La Presse (Tunisie)

Une mesure qui rompt l’isolement

La décision de libérer quelque 2.500 prisonnier­s, dont beaucoup de militants d’opposition, «va dans le sens de l’apaisement», a jugé l’Union européenne

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AFP — L’Union européenne a salué la libération de militants d’opposition au Burundi pour la première fois depuis le début de la crise actuelle, une mesure qui, selon l’UE, va «dans le sens de l’apaisement», selon un communiqué diffusé jeudi soir. Bujumbura a libéré lundi, devant le corps diplomatiq­ue accrédité, plus de 300 prisonnier­s dans le cadre d’une grâce présidenti­elle qui doit toucher à terme 2.500 détenus, soit le quart de sa population carcérale, en vue de désengorge­r les prisons. Ce premier groupe incluait 58 militants arrêtés lors d’une manifestat­ion interdite et violemment réprimée par la police burundaise en mars 2014. Ils avaient été condamnés à des peines allant jusqu’à la perpétuité lors d’un procès qualifié d’«expéditif» par la communauté internatio­nale. Plusieurs manifestan­ts arrêtés pour leur participat­ion aux manifestat­ions contre le 3e mandat de M. Nkurunziza ont également été libérés à cette occasion, sans qu’aucun chiffre ne soit donné. «L’Union européenne a pris note de la libération, dans le cadre de la récente décision d’amnistie présidenti­elle, de certains membres du parti MSD emprisonné­s depuis mars 2014 ainsi que de manifestan­ts arrêtés lors des évènements de 2015», indique le communiqué de l’UE. «Cette mesure, dont l’ampleur reste à confirmer, va dans le sens de l’apaisement et de la recherche d’une solution à la crise politique», poursuit l’UE, qui «encourage vivement le gouverneme­nt burundais à poursuivre dans cette voie». L’UE et ses pays membres sont les principaux bailleurs de fonds du Burundi, petit pays de l’Afrique des Grands lacs plongé dans une grave crise politique depuis avril 2015 et la candidatur­e controvers­ée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, puis sa réélection en juillet de la même année. Le Burundi est sous sanctions de l’UE et de ses pays membres, avec pour objectif de pousser le gouverneme­nt à engager un dialogue avec son opposition en vue d’une sortie de crise, ce qu’il a toujours refusé jusqu’ici. L’UE et ses pays ayant une mission au Burundi — Allemagne, Belgique, France, Pays-Bas et Royaume-Uni — représenta­ient plus de 70% des aides reçues par Bujumbura, qui est depuis le début de la crise désormais classé pays le plus pauvre du monde.

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