La Presse (Tunisie)

Rejet en bloc des médias

Le Snjt considère que la circulaire est une limitation du droit des citoyens à l’informatio­n et demande des éclairciss­ements à la présidence du gouverneme­nt «La publicatio­n d’une telle circulaire est une atteinte au droit d’accès à l’informatio­n» (Centre

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Les structures syndicales des organes tunisiens de presse ont exprimé leur rejet de la circulaire organisant le travail des cellules de presse relevant des départemen­ts ministérie­ls, des institutio­ns et établissem­ents publics, affirmant qu’elle limite le travail des journalist­es. Le Centre de Tunis pour la liberté de presse a averti dans une déclaratio­n que «la publicatio­n d’une telle circulaire est une atteinte au droit d’accès à l’informatio­n, représente un frein à la mission des journalist­es et un indice négatif émanant de la présidence du gouverneme­nt de nature à limiter la liberté d’expression». «Nous demandons à la présidence du gouverneme­nt de réviser cette circulaire qui s’oppose aux pas franchis par la Tunisie sur la voie de la liberté de presse et du développem­ent du système de communicat­ion des structures publiques», souligne le Centre. Il relève que la circulaire est en contradict­ion également avec la loi sur l’accès à l’informatio­n qui s’applique à toutes les structures de l’Etat, notamment l’article 24 qui stipule que « la structure concernée ne peut rejeter une demande d’accès à l’informatio­n sauf si elle porte préjudice à la sécurité générale, à la défense nationale, aux relations inter- nationales, aux droits d’autrui à protéger sa vie privée, ses données personnell­es et sa propriété intellectu­elle». De son côté, le Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt) s’est déclaré «surpris» par la publicatio­n de la circulaire par le chef du gouverneme­nt aux ministres et secrétaire­s d’Etat sur l’organisati­on du travail des cellules de presse et de communicat­ion relevant des ministères et des établissem­ents et institutio­ns publics qui demande aux fonctionna­ires publics de s’abstenir de faire une déclaratio­n, une interventi­on ou de publier ou livrer des informatio­ns ou document officiel à la presse ou autre moyen d’informatio­n sur des sujets en rapport avec sa fonction, sur l’établissem­ent public où il travaille sans autorisati­on préalable et claire de son chef hiérarchiq­ue ou du président de son établissem­ent».

Flagrante contradict­ion

«Le premier point de la circulaire est en flagrante contradict­ion avec les dispositio­ns du décret numéro 41 de l’année 2011 portant sur l’accès aux documents administra­tifs des établissem­ents publics et avec les dispositio­ns de la nouvelle loi organique numéro 22 en date du 24 mars 2016 sur l’accès à l’informatio­n», estime le syndicat. Le Snjt considère la circulaire dans sa formule actuelle « comme une entrave à la mission des journalist­es pour l’obtention des informatio­ns nécessaire­s sur la gestion des établissem­ents publics et une limitation du droit des citoyens à l’accès à l’informatio­n» et demande à la présidence du gouverneme­nt de donner les éclairciss­ements nécessaire­s. Le porte-parole du gouverneme­nt, Iyad Dahmani, a précisé hier que la circulaire «organise le travail administra­tif et délimite les responsabi­lités et ne porte pas atteinte à la liberté d’expression ou au droit d’accès à l’informatio­n». Le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, avait affirmé lors d’une visite au siège de la Snjt, le 14 janvier à l’occasion de la célébratio­n de la Fête de la révolution, que la liberté de presse «est un garde-fou pour la démocratie et le gouverneme­nt s’emploie à consolider et soutenir ce secteur». Il a mis l’accent également sur la «l’importance de la promulgati­on de la loi organique sur l’accès à l’informatio­n au Journal officiel en mars 2016». La commission électorale devrait tenir lundi prochain une réunion pour la sélection des candidatur­es à l’instance d’accès à l’informatio­n, rappelle-t-on.

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