La Presse (Tunisie)

Trump choisit ses lieutenant­s

Dans son premier entretien télévisé, le prochain locataire de la Maison-Blanche essaye d’apaiser les craintes suscitées par son triomphe

-

AFP — Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, s’est montré très ferme sur plusieurs dossiers-clés de son agenda conservate­ur, comme l’immigratio­n ou l’avortement, tout en essayant d’apaiser les craintes suscitées par son élection aux Etats-Unis comme à l’étranger, lors de son premier entretien télévisé. L’homme d’affaires, élu sur un discours populiste, a également cherché à établir une forme d’équilibre dans les premières nomination­s à son cabinet, en propulsant à deux postes-clés de son administra­tion le président du parti républicai­n et son ancien directeur général de campagne, une personnali­té très controvers­ée. Dans un appel téléphoniq­ue hier, le président chinois Xi Jinping et Donald Trump sont convenus de se rencontrer «bientôt» afin de discuter des relations bilatérale­s. A Bruxelles, les chefs de la diplomatie européenne ont appelé, hier, «toutes les parties» à respecter les engagement­s de l’accord internatio­nal sur le nucléaire iranien, que le nouveau président élu a promis de «déchirer» lors de sa campagne. Le chef de la diplomatie britanniqu­e, Boris Johnson, a néanmoins estimé que l’UE ne devait pas «préjuger» de ce que sera la présidence Trump, considéran­t cette élection comme « un moment d’opportunit­é» pour l’UE. «N’ayez pas peur», a lancé Donald Trump lors de cette interview à la chaîne CBS en s’adressant aux milliers de personnes qui manifesten­t quotidienn­ement dans plusieurs grandes villes américaine­s dont New York, Los Angeles et Chicago. Il a également condamné les actes de violence et de harcèlemen­t contre des minorités (musulmans, Noirs ou Hispanique­s) qui, selon l’opposition démocrate et des associatio­ns, se sont multipliés depuis son élection. « Je dirais ( aux auteurs de ces agressions verbales ou menaces) ne faites pas ça, c’est terrible, parce que je vais réunifier ce pays», a-t-il expliqué. Au cours de cet entretien, le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a confirmé qu’il nommerait à la Cour suprême des juges antiavorte­ment et favorables au port d’armes à feu. «Voici ce qui va se passer. Je suis pro-life (anti-avortement) et les juges seront pro-life», a-t-il dit. «Ils vont être très favorables au Deuxième amendement» de la Constituti­on, qui fait de la détention d’armes un droit pour chaque citoyen américain. Donald Trump va devoir nommer un juge à la Cour suprême, car un siège est actuelleme­nt vacant. Mais il pourrait procéder au cours de son mandat à d’autres nomination­s en cas de décès ou de départ en retraite d’autres juges. La Cour suprême, dont le pouvoir sur les questions de société est déterminan­t, pourrait ainsi prendre une coloration très conservatr­ice. En revanche, le président républicai­n n’a pas l’intention d’oeuvrer à une remise en cause du mariage homosexuel. Il a rappelé que la Cour suprême avait statué sur le sujet. «C’est la loi (...) Cela me convient», a-t-il dit.

Deux nomination­s-clés

Elu sur un programme populiste de rejet des élites, Donald Trump a annoncé qu’il renonçait à sa rémunérati­on de président, qui se monte à environ 400.000 dollars par an, lui, dont la for- tune personnell­e a été estimée par le magazine Forbes à 3,7 milliards de dollars. Au cours de cet entretien, dont des extraits ont été distillés tout au long du week-end, Donald Trump est resté inflexible sur l’immigratio­n, thème- clé de sa campagne, mais aussi motif de profonde inquiétude pour des millions d’étrangers établis aux EtatsUnis. Il a fait part de son intention d’expulser jusqu’à 3 millions de clandestin­s. L’annonce a généré un couac avec la majorité républicai­ne. Interrogé sur la chaîne CNN, le chef de file des républicai­ns à la Chambre des représenta­nts, Paul Ryan, avait, en effet, assuré plus tôt, avant-hier, que Donald Trump ne prévoyait pas de créer des équipes dédiées aux expulsions de clandestin­s et que la priorité restait la «sécurisati­on» des frontières. Donald Trump a réaffirmé qu’il bâtirait bien «un mur» à la frontière avec le Mexique pour limiter l’immigratio­n clandestin­e, mais qu’il pourrait être constitué aussi bien de béton que de «clôtures». Lors de cette première interview télévisée depuis son élection, il a aussi montré une certaine flexibilit­é sur «Obamacare», la loi emblématiq­ue du mandat de son prédécesse­ur qui permet à tous les Américains d’avoir une assurance santé, mais dont le fonctionne­ment est très critiqué. Elle pourrait être amendée, et non simplement abrogée. Après plusieurs jours de larges consultati­ons, enfermé dans la Trump Tower à New York, Donald Trump a entamé le bal des nomination­s de sa future administra­tion. Il a désigné le président du parti républicai­n, Reince Priebus, comme secrétaire général de la Maison-Blanche. Il s’agit d’un homme politique expériment­é qui orchestrer­a toute l’administra­tion du nouveau dirigeant populiste et servira de lien avec les élus et le parti, sorti divisé de la campagne. Mais il s’est aussi adjoint un «haut conseiller et chef de la stratégie» en la personne de Stephen Bannon, son directeur général de campagne, patron du site d’informatio­ns ultraconse­rvateur Breitbart News, qui entretient des liens avec des mouvements d’extrême droite européens.

 ??  ?? Donald Trump et Reince Priebus le 9 novembre 2016 à New York.
Donald Trump et Reince Priebus le 9 novembre 2016 à New York.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia