Une catégorie ou une génération sacrifiée ?
La catégorie espoir était un véritable creuset dans lequel s’affûtaient ceux qui avaient de réelles prétentions.
C’est la première question qui fuse dès que l’on aborde la question relative à cette catégorie dont le «nom» change au gré des responsables des lieux. C’est d’ailleurs une autre façon de démontrer que l’importance que l’on accorde à cette catégorie «espoir» ou «élite», que les clubs donnent l’impression de traîner comme un boulet aux pieds, n’est que relative. A part ces rencontres que l’on dispute dans le cadre d’un derby ou encore avec la conviction qu’il s’agit de battre celui dont on exècre le nom pour des raisons extrasportives, il n’y a rien que du spectacle gratuit pour les désoeuvrés. Il fut un temps où cette catégorie réunissait de grands noms. Nous y avons vu des éléments de premier plan qui demandaient à y évoluer sans aucun complexe pour reprendre contact avec le terrain au retour d’une blessure ou qui demandaient à y jouer en cas de repos de leur catégorie. C’est certes rare, mais le fait y est et dans ces années de grand cru, il était difficile de faire des choix. La catégorie espoir était un véritable creuset dans lequel s’affûtaient ceux qui avaient de réelles prétentions. En France où la formation des jeunes est une des meilleures au monde, nous lisons dans la nomenclature portant sur la catégorie «élite» les critères d’accès : «La catégorie Elite : peut être inscrit dans cette catégorie le sportif qui réalise aux jeux Olympiques, aux championnats du monde, aux championnats d’Europe ou dans des compétitions dont la liste est fixée par la Commission nationale du sport de haut niveau, une performance ou obtient un classement significatif, soit à titre individuel, soit en qualité de membre titulaire d’une équipe de France, dans les conditions définies par la Commission nationale du sport de haut niveau». Cela revient à dire que ne sont considérés «élites» que ceux qui possèdent des arguments réels, et ce, aussi bien au niveau des sélections que des clubs de premier plan. Cette élite possède, tout comme les joueurs appartenant aux autres catégories d’ailleurs, un plan de travail bien établi et des compétitions sérieuses, bien organisées. Pourtant, dès que vous engagez la conversation avec un responsable fédéral, technique ou administratif, vous constaterez avec frayeur que votre interlocuteur se lance dans un monologue difficile à arrêter, pour vous convaincre du bienfondé du choix. Histoire de défoncer une porte ouverte : la section «élite» ou «espoir» est sans aucun doute nécessaire. Elle sert «au moins à remettre en condition les joueurs sortant de blessure ou à donner un temps de jeu pour ceux qui auraient besoin de gagner en rythme et de retrouver leurs repères». Mais est-ce suffisant ? Pas du tout, car cette catégorie est en fait destinée à servir de base arrière pour l’équipe fanion. Elle regroupe tous les joueurs qui promettent et qui auraient besoin de gagner en expérience et en combativité pour venir, le moment venu, prêter main-forte aux titulaires. Obligés de se maintenir constamment sur le qui-vive, ils se doivent de travailler d’arrache-pied pour gagner du temps et bien sûr cette solidité, ce métier et cette rigueur qui pourraient les propulser au-devant de la scène. Les uns ont compris, les autres interprètent l’évolution dans cette catégorie comme une sanction et une dégradation. Mais tout change lorsqu’il s’agit d’en sortir pour quitter ce «purgatoire». Il n’y a qu’à voir avec quelle hargne les joueurs «élite» ou «espoir» se lancent dans la bataille lorsque l’entraîneur des «seniors» est présent. Ils désirent, évidemment, démontrer qu’ils sont aptes à endosser de nouvelles et plus importantes responsabilités. Mais, hélas, cette catégorie demeure en deçà de ce qu’elle devrait être. Pire, elle joue le rôle de refuge pour les «laissés-pourcompte» pour l’entraîneur en chef et ceux à qui on reproche quelque chose sont virés dans cette catégorie. A force d’avoir recours à cette alternative, on renforce cette impression qui colle injustement à l’image de cette catégorie, devenue porteuse de honte et de disqualification. Ne parlons pas des moyens mis à sa disposition. Ils relèvent du strict nécessaire et nombre d’équipes leur offrent bien moins que cela. Les joueurs se sentent rejetés, alors que plusieurs d’entre eux promettent. Mal encadrés, ils subissent un véritable supplice : ils sont à l’affût des informations qui émanent de la sphère des pouvoirs. Ils tremblent à l’idée de voir les responsables rechercher un joueur provenant de l’extérieur ou même de l’étranger pour un poste donné. Cette alternative est un élément destructeur pour ces jeunes qui n’entre- voient qu’un avenir constamment sous la menace d’un recrutement qui mettrait fin à leurs espoirs. Rares sont les clubs qui se nourrissent de cette mamelle. Ceux qui le font connaissent un meilleur équilibre au niveau de la gestion de leurs ressources humaines. Ils offrent à leurs protégés des solutions de rechange en leur permettant d’aller monnayer leurs talents ailleurs. C’est autant de gagné pour ces éléments qui réussissent à percer et à crever l’écran, d’une manière telle qu’ils sont «rachetés» par leurs anciens clubs. Cela revient à dire que pour résumer et démontrer l’importance de cette catégorie, qui n’a nullement pour objectif de réunir les joueurs en pleine déperdition, ceux qui n’ont leur place nulle part, qu’au vu de la situation et de la mentalité qui règnent, nous sommes loin du compte. La nouvelle direction technique devait reprendre en main cette catégorie (en fait, tous les jeunes ont besoin d’être mieux considérés, ne serait-ce que pour savoir où ils vont), pour sensibiliser les clubs et revaloriser cette antichambre de l’élite. On ne semble pas s’en rendre compte de l’urgence et c’est un tort qui est à la base de la perte de beaucoup de talents et de bien des générations de joueurs. Il faudrait que cette catégorie, pour ne pas en faire celle des laisséspour-compte, soit reprise en main et lui trouver des solutions pour ne pas mettre un terme à la carrière de ceux qui n’arrivent pas à percer. Que les délais de réflexion des clubs soient écourtés à une année. Ceux qui n’arrivent pas à décrocher un contrat devraient être libres d’opter automatiquement pour un club de leur choix. Il est anormal que l’on se permette de couper court aux ambitions de bien des jeunes. Notre devoir est bien de les retenir le plus longtemps possible dans un milieu sportif qui demeure quand même plus propice à leur extériorisation.