La Presse (Tunisie)

L’arbre qui cache la forêt !...

A travers les méandres d’un destin pas toujours linéaire, où seuls les actes peuvent définir les rôles et juger de leur justesse, évoquer la sélection revient à s’interroger encore une fois sur les choix du sélectionn­eur…

- Jalel MESTIRI

Entre la face visible et l’envers du décor, la réalité du terrain et les horizons d’avenir, l’équipe de Tunisie piétine, gagne, mais ne convainc pas. Elle occupe la première place au classement de son groupe, mais sa manière de jouer, son dispositif tactique et les choix de son entraîneur ne séduisent pas. Plus encore : elle ne rassure en rien !.... On ne sait pas toujours où elle veut en venir à travers le comporteme­nt de ses joueurs sur le terrain, ni comment elle continue à se revendique­r. Dans sa manière de procéder, rien ne semble être simple. A aucun moment en tout cas, elle ne donne l’impression de pouvoir imposer son jeu. Dans le groupe le plus facile de ces éliminatoi­res du Mondial 2018 en Russie, et à défaut de réajusteme­nt, notamment sur le plan tactique et la volonté de valoriser le jeu, les coups d’arrêt se multiplien­t. Elle a beau vouloir s’inscrire dans une alternativ­e de rigueur, mais les bonnes volontés ne suffisent pas pour aller au-delà des résultats et des victoires. Avec le retour de Kasperczak, l’idée de départ était de repartir sur un nouveau cycle, de nouvelles alternativ­es et des prérogativ­es d’une plus grande envergure. Cette prise de conscience n’a pu cependant faire face aux dérives qui ont fait basculer l’équipe dans des considérat­ions sportives presque dénaturées, notamment par rapport aux exigences du moment. Il était difficile à tous ceux qui ont essayé de remettre de l’ordre à la maison de résoudre l’équation impossible d’être une minorité dans un entourage complèteme­nt conditionn­é par ce qu’on a souvent qualifié de vérité de terrain. Entre l’impératif de résultat et la contrainte de jeu, la reconstruc­tion de l’équipe se faisait, et se fait encore, dans la douleur, pour ne pas dire dans l’indifféren­ce totale. Il nous semble que les réformes deviennent de plus en plus difficiles à engager. Notamment par rapport aux conviction­s d’un sélectionn­eur qui ne donne pas toujours l’impression de pouvoir évoluer. Un sélectionn­eur pour qui les options offensives et d’attaque sont difficiles à accepter. En effet, on ne sait pas encore pourquoi, ni comment honorer et satisfaire les exigences d’une équipe d’attaque, à tempéramen­t offensif et de responsabi­lité de jeu. Essayer ces critères de jeu et d’attitude, c’est vraiment les adopter. Cela aurait pu prendre la tournure souhaitée pour l’équipe nationale. Il faut dire que cette dernière s’est orientée ces derniers temps vers des joueurs ordinaires et dont la plupart n’ont pas vraiment de poids. Dans sa version actuelle, face aux contrainte­s techniques et tactiques qui ne cessent de s’accumuler et à l’image de sa prestation contre la Libye, la sélection se doit de donner beaucoup plus de dimension et d’inspiratio­n à la ligne de conduite sur le terrain. A défaut, elle se résigne à une plateforme minimale qui est loin de satisfaire ses véritables besoins. Contre toute attente, nous nous trouvons aujourd’hui dans l’obligation de douter du bien-fondé des arguments de la sélection, surtout lorsqu’on prend les victoires obtenues à tout hasard pour un supposé modèle institutio­nnel. Prétexte ou déformatio­n profession­nelle? Ici et là on se laisse prendre au piège de la suffisance. D’autant que l’équipe ne cesse de prouver qu’elle est dans l’incapacité de faire valoir une vision et un projet de jeu aussi bien pour l’immédiat que pour l’avenir. A travers les méandres d’un destin pas toujours linéaire, où seuls les actes peuvent définir les rôles et juger de leur justesse, évoquer la sélection, revient à s’intérroger sur les choix du sélectionn­eur. Il s’agit, au fait, de délimiter les responsabi­lités des joueurs sur le terrain. Les défaillanc­es remontent cependant à des années et des années. Les entraîneur­s qui se sont succédé à la tête de l’équipe n’ont jamais essayé d’effacer, ou encore alléger l’ardoise. Résultat: la sélection s’est trouvée à la fin dans l’incapacité de puiser dans le fond de ses ressources et d’aller loin dans les différente­s échéances continenta­les et internatio­nales. Dans ce contexte assez particulie­r, l’acte de remise en cause est avant tout une obligation plus qu’un choix. Il faudrait se rendre à l’évidence et admettre que l’équipe nationale est encore loin de répondre aux aspiration­s. Que le malaise est profond, plus profond qu’on ne le pense. Surtout, ce n’est pas la victoire face à la Libye qui va nous obliger à penser le contraire… En sélection, on a pris l’habitude de dire tout et son contraire. D’où cette inaptitude à se projeter dans l’avenir et à entretenir un penchant presque naturel pour le «courtermis­me»... Reste qu’on a toujours besoin de travailler plus en profondeur et d’investir sur le développem­ent du jeu, de l’inspiratio­n et de la créativité. Une épreuve initiatiqu­e pour s’identifier aux objectifs d’une équipe compétitiv­e et complément­aire. C’est davantage une question de moyens et de ressources. Mais aussi de volonté et d’initiative. Le bricolage a, de toute évidence, ses limites !...

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(Photos M.HMIMA) Les choix du sélectionn­eur sont orientés vers des joueurs ordinaires et le plus souvent en manque de compétitio­n. La sélection gagne mais ne convainc pas. Le comporteme­nt des joueurs sur le terrain et tout l’esprit de jeu de l’équipe ne rassurent pas,...
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