Erdogan joue la carte du référendum
Le président turc évoque l’option d’une consultation populaire pour trancher la question, selon un entretien accordé au quotidien Hürriyet
AFP — Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé Bruxelles de vouloir pousser Ankara à abandonner le processus d’adhésion à l’Union européenne et évoqué l’option d’une consultation populaire pour trancher la question, dans un entretien à la presse paru hier. «L’Union européenne cherche à nous contraindre à nous retirer de ce processus (d’adhésion). S’ils ne veulent pas de nous, qu’ils le fassent clairement savoir, qu’ils prennent la décision», a affirmé M. Erdogan dans un entretien au quotidien Hürriyet. «Notre patience n’est pas infinie. S’il le faut, plus tard, nous pourrons aller, nous aussi, consulter notre peuple», a-t-il dit. Prenant l’exemple du Royaume-Uni avec le Brexit, M. Erdogan a ajouté: «Nous aussi, nous pouvons demander à notre peuple». Ces déclarations interviennent alors que les relations entre l’UE et la Turquie, déjà tumultueuses, se sont tendues depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet qui a failli renverser le président Erdogan. Arrestations, suspensions, limogeages par dizaines de milliers: après le coup de force, les autorités turques ont lancé de vastes purges dont l’ampleur a suscité l’inquiétude et des critiques de la part des partenaires occidentaux de la Turquie. Dépassant le cadre de la lutte contre les putschistes présumés, les purges ont également visé ces dernières semaines des opposants prokurdes et des journalistes. «Certains disent : ‘‘Il faut lever l’état d’urgence’’. Pourquoi le lèverionsnous maintenant ?», a déclaré M. Erdogan à Hürriyet. Avant-hier, M. Erdogan a réaffirmé qu’il validerait le rétablissement de la peine capitale si le Parlement turc votait en ce sens, malgré les critiques européennes. Dans un rapport de la Commission publié mercredi, l’UE critique un «retour en arrière» de la Turquie sur les critères d’adhésion au bloc européen, en particulier en ce qui concerne la liberté d’expression et l’Etat de droit. La veille, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait estimé que la Turquie «chaque jour s’éloigne de l’Europe». Les négociations sur l’adhésion de la Turquie ont officiellement débuté en 2005.