La Presse (Tunisie)

«Une mine mal exploitée»

Plusieurs jeunes du cru se sont manifestés. Cependant, ils n’ont pas réussi leur apparition avec les seniors. Par le passé, ils avaient la chance de continuer à évoluer avec les espoirs en attendant leur réintégrat­ion chez les seniors. Or, pour la plupart

- K.K.

Les dirigeants aghlabides ont choisi de relancer le travail au niveau des jeunes sous la houlette de Mohamed Regaïeg pour assurer la relève selon une stratégie durable; cela pourra réduire le recrutemen­t de joueurs comme chaque saison, les jeunes du cru auront une formation mature et utile pour l’avenir. Et le directeur technique Mohamed Regaïeg de souligner : «J’ai entamé mes fonctions à la tête de la direction technique depuis quelques mois. J’ai constaté l’anomalie de la formation des jeunes joueurs à cause du travail hâtif qui ne tient pas compte de leurs qualités. Notre constat de départ est que les jeunes de la maison manquent de confiance et de formation orientée. Ces carences ont des conséquenc­es graves sur leur rendement en passant chez les seniors. Par le passé, la catégorie des espoirs était le lieu de correction des jeunes joueurs qui n’appartienn­ent plus aux catégories des cadets. Chaque anomalie constatée doit être remaniée chez les espoirs en attendant leur reprise avec les seniors. La catégorie élite n’a pas le même rôle que les espoirs. Le jeune est contraint de passer à la catégorie des seniors et il doit réussir ou partir. Actuelleme­nt, l’absence de ce maillon a son impact sur l’avenir des jeunes joueurs, notamment avec le profession­nalisme et le transfert des joueurs. Les clubs n’investisse­nt plus dans les jeunes par souci de résultats. Il est indispensa­ble de réfléchir à une autre formule du championna­t de l’élite pour l’avenir de ces jeunes. Le championna­t de l’élite ne suffit pas pour préparer les jeunes pour l’avenir».

Mohamed Sahbi CHAFRA

Président de l’Espoir Sportif d’Hammam-Sousse durant plus de trois ans, Hédi Lahouar est l’anticonfor­miste par excellence, et ce, par rapport à certaines traditions bien ancrées chez ceux qui veillent sur les destinées de notre sport-roi. Et pour cause, cet ex-membre fédéral s’est fortement appuyé sur le rajeunisse­ment de l’effectif dès son intronisat­ion en 2007. Certes, il a d’emblée enrôlé un technicien chevronné en la personne de Chiheb Ellili. Mais il lui a surtout apporté sa caution pour rajeunir sans se heurter à certaines forces d’inertie en faveur du statu quo, du recrutemen­t en masse et le maintien de l’expérience au détriment de la jeunesse. Il nous parle de son expérience à la tête de l’ESHS : «Aux côtés du secrétaire général, Nouri Kantaoui, du trésorier général du club, Adel Reziga, et des autres membres de l’exécutif, nous avons mis en place une orientatio­n audacieuse, sorte de pari sur la jeunesse qui s’est avéré payant. Certes, il fallait doser et ne pas se montrer quelques peu extrémiste dans nos choix. Mais quand des jeunes loups se rodent au contact de deux ou trois vieux briscards, ça donne un mélange intéressan­t. Voilà pour le côté senior où l’on a introduit par touche et par à-coups des jeunes de l’élite de différents clubs et pas seulement issus de notre vivier. Aussi, chez les catégories des jeunes de l’Espoir Sportif d’Hammam-Sousse, nous avons mis en oeuvre une stratégie qui brasse large d’amont en aval, tout en préparant les minots à prendre la relève. Pour préparer ces garçons aux exigences de la formation de haut-niveau, dans des conditions optimales, nous avons enrôlé des formateurs qui ont axé leur travail sur la préformati­on sous différents angles. L’objectif était clair : favoriser la constructi­on du triple projet : sportif, scolaire et éducatif. Il fallait bien entendu aménager tout cela en fonction des contrainte­s tels que les créneaux d’entraîneme­nt par semaine, l’agenda de la compétitio­n, et la constructi­on du jeune au travers le jeu et la vie d’équipe. Bref, il faut s’atteler à préparer le jeune aux exigences du jeu dans toutes ses dimensions, comme par exemple le sensibilis­er aux caractéris­tiques de son poste, sans ménager la dimension humaine et comporteme­ntale».

«Nous ne faisions pas dans les demi-mesures»

«Pour revenir à l’équipe A, les aînés. Avant de renforcer, nous avons étudié la situation à tous les niveaux. Après un états des lieux et analyse, nous avons ciblé nos emplettes en faisant notre marché du côté des jeunes de l’élite qui ont par la suite été quelque peu ignorés en senior, et ce, en dépit de leur talent. Autour des cadres tels que Mohamed Zouabi, Bassem Ben Nasser, Msaddek Hasnaoui, Skander Majboura, Slim Ben Belgacem et Aymen Soltani, nous avons fait confiance à des jeunes prometteur­s, tels que Hamza Lahmar, Ghazi Abderazak, Bilel Bachouche, les deux Clubistes Fakher Mansouri et Anis Karoui , Yassine Bouchaâla et Amine Aouichaoui, ainsi que l’Usémiste Abdelmajid Ben Belgacem. Résultat, l’ESHS s’est métamorpho­sé avec cette touche de vivacité et d’envie propre à une formation rajeunie mais talentueus­e. D’ailleurs, plus de 75% de ces jeunes enrôlés ont fait partie des équipes nationales des jeunes. Ce sont donc des élites par excellence. Bien entendu, il fallait de temps à autre introduire un cadre, fut-il un vétéran pour calmer certaines ardeurs, apporter la maturité tactique et le métier. Ce fut fait par la suite sous d’autres mandats, dans la droite ligne de ce que nous avons tracé comme plan triennal. Avec le gardien Karim Laâmouri, Mohamed Dahman, Mohamed Ali Bennour, Mohamed Salah Derbali et Karim Frigui, nous avons donné de la marge et un nouveau souffle au groupe, sans oublier l’apport de l’ex-internatio­nal Saber Ben Frej. Nous ne faisions pas dans la demi-mesure quand il s’agit d’apprécier les qualités individuel­les. Quand un joueur est jeune, c’est autre chose, il dispose d’une session de rattrapage et d’une marge d’évolution. Quand il a atteint un âge avancé, l’on n’hésitait pas à le libérer. Ce fut le cas pour beaucoup de joueurs. Qu’ils soient Tunisiens, Algériens ou Ivoiriens. Le cas de l’ex-internatio­nal marocain, Radhouan Jawhari, est assez édifiant. Ce milieu offensif n’a jamais été privilégié en raison de son statut. S’il était titulaire, c’est qu’il le méritait. Pourtant, il était précédé d’une réputation bien établie. Star du KAC de Kénitra et ex-joueur du Wydad de Casablanca, il a été élu meilleur joueur du championna­t marocain de football pour l’année 2007. Mais, à l’ESHS, quand il était en deçà, il n’était que réserviste. C’est toute une mentalité et un devoir de traiter tout le monde sur un pied d’égalité».

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