La Presse (Tunisie)

Daech frappait au coeur de Paris

Hollande et Valls ont rendu, hier, un hommage dépouillé aux victimes des attentats terroriste­s du 13 novembre 2015

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AFP — Un an, jour pour jour, après les attaques du 13 novembre, François Hollande a présidé hier les commémorat­ions, empreintes de sobriété, des attentats les plus meurtriers qu’ait connus le pays, en dévoilant des plaques en mémoire des victimes à Saint-Denis et à Paris. Du Stade de France au Bataclan, à chaque étape quasiment le même cérémonial dépouillé : six plaques dévoilées «en mémoire des victimes blessées et assassinée­s» par les commandos du groupe terroriste État islamique (EI), dit Daech. Dans chaque lieu, les noms des victimes ont été lus, avant une minute de silence et le dépôt d’une gerbe. Devant le Stade de France, le Portugais Manuel Dias avait été la première des 130 personnes tuées. C’est son fils Michael qui a lu le seul discours prononcé durant cet hommage officiel, un texte très personnel en forme d’appel à la «tolérance» et à «l’intelligen­ce» : «Nous devons nous efforcer de combattre la stigmatisa­tion et la division; l’intégratio­n est la solution». L’heure était à la «sobriété», selon les voeux des associatio­ns de victimes. A six mois de l’élection présidenti­elle, le gouverneme­nt ne veut pas être accusé de «récupérati­on». Le chef de l’État, accompagné de Manuel Valls, de ministres et d’élus, a échangé à chaque fois avec des victimes. Suivant l’ordre chronologi­que des attaques, le président de la République, avec la maire de la capitale Anne Hidalgo, s’est ensuite rendu à Paris à proximité des bars et restaurant­s Le Petit Cambodge, Le Carillon, la Bonne bière, le Comptoir Voltaire et La Belle équipe, dans les Xe et XIe arrondisse­ments. Trente-neuf personnes y avaient été assassinée­s. Partout, le même recueillem­ent, des étreintes, parfois des larmes. «Un an après, le souvenir des victimes est intact, la peine immense. Unis nous ferons face», a tweeté le Premier ministre. «Les terroriste­s se sont trompés : le malheur n’a pas divisé», a assuré Anne Hidalgo dans un communiqué. Le parcours s’est conclu devant le Bataclan : un commando y avait fait irruption en plein concert du groupe de rock américain Eagles of Death Metal. Samedi soir, la légendaire salle de spectacles avait rouvert avec un émouvant concert de Sting pour «se souvenir» et «célébrer la vie».

État d’urgence probableme­nt prolongé

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblée­s hier matin devant la salle, où ont été égrenées les noms des 90 tués. «C’était sobre, digne, émouvant. Je ne pensais d’ailleurs pas que la lecture des noms me retournera­it autant», a dit à l’AFP Thierry, présent au Bataclan le soir de l’attaque et bouleversé de «revoir des blessés, parfois en béquilles, en fauteuil roulant». Jesse Hughes, le chanteur d’Eagles of Death Metal, a aussi assisté à la cérémonie. Samedi soir, il avait été refoulé à l’entrée de la salle de spectacles en raison de ses déclaratio­ns soupçonneu­ses à l’encontre des vigiles, selon la direction. Mais le manager du groupe a démenti cet incident. Après l’hommage officiel, les associatio­ns ont pris le relais devant la mairie du XIe arrondisse­ment, où des ballons multicolor­es ont été lâchés dans un ciel gris. Caroline Langlade, de l’associatio­n Life for Paris, a appelé à laisser «du temps aux victimes pour qu’elles se réparent». Cent trente morts, des centaines de blessés : le pays est d’autant plus éprouvé que d’autres attentats ont suivi, comme à Nice le 14 juillet (86 morts). Signe d’un changement d’ère, l’état d’urgence décrété au soir du 13 novembre. Manuel Valls a déclaré hier à la BBC que ce régime d’exception allait sans «doute être prolongé de quelques mois» en janvier, notamment en raison de la présidenti­elle. Pour Alain Juppé, candidat à la primaire de droite, «il faut que les dirigeants de la France se montrent à la hauteur, et mettent en oeuvre tous les moyens pour en finir avec le terrorisme». Une large majorité de Français (75%) trouve important de commémorer les attentats, et 56% restent «en colère», selon un sondage Odoxa publié par le Parisien. L’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, devait présider hier une messe d’hommage à 18h30 dans la cathédrale Notre-Dame. Des lanternes, «symboles d’espoir et de vie», devaient être déposées dans l’après-midi sur le canal SaintMarti­n, tout près de plusieurs des terrasses attaquées. Et les Français ont été appelés à mettre une bougie à leurs fenêtres dans la soirée.

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Le président François Hollande avec la mère d’une victime, devant le café Voltaire, hier, à Paris

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