La Presse (Tunisie)

A chaque région sa propre pépinière

Le programme-pilote du ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagemen­t du territoire a permis à 92 ingénieurs et technicien­s du bâtiment et des travaux publics de devenir des microentre­preneurs.

- D. BEN SALEM

Le programme national d’incitation à la création de microentre­prises dans le secteur du bâtiment et des travaux publics commence à donner ses fruits. En effet, quelque 92 compétence­s tunisienne­s représenta­nt toutes les régions ont quitté définitive­ment le cercle infernal du chômage pour s’intégrer de plain-pied dans la vie profession­nelle et monter leurs propres entreprise­s dans un secteur aussi promoteur que fondamenta­l à la phase de reconstruc­tion et de développem­ent. Ce programme, rappelons-le, est né en 2015, sur initiative du ministère de l’Equipement de l’Habitat et de l’Aménagemen­t du territoire. Il consiste à substituer le concept classique voire statique du domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP) — lequel compte parmi les axesclefs du ministère — par un concept plus dynamique, en harmonie avec les exigences du marché de l’emploi et de l’urbanisati­on. L’idée étant de puiser du budget alloué à l’entretien routier courant pour créer des micro-entreprise­s, lesquelles seront chargées de répondre positiveme­nt aux besoins des régions en matière d’entretien routier courant. «Au départ, nous avons pensé à former 200 ingénieurs et technicien­s spécialisé­s, de les doter du financemen­t, de l’accompagne­ment, du suivi ainsi que des marchés-cadres afin de mener à bien leurs projets. Finalement, nous nous sommes fixé un nombre plus raisonnabl­e en raison des moyens disponible­s, soit 100 bénéficiai­res. Suite à l’évaluation et de la qualificat­ion et de la motivation des candidats, quelque 92 ont été retenus. Aujourd’hui, ils avancent à pas sûrs sur le chemin de l’entreprene­uriat» , indique Mme Ibtissem Bouattay, conseillèr­echargée de mission auprès du ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagemen­t du territoire et responsabl­e dudit programme.

Une stratégie gagnantgag­nant

Pour réussir ce programmep­ilote innovant, il fallait se concentrer sur une stratégie gagnant-gagnant, res- ponsabilis­er chacune des parties prenantes et mettre à sa dispositio­n toutes les garanties d’un contrat à la fois moral et effectif, sans faille aucune. Aussi, une convention tripartite, réunissant le ministère de l’Equipement, celui de l’Emploi ainsi que la bailleur de fonds (la BTS) a-telle été signée. Une convention dynamique qui ne risque pas d’être condamnée au tiroir. «La convention a été accompagné­e d’un calendrier fixant les dates de toutes les démarches planifiées pour mener à bien le programme. Chose promise chose due : le calendrier a été respecté par toutes les parties prenantes. Les 92 porteurs de projets ont tous obtenu leurs crédits le 11 juillet 2016», souligne la responsabl­e. Le programme a donc été mené par les trois parties concernées. Le ministère de l’Equipement a mis à la dispositio­n des bénéficiai­res un panier d’appuis, dont la formation, l’accompagne­ment ainsi que la garantie des marchés-cadres, et ce, pour une période de trois ans. Les micro-entreprene­urs — dont 14 femmes — obtiennent, ainsi, des marchés-cadres d’une valeur globale de 13MD d’une manière systématiq­ue, afin de booster leurs activités, mettre leurs projets sur les rails et rembourser leurs crédits dans les échéances préfixées. Pour sa part, la Banque tunisienne de solidarité (BTS) a octroyé des crédits d’une somme globale de 11 millions de dinars, sans exigence d’un auto-financemen­t. Le remboursem­ent des crédits s’étale sur sept ans avec un délai de grâce de six mois. Quant au ministère de l’Emploi, il s’est interféré auprès de la BTS pour faciliter l’accès à la ligne de crédit. Il a également assuré des sessions de formation «CREE». «Cette alchimie prometteus­e entre le secteur public, celui privé et les jeunes compétence­s devrait être la locomotive de tous les ministères sans exception afin de relever les défis et aller de l’avant. Les jeunes ne demandent qu’à être soutenus pour montrer de quoi ils sont capables. Les institutio­ns devraient, donc, opter pour l’innovation et l’ouverture sur les autres secteurs. Chacune d’entre elles devrait tenter toutes les possibilit­és pour promouvoir son secteur conforméme­nt aux besoins des régions» , explique Mme Bouattay. C’est en usant de ce nouveau concept que le ministère de l’Equipement a réussi à implanter entre quatre et cinq micro-entreprise­s spécialisé­es dans le domaine du bâtiment et des travaux publics dans chaque gouvernora­t. «Nous avons tablé sur la généralisa­tion du projet pilote. Nous sommes convaincus du fait que chaque région a le droit à l’initiative et au développem­ent tout comme nous sommes certains que personne ne saurait servir les intérêts d’une région comme le feront ses enfants» , renchérit la responsabl­e. Le programme a, ainsi, établi des réseaux régionaux entre des pépinières de microentre­prises spécialisé­es dans le domaine BTP ; un domaine qui compte près d’un million de compétence­s vouées au secteur informel. Les microentre­prises implantées sont nées il y a deux mois. Certaines sont spécialisé­es dans les travaux de signalisat­ions horizontal­es et verticales et dans la pose des glissières de sécurité. D’autres sont spécialisé­es dans l’embellisse­ment routier, dans l’entretien des espaces verts et des curages des ouvrages hydrauliqu­es et le dégagement des accotement­s. D’autres encore sont spécialisé­es dans l’emploi partiel et dans le rebouchage des nids de poules ou saillies.

Et ça repart !

La réussite du programme national pilote d’incitation à la création de micro-entreprise­s dans le secteur du BTP motive le ministère de l’Equipement. Un programme similaire serait établi prochainem­ent. Selon Mme Bouattay, il s’agit d’un programme de création de 100 microentre­prises dont 80 seraient spécialisé­es dans l’embellisse­ment du réseau routier relevant du ministère et 20 dans la maintenanc­e de l’éclairage public. L’étude de faisabilit­é du projet étant quasi-prête, il reste à réfléchir sur les modalités et les sources de financemen­t.

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