La Presse (Tunisie)

«Le suivi fait défaut»

- AB.SAK.

Wajdi Essid trouve qu’en Tunisie les clubs n’accordent aucune importance aux jeunes joueurs des équipes d’élite. Pour lui, c’est une question de mentalité qui décrédibil­ise cette section.

«Aujourd’hui, former de jeunes espoirs appelés à renforcer les équipes seniors est devenu forcément une nécessité pour le football moderne, sur les plans sportif et économique. En Tunisie, c’est tout à fait le contraire et c’est pour une simple raison liée bien évidement à une mentalité purement de chez nous. Depuis des années, les dirigeants des clubs ont encore et toujours en tête une fausse idée, celle qui prétend que la catégorie d’élite dans un club de football n’est qu’une simple section qui rassemble tous les joueurs paresseux, inutiles et qui n’ont aucune place en senior. Pour eux, cette catégorie n’a aucune importance au niveau de la stratégie sportive d’un grand club de Ligue 1. Cela, confirme qu’il s’agit bel et bien d’un désintéres­sement total des décideurs, non seulement dans les clubs, mais aussi au sein de la Fédération tunisienne de football. Pour d’autres dirigeants, demander à un joueur de s’entraîner avec l’équipe d’élite est la solution exemplaire pour faire face aux problèmes d’indiscipli­ne au sein du groupe. De plus, au Qatar, là où j’ai entraîné pendant plusieurs années, c’est autre chose. On l’appelle l’équipe « B » ou l’équipe réserve. Les joueurs qui ne seront pas titularisé avec l’équipe senior devront rejoindre obligatoir­ement le groupe réserve pour participer le lendemain à un match du championna­t des équipes « B ». C’est une stratégie suivie par presque tous les clubs qatarie à fin que leurs joueurs conservent leur fraîcheur physique et le rythme des compétitio­ns. A mon avis, un joueur talentueux n’a pas besoin forcément de passer de l’équipe d’élite vers l’équipe senior. Je me souviens très bien que Adel Sellimi et Faouzi Rouissi n’ont participé avec les espoirs du club africain qu’à deux ou trois matches avant de passer en senior. Volet technique, ce qui est probant, c’est qu’en Tunisie, nous n’avons pas la mentalité de suivi et de détection des équipes d’élite.J’ai remarqué que pas mal d’entraîneur­s ne fournissen­t aucun effort pour encourager ces jeunes joueurs et les suivre dans les séances d’entraîneme­nt et dans les matches officiels, les médias aussi n’en parlent pas. Dans le registre du football tunisien et pour un joueur d’une équipe première, rejoindre la catégorie d’élite est une forme de punition ou une sorte d’isolement. Et c’est pour cette cause qu’il y a certains joueurs qui sont incapables de résister à ce genre de « sanctions ». Alors, ils décident, par la suite, de partir et de se tirer. Cela est l’un des grands problèmes que les clubs doivent résoudre le plus vite possible pour éviter le gâchis de jeunes talents».

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