Un «manichéisme» porteur !...
Si le Club Africain garde la main et ne lâche pas prise, sa saison aurait presque une portée symbolique suite au grand déstockage d’avant-saison.
Avant de replonger dans le bain de la compétition, le CA a récemment disputé un test face à l’équipe nationale de Mauritanie. Mais bon, n’exagérons rien, le terme de test est impropre, évoquons plutôt un contrôle, comme pour les collégiens qui viennent de reprendre les cours, après quelques jours de répit. Cette rencontre forcément utile a certainement remis les têtes à l’endroit, et rappeler que l’équipe manque encore de constances après avoir traversé plus d’une zone de turbulences. Des turbulences qu’il faudra corriger dans un premier temps, endiguer et maîtriser par la suite. C’est qu’au fil de ce match, face à une équipe technique, manquant d’impact physique, le staff s’est sûrement forgé une opinion sur ce que sera le profil du groupe de l’équipe fanion dès la reprise face à l’ASM. Le plateau technique a ainsi préféré donner plus de temps de jeu à certains, alors que d’autres ont carrément disparu des radars. Cependant, si la finalité de ce match est de se faire une énième opinion avec des contours de groupe qui se dessinent, rien n’est encore définitivement figé dans l’esprit de Kaïs Yâacoubi, ainsi que de Lotfi Rouissi, au regard et à la sensibilité différents mais complémentaires dans les discussions. Le pari pour ce test a aussi consisté en l’intégration d’une recrue (potentielle), le Camerounais Justin Mengolo. Avec des basiques offensifs encore en veille et une culture tactique autre que celle prônée par le technicien du CA, il n’a pas fait forte impression, mais il vaut tout de même le détour. Pour ce joueur, l’affinage est essentiel afin d’obtenir la maturation nécessaire. Le staff s’y emploie. Globalement, cette revue d’effectif effectuée face à la sélection mauritanienne n’est pas sans enseignements. La première remarque est que tout le monde est incertain mais personne n’est forfait ! Du coup, pour un concurrent traditionnel qui prend la posture de postulant-candidat pour la course au titre, traverser la prochaine étape la peur au ventre n’est pas sans rappeler les incertitudes et l’angoisse de la saison passée.
Jeu de rôle
La confiance, l’ambiance et la cohésion peuvent cependant tirer le groupe vers le haut, tout en gardant sa lucidité, sans s’enflammer mais en se remettant en question pour avancer. Les supporters, quant à eux, le savent pertinemment. L’entraîneur n’est pas «Harry Potter», et, d’ailleurs, ce dernier martèle à l’envi qu’il refuse et réfute l’étiquette de faiseur de miracles (encore heureux!). De fait, plutôt que de s’apparenter à un coup de baguette magique, les résultats encourageants du CA jusque-là, à l’exception du naufrage face au Stade Gabésien, s’inscrivent plutôt dans la continuité d’une meilleure implication d’ensemble initiée en début de saison. Au CA, on ne le sait que trop bien, la passion dépasse l’entendement. C’est toute une mentalité quelque peu radicale autour d’un club où la passion et ses excès sont la norme. Un exploit tout aussi inattendu que majestueux. Et voilà que certains «experts» du Parc A s’empressent de souligner les forces clubistes, dans un exercice de style assez versatile. Pour autant, évidemment plutôt, ce serait mentir que d’affirmer que le retour au premier plan avait été anticipé. Certes, la progression d’ensemble ne passe pas inaperçue, mais force est de constater que les concurrents clubistes ont une bonne longueur d’avance. Voilà pour les éternels sceptiques. Quant aux ambitieux-optimistes, ils évoquent la malchance face aux gros bras et la supériorité manifeste face au menu fretin. Bref, si l’on se place sur le terrain des pronostiqueurs, ceux qui soulignent l’élan clubiste actuel sont les mêmes qui avaient prédit une mise au bûcher imminente du CA. Au final, les Clubistes ont jusque-là bel et bien déjoué l’immense majorité des pronostics. Reste maintenant à savoir si le CA peut se surpasser dans l’adversité et s’inscrire dans la durée d’une saison qui n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements. Et puis, si le CA garde la main et ne lâche pas prise, sa saison aurait presque une portée symbolique suite au grand déstockage d’avantsaison. Une portée qui oppose deux visions. Celle du coeur et des idées qui triompherait sur l’argent et les avatars de la saison passée.