La Presse (Tunisie)

Pourquoi Hillary Clinton portait du violet lors de son discours de défaite

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La stratégie de Hillary Clinton s’inscrit même dans les couleurs choisies. Sur le podium de son discours de concession, la candidate démocrate portait une veste Ralph Lauren noire et violette. Son mari, Bill Clinton, portait une cravate violette également. Ce choix n’est pas anodin et révèle quelques possibilit­és et symboles. «Elle n’est peut-être pas présidente, mais elle reste une reine», écrit Elle. Tel est le message que Hillary Clinton fait passer à travers la couleur. Sa défaite n’est pas une fin en soi, et elle a tenu à le rappeler dans son discours. Au contraire, c’est plutôt l’image d’une femme forte et déterminée que l’ancienne candidate souhaite faire passer. « Le violet a toujours représenté l’autorité », nous confie Jean-Gabriel Causse (1), un color designer qui s’est penché sur le choix de l’Américaine. « Il y a des décennies, le violet était la couleur de l’empereur du Japon. Encore aujourd’hui, jamais vous ne verrez de vieux Nippons habillés de cette couleur. Le violet représente une élite, une puissance mystique », ajoute-t-il. La pénitence et la royauté portent également souvent ce coloris. «Du côté de la religion, les évêques arborent le violet, ce qui démontre une certaine supériorit­é». Le violet était la couleur que le média LGBT Glaad encouragea­it à porter lors du Spirit Day en octobre pour soutenir la jeunesse du mouvement. Plusieurs dirigeants, y compris Barack Obama, avaient pris part à la manifestat­ion, «Son choix intervient surtout pour affirmer qu’elle soutient toutes les minorités persécutée­s, et sans doute visées par le discours de Donald Trump», raconte Jean-Gabriel Causse. Le drapeau des suffragett­es était composé de deux couleurs : l’or et le violet. Selon le Parti national des femmes, le violet est la couleur de la loyauté, de la constance au but, et de la fermeté inébranlab­le à une cause». Les minorités et les femmes : deux soutiens que Donald Trump ne revendique pas. Hillary Clinton lui a-t-elle proposé de travailler avec lui pour rassembler ? Rien n’est moins sûr. (1) L’Étonnant Pouvoir des couleurs, de Jean-Gabriel Causse, Éditions du Palio.

Baptiste Erondel (Le Figaro) a été nommé pour sa part haut conseiller et chef de la stratégie du futur président. Un avantgoût de ce qui devrait suivre : un gouverneme­nt très masculin et blanc, comme le confirment les dernières déclaratio­ns de Donald Trump et les pronostics des médias américains. Pour le poste central de secrétaire d’Etat, qu’Hillary Clinton a occupé durant le premier mandat de Barack Obama, trois hommes semblent tenir la corde. Le favori des médias s’appelle John R. Bolton, un «super faucon» partisan de la dernière guerre en Irak et bref ambassadeu­r à l’ONU durant le mandat de George W. Bush. «Nous pensons sérieuseme­nt à lui», a déclaré Donald Trump en août, même si lui défend une vision moins interventi­onniste de l’armée américaine et a critiqué sans relâche l’engagement de son pays en Irak. Deux autres noms reviennent avec insistance pour le poste : le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, et l’ancien président de la Chambre des représenta­nts Newt Gingrich. Quel que soit l’heureux élu, il aura un challenge de taille à affronter : le désengagem­ent financier de l’Otan que Donald Trump appelle de ses voeux. Autre poste d’envergure, celui de ministre de la Justice (Attorney general). Il devra mettre en oeuvre les propositio­ns du président Trump, qui s’est présenté comme le candidat de la «loi et l’ordre» ces derniers mois. L’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, pourrait doubler sur le fil Chris Christie. Les marchés financiers ont certes mieux réagi que prévu à l’élection du milliardai­re mardi dernier, le prochain secrétaire au Trésor devra gérer les velléités protection­nistes de Donald Trump, qui pourraient secouer l’économie américaine. L’exbanquier de Goldman Sachs, Steve Mnuchin, est le favori des médias américains. Dernier sujet en plein flou à l’heure où la COP22 se tient au Maroc: l’environnem­ent. Harold Hamm pourrait devenir secrétaire à l’Energie, comme l’annonçait Reuters en juillet. (…) Selon plusieurs médias américains, dont le New York Times et Politico, Myron Ebell pourrait prendre la tête de l’Agence de protection de l’environnem­ent (EPA). Ce lobbyiste de 63 ans, financé par le géant du pétrole Exxon Mobil, est un climatosce­ptique qui estime que le CO2 n’est pas un polluant et que le réchauffem­ent climatique est une invention européenne pour nuire à la compétitiv­ité des Etats-Unis. Dans la même veine, le PDG de Lucas Oil Products, Forrest Lucas, pourrait hériter du secrétaria­t à l’Intérieur, chargé de l’exploitati­on des ressources naturelles et des parcs naturels notamment. A moins que Sarah Palin ne soit finalement choisie et apporte une (petite) touche féminine à ce gouverneme­nt. Pour l’heure, une seule femme semble quasiment assurée de figurer dans le cabinet de Donald Trump : Victoria Lipnic, qui pourrait devenir secrétaire au Travail. Reste à savoir de quel poste va hériter Ivanka Trump, la fille du futur locataire de la Maison-Blanche. Mais Rudolph Giulani a rappelé dimanche que les enfants du président «ne pourraient pas travailler» au sein de son gouverneme­nt. Thomas Liabot (Le Journal du

Dimanche)

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