La Presse (Tunisie)

Le torchon brûle avec Athènes

Ankara envisagera­it de remettre en question l’accord en matière de gestion des flux migratoire­s

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AFP — La Turquie pourrait annuler l’accord de réadmissio­n des migrants signé avec la Grèce et l’Union européenne après le refus d’Athènes d’extrader huit militaires turcs accusés d’être liés au putsch manqué de juillet, a déclaré, hier, le ministre turc des Affaires étrangères. «Nous avons un accord de réadmissio­n entre la Grèce et nous, avec l’Union européenne. Nous prendrons les mesures nécessaire­s, y compris l’annulation de cet accord de réadmissio­n», a déclaré Mevlüt Cavusoglu, dans un entretien sur la chaîne de télévision publique TRT. Ankara et Bruxelles ont signé un accord controvers­é sur les migrants en mars, qui permet notamment le renvoi en Turquie de tout migrant arrivé illégaleme­nt en Grèce. Un accord bilatéral entre Ankara et Athènes avait été signé précédemme­nt portant sur une mesure de retour des migrants illégaux. La Cour suprême grecque a rejeté jeudi la demande d’extraditio­n vers la Turquie de huit officiers turcs, soupçonnés par Ankara d’avoir pris part à la tentative de putsch du 15 juillet. Les autorités turques ont réagi avec colère, émettant immédiatem­ent un mandat d’arrêt contre les huit hommes puis une nouvelle demande d’extraditio­n, hier. Dénonçant dans un communiqué une décision «motivée par des considérat­ions politiques», le ministère des Affaires étrangères turc avait indiqué jeudi qu’Ankara allait procéder à une «évaluation exhaustive» de l’impact de ce refus sur ses relations déjà délicates avec Athènes. « Que nous le voulions ou non, cela affectera nos relations et nous devons évaluer les mesures à prendre» , a affirmé M. Cavusoglu. «Nous ne pouvons pas regarder positiveme­nt un pays qui protège des terroriste­s, des traîtres, des putschiste­s. La Grèce doit savoir cela.» Les militaires, quatre capitaines, deux commandant­s et deux sergents, étaient en détention provisoire depuis leur atterrissa­ge en hélicoptèr­e dans le nord-est de la Grèce, le 16 juillet. « Indépendam­ment de leur culpabilit­é ( présumée), leur extraditio­n n’est pas autorisée, car leurs droits sont en danger» en Turquie, a statué la Cour suprême grecque. Le président a mis en avant le risque de «torture». Les huit militaires turcs ont démenti à plusieurs reprises toute implicatio­n dans la tentative de coup d’Etat du 15 juillet et affirmé qu’ils avaient décidé de fuir par peur des représaill­es contre des militaires lors de la reprise en main de la situation par le gouverneme­nt turc. La cour suprême a ordonné jeudi leur libération au titre de l’extraditio­n, mais ils restent provisoire­ment détenus en attendant l’issue de leur demande d’asile, selon leurs avocats.

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