La Presse (Tunisie)

Le nouvel entraîneur marsois aspire à rééditer le scénario de sauvetage, réalisé en 2006 avec l’AS Kasserine

- Walid NALOUTI

Pour commencer, comment avezvous débarqué à La Marsa ?

Les premiers contacts avaient eu lieu il y a une quinzaine de jours. Des personnes proches de l’entourage du club ont tout d’abord tâté le terrain. Le premier à m’avoir contacté officielle­ment fut l’ancien président Maher Ben Aïssa. Des membres du bureau m’ont également approché par la suite. J’ai ressenti une grosse envie de la part des dirigeants marsois de m’engager. Je me suis réuni avec messieurs Hammouda Louzir et Maher Ben Aïssa. J’ai beaucoup apprécié leur discours. S’ils regrettent que le club en soit arrivé là, ils n’ont à aucun moment dit du mal de mon prédécesse­ur. Pour expliquer les mauvais résultats, ils m’ont juste dit que l’équipe a fait un mauvais départ et que le bureau directeur en assume l’entière responsabi­lité. Ce qui m’a encouragé à venir, c’est le fait qu’ils n’ont pas imputé la responsabi­lité de l’échec ni à Gérard Buscher ni aux joueurs. C’est pourquoi j’ai signé sans hésiter.

D’autres entraîneur­s ont refusé d’entraîner l’ASM de peur de ne pas parvenir à sauver l’équipe de la relégation. Ne craignezvo­us pas d’échouer dans votre mission?

A priori, les dirigeants des clubs ne pensent me recruter que pour ce genre de mission. Les responsabl­es marsois n’ont pas dérogé à la règle. Ils m’ont fait savoir qu’ils ont pensé à moi pour mes qualités. Je suis réputé pour être le technicien des missions de sauvetage. C’est peut-être parce que, par le passé, j’ai déjà assuré le maintien avec l’équipe de Kasse- rine. Je vais vous dire ce qui m’a motivé en 2006 pour prendre en main l’équipe de Kasserine que j’ai dirigée lors des six derniers matches et j’ai réussi le défi de la sauver de la relégation, sans oublier le mérite de l’entraîneur qui m’a précédé en début de saison. Je regardais l’émission Dimanche Sport. J’avais deux offres émanant de Jendouba Sport et de Kasserine. J’avais mis le calendrier de la saison sur la table. J’ai écouté les analyses de Ridha Akacha et Khaled Hosni. L’émission a passé en revue tous les matches et les deux chroniqueu­rs ont parlé de toutes les équipes, sauf l’AS Kasserine. Quand l’animateur les a interrogés, Ridha Akacha avait dit avoir refusé l’offre de Kasserine car il ne pouvait pas faire grand-chose. Ils ont passé un «vtr» sur lequel apparaissa­it le public. Il y avait des supporters qui pleuraient. D’autres scandaient : «La saison prochaine, c’est la division d’honneur» . Interrogé, Khaled Hosni avait dit : «Je ne dirai pas que la relégation de l’ASK est inévitable, mais ce serait un miracle si elle assurait son maintien » . J’ai décidé alors de relever le défi le plus difficile. Le calendrier m’avait été favorable à l’époque, car j’allais recevoir à domicile mes deux concurrent­s directs. Le miracle a eu lieu. J’ai fait un match nul un partout avec Jendouba Sport à domicile. Un résultat qui ne m’a pas découragé. J’ai beaucoup réfléchi au speech que je devais prononcer à mes joueurs à la reprise mardi. Je leur ai dit que le point obtenu contre Jendouba sera capital pour le maintien. Cela fut le cas. Je suis très optimiste pour que le scénario de 2006 soit réédité avec La Marsa et que le miracle ait lieu. Aujourd’hui, je me trouve dans une situation similaire. Je vais recevoir à domicile l’OB et le CSHL.

Des recrutemen­ts seraient-ils nécessaire­s pour accomplir votre tâche ?

Je suis dans un grand club, que ce soit au niveau de la qualité du discours des dirigeants ou de l’encadremen­t. Je pense que l’Avenir de La Marsa a les moyens humains et logistique­s pour assurer son maintien parmi l’élite. Des recrutemen­ts devront renforcer l’effectif lors du prochain mercato hivernal, mais qu’ils soient bien étudiés selon le budget du club. Les dirigeants sont prêts à s’investir, mais je vais vous dire quelque chose. Nous pouvons nous suffire du groupe que nous avons sous la main. Il suffit de gagner un match pour que le déclic se produise. Je crois en la capacité de ce groupe d’assurer le maintien et les responsabl­es peuvent économiser et renforcer l’effectif lors du prochain mercato estival.

Quelle est votre recette pour que l’opération sauvetage réussisse?

La première chose, c’est que les joueurs doivent s’appliquer que ce soit aux entraîneme­nts ou lors des matches officiels. Ils doivent progresser tactiqueme­nt dans les duels, mais aussi à l’approche des buts. Il ne faut pas non plus qu’ils fassent des erreurs de débutant comme perdre le ballon rapidement. Le football moderne se base sur la transition rapide avec une seule touche de balle. D’ailleurs, mon message est clair. J’ai parlé avec beaucoup de franchise, sévèrement, mais sans les blesser. Je leur ai dit entre autres que, quand on joue en Ligue 1, on n’a pas le droit de faire deux contrôles de balle. Pour moi, un joueur qui fait deux contrôles de balle aurait trouvé sa place il y a dix ans, pas aujourd’hui. Je leur ai expliqué qu’ils n’ont plus droit à l’erreur. Je suis en train de travailler sur les détails. Car dans le haut niveau, ce sont les petits détails qui déterminen­t le sort d’un match.

Vous avez eu l’occasion de voir vos joueurs à l’oeuvre à l’occasion de deux matches amicaux. Comment avez-vous trouvé le groupe?

Comme je vous l’ai dit, dans le haut niveau, les petits détails font la différence. Parmi les consignes que j’ai données à mes joueurs : la transition doit être rapide et ils doivent se trouver dans la zone de réparation adverse au bout de la troisième passe afin d’empêcher l’adversaire de se replacer. Le point fort à l’ASM, c’est sa ligne d’attaque qui est malheureus­ement mal exploitée. Nous avons de très bons attaquants qui sont très rapides, à l’instar de Jaziri, Yahia, deux joueurs explosifs, sans oublier Diakité. J’ai vu le but de ce dernier en amical avec la Mauritanie contre le CA. Ce joueur n’évolue pas sur sa valeur. J’ai discuté avec lui. Il m’a dit que si ça se passe bien dans la tête des joueurs, tout ira bien. Je l’ai rassuré sur ce point. Les joueurs sont beaucoup mieux dans leurs têtes.

Si on revenait un peu en arrière et parlait de votre expérience avec l’ESS. Avez-vous des regrets?

Si un footballeu­r veut avoir sa chance comme entraîneur, il ne la trouvera pas dans son club. Mais quand il y a un problème de résultats, votre club fait appel à vos services. Ma question est : pourquoi on confie l’équipe à un étranger quand l’effectif est bien garni et quand les choses vont mal, c’est là où on appelle à la rescousse l’enfant du club ? Cela s’apparente à un cadeau empoisonné. Je pense avoir réussi avec l’Etoile, même quand on m’a reproché d’avoir laissé au repos trois joueurs, dont Koné, 34 ans. C’est un épisode que je ne regrette pas malgré les circonstan­ces. L’Etoile restera toujours mon club de coeur. L’Etoile m’a donné ma chance. Je l’ai entraînée à trois reprises. J’y retournera­i un jour, mais beaucoup plus expériment­é.

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Photos H. KHANCHOUCH Khaled Ben Sassi : «l’Avenir Sportif de La Marsa a les moyens humains et logistique­s pour assurer son maintien»

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