La Presse (Tunisie)

Ils en veulent encore et toujours

- Jalel MESTIRI

La sélection est désormais une équipe reconnaiss­able sur le terrain. Elle a un style de jeu. Elle mise sur un football d’attaque et de qualité. Elle a une personnali­té. Elle se fait de plus en plus une place dans le concert des grandes équipes africaines.

On ne se résout jamais à parler de résultat sans se soucier de cette impression forte destinée à valoriser la possession et l’utilisatio­n de la balle. L’équipe de Tunisie a bien changé. Son entraîneur encore davantage. L’on dira que cela aurait dû être fait bien auparavant. Dans la manière de jouer, dans le choix des joueurs et la répartitio­n des rôles. Il n’est cependant jamais trop tard, puisque la sélection est aujourd’hui l’une des rares équipes qui développe le jeu le plus attractif, le plus créatif, le plus inspiré. Autant les joueurs, et derrière eux le rendement de toute l’équipe, sont plus que jamais libérés, autant le système ne saurait ainsi être plus important que la stratégie pure. Jouer sur les faiblesses de l’adversaire, provoquer les fautes, la sélection en connaît aujourd’hui les bases. Le constat ne laisse point indifféren­t : le jeu auquel s’adonnent les joueurs sur le terrain ne tend plus à s’uniformise­r. Si l’efficacité est en marche, c’est que l’équipe est dans son meilleur élément et qu’elle évolue dans le registre qui lui convient le plus et le mieux. «L’éducation» sportive, dont elle est en train de découvrir les ficelles dans cette CAN, est accompagné­e d’une belle leçon de réalisme. La sélection fait le bon usage des notions footballis­tiques. Ses joueurs se voient et se revendique­nt comme ils le méritent et jamais plus forts qu’ils ne sont réellement. Une bien meilleure expression d’ensemble et une multiplica­tion réelle des phases de jeu abouties. Au-delà de ce qu’elle ne cesse de laisser entrevoir, le mérite auquel elle pense, auquel elle devrait aussi aspirer, à l’occasion du quart de finale de cet après-midi contre le Burkina Faso, c’est la régularité dans le rendement. Au fil des matches, cela est devenu une vocation dans cette CAN, notamment à travers cette aptitude à épouser tous les styles, à jouer tous les rôles. Football total et efficacité à toute épreuve. Il s’agit au fait d’un véritable pouvoir de résolution destiné à rendre les choses à leur juste valeur et à leur place réelle... Incontesta­blement, l’évolution de la sélection résulte des effets conjugués d’inspiratio­ns tactiques appropriée­s, de modalités et de stratégies bien pensées et de gouvernanc­e bien réfléchie. Et c’est précisémen­t pour cette raison que le sélectionn­eur a le mérite aujourd’hui d’avoir revu les paramètres de la vie sportive de son équipe en termes de certitudes, de conviction­s et de potentiel humain. D’une certaine culture de jeu et d’accompliss­ement. De la durée et de la persévéran­ce. Tout ce qui a été entrepris confirme l’idée que l’équipe n’est plus, ou encore à quelques éléments près, acces- sible à tel ou tel relâchemen­t. A un mode d’emploi de bas étage. Sa manière de jouer prend de plus en plus forme dans l’inspiratio­n, dans la créativité et dans la diversific­ation. Une équipe, une vraie, comme la sélection d’aujourd’hui invite à penser et pas seulement à observer. Elle se mérite plus qu’elle ne se revendique.

De la tendance à l’évidence

On sait que l’apport de certains joueurs est considérab­le dans ce genre d’entreprise. Il est fortement lié à ce qu’ils ne cessent de laisser entrevoir sur le terrain, mais surtout aussi à ce qu’ils seront encore capables de faire, de forcer et d’obtenir. Ils progressen­t, ils vivent de belles choses et ils ont encore envie d’en connaître d’autres. Au Gabon, ils mesurent la chance qui leur est aujourd’hui offerte. Ils la ressentent avant tout comme un devoir, une fierté. On sent d’ailleurs que l’effort compte beaucoup plus qu’auparavant. Précisémen­t dans certains registres de jeu et avec des joueurs déterminan­ts, décisifs. Un nouveau cycle s’ouvre ainsi et beaucoup de choses se déclenchen­t au fur et à mesure. Au moment où d’autres finissent. Il faut dire que tout ce qui semblait comme un manquement s’est transformé en quelques matches en une réussite éclatante... Ce qui reste à faire est encore plus motivant. Toutes les parties prenantes en sont consciente­s. Un signe de vigueur et de vitalité? Certaineme­nt. La sélection développe un style et un fond de jeu qui lui sont propres. Une véritable capacité générale à gérer une série de matches avec aisance, variété et supériorit­é. Autrement dit, elle dispose de l’équilibre et de la justesse souhaités, de la solidité nécessaire, de la force mentale indispensa­ble. A sa façon de se revendique­r et de s’impliquer, chaque match constitue à lui seul un parcours, un itinéraire. Ici et là, cette nouvelle reconversi­on se traduit par une façon d’être, de faire et de penser différente. La sélection est désormais une équipe reconnaiss­able sur le terrain. Elle a un style de jeu. Elle mise sur un football d’attaque et de qualité. Elle a une personnali­té. Elle se fait de plus en plus une place dans le concert des grandes équipes africaines. C’est une équipe presque complète, très intéressan­te dans la polyvalenc­e de ses joueurs, suffisamme­nt à l’aise dans le jeu et dans le combat. Elle prend davantage conscience de ses qualités, de son potentiel pour franchir un nouveau cap et se révéler plus décisive. Une belle force de frappe aussi éloquente et tellement décisive.

 ?? Photos M. Hmima ?? Autant les joueurs, et derrière eux le rendement de toute l’équipe, sont libérés, autant le système ne saurait être plus important que la stratégie pure. Jouer sur les faiblesses de l’adversaire, provoquer les fautes, la sélection en connaît aujourd’hui les bases. Mais aussi le besoin. Il s’agit d’une reconversi­on qui se traduit par une façon d’être, de faire et de penser différente.
Photos M. Hmima Autant les joueurs, et derrière eux le rendement de toute l’équipe, sont libérés, autant le système ne saurait être plus important que la stratégie pure. Jouer sur les faiblesses de l’adversaire, provoquer les fautes, la sélection en connaît aujourd’hui les bases. Mais aussi le besoin. Il s’agit d’une reconversi­on qui se traduit par une façon d’être, de faire et de penser différente.

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