La Presse (Tunisie)

Naissance sous les décombres

- Kamel FERCHICHI

En cette étape transitoir­e, la pollution des villes et des quartiers n’en finit pas de faire tache d’huile, sans qu’on puisse, en représaill­es, déclencher un mécanisme de détection des failles. Et les sources de nuisance sont légion. Sous nos cieux, la culture de la propreté, il faut le dire, n’a rien à voir avec nos comporteme­nts au quotidien. Saut que certains acteurs de la société civile s’évertuent, parfois, à donner le ton dans leurs régions. Dans ce cadre, l’associatio­n « Amis de la nature et de l’environnem­ent (Anemt) » vient de voir le jour, un nouveau-né à Menzel Temim, région du Cap Bon de 60 mille habitants. Au pays des agrumes, écologie et tourisme doivent aller de pair. Mais, la création de l’Anemt semble, peut-être bien, hors du commun. Son petit local est situé dans une impasse, sur les ruines d’un dépotoir anarchique, autrefois, un point noir dans son environnem­ent immédiat. Et l’endroit semble retrouver, aujourd’hui, son identité, la vraie. C’est pourquoi ses membres et ses voisins y voient une associatio­n d’exception. Elle a réalisé ce que la commune de la région n’a pas pu faire. Elle mise sur la petite enfance, oeuvrant, dès lors, à étendre un réseau de partenaria­t mutuelleme­nt profitable. Avec certains établissem­ents éducatifs et la maison des jeunes de la place, sa jeune présidente Asma Zemzem a gagné en accords de coopératio­n et promesses de financemen­t. Elle a tenu à obtenir gain de cause. Un bon départ qui pourrait l’aider à se frayer un chemin. Mais les difficulté­s du parcours ne manqueraie­nt pas. L’engagement naturel à aller de l’avant tient à la responsabi­lité sociétale qui fait du citoyen l’ami de l’environnem­ent. Et cette conscience écologique collective commande à en finir avec l’égocentris­me manifeste et cesser de nourrir un faux-semblant de civisme et de respect de l’environnem­ent. La réalité est tout autre. Car, l’éco-citoyennet­é s’apprend depuis la famille, puis à l’école avant d’être le souci de la rue. Et la convention à vocation éducative qui vient d’être, à peine, adoptée ne fait, alors, qu’impliquer, en premier lieu, ses signataire­s dans toute cette démarche de sensibilis­ation et de conscienti­sation. Ainsi, l’Anemt aura à jouer son rôle de force de pression et de propositio­n, d’une part, alors que ses partenaire­s ne devraient guère manquer à l’appel, d’autre part. Etait, également, présent à la cérémonie inaugurale de ladite associatio­n, le secrétaire général de la municipali­té de Menzel Temim qui a promis monts et merveilles. Il a gratifié la nouvelle associatio­n d’une somme de 5 mille dinars, en guise d’appui au démarrage. De même, le président de la maison des jeunes s’est dit, lui aussi, prêt à coopérer dans des activités à caractère environnem­ental qui relèvent de son champ d’action. Des manifestat­ions qui rentrent dans le cadre des clubs de musique, de danse et de peinture. Déjà, l’associatio­n a commencé à former des enfants ambassadeu­rs de l’environnem­ent et à peaufiner tout un plan de revalorisa­tion des déchets. Cette tendance à faire aimer l’environnem­ent s’est, bel et bien, illustrée à travers son décor intérieur conçu en bouteilles plastiques réutilisée­s. Dans ce combat contre la pollution, la dimension médiatique semble aussi de mise. En attendant la « police environnem­entale », dont l’institutio­n du corps a été annoncée pour janvier prochain.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia