deux grandes écuries, pour créer la surprise. Des rumeurs d’entraînement très favorables circulent en faveur de la pouliche Faten (Djelmane et Soumou El Amira) appartenant au Libyen Mounir Fazaa et qui sera montée par Aymen Ghabri. Elle a remporté avec aisance le Prix Ichara (Gr2 – 2.000m) mais elle a été nettement devancée dans le dernier préparatoire du 1er mai, le Prix du Haras Gantouria (Gr2 – 2.000m) par Foukhra (Hajjam et Sehretni) à M. Taoufik Ghrab qui n’a pas hésité à faire appel à Alexis Badel. Faten sera aidée dans sa tâche par son compagnon d’écurie Fajr El Janoub (Hajjam et Oubari) qui aura sans doute la tâche « d’allumer » la course… Le poulain Faylassouf (Makhzan et Angham Al Badr) à M. Mohamed Rifi a montré suffisamment de qualité pour figurer à l’arrivée de ce derby. L’atout surprise pourrait venir de Facil Thamoud (Djelmane et Maghrbia) à M. Hakam Bourguiba. Les autres concurrents peuvent prétendre aux places.
Un Grand Prix de la Révolution très ouvert
Seconde attraction de l’après-midi le Grand Prix de la Révolution (Gr1 – 70.000 D – 2.000m) derby des 3 ans de pur-sang anglais nés et élevés localement réunira 14 partants. Il y a bien longtemps que l’on a pas vu un derby aussi ouvert et prometteur. L’augmentation des importations de poulinières pleines de l’étranger a permis d’accroître le nombre de naissances et de relever la qualité des produits. Le poulain Wild Fire (Gentlewave) au Haras Meddeb et vainqueur de la Poule d’Essai (Gr1 – 1.700m) était considéré à juste titre comme le meilleur sujet de la génération, mais à la surprise générale il a été nettement devancé (6 l.) par Labrido (Air Chief Marshal) à M. Mohamed Hajeri dans la course préparatoire du 1er mai, le Prix Laajimi Ben Mabrouk (Gr2 – 2.000m). Côté pouliches, la lauréate du Prix d’Essai, You For Always (Astron Royal) à M. Oussama Rifi a été également battue par Gastilia (Aornos) au Libyen Medhat Founas. Une totale redistribution des cartes….La distance de 2.000m et la participation de plusieurs fines cravaches françaises peuvent changer bien des choses. Les pur-sang anglais « importés » seront également de la fête avec le Prix de Cagnes-sur-Mer (30.000 D – 2.200m) qui réunira 10 partants, avec un beau duel en perspective en Vulci (Reven’s Pass) auteur de trois larges succès consécutifs en terre tunisienne et Assoluta (Danhil Dance) meilleure jument du meeting dernier et qui semble avoir retrouvé sa grande forme. Elle a d’ailleurs dominé Vulci lors de sa dernière sortie. Trois autres courses classiques figurent également au programme du dimanche. Cinq courses sont également programmées le samedi, avec en tête d’affiche le Grand Prix de Carthage (Gr3 – international – 120.000 D – 2.000m) avec 15 partants, rien que des chevaux tunisiens, les étrangers ayant décliné l’invitation puisque les gains éventuels ne seront pas réglés pour le moment…..On ne court pas pour des prunes !