Le sens d’une augmentation
L’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) annoncée par le chef du gouvernement dimanche dernier, à l’occasion d’une interview accordée à une chaîne de télévision privée, sera de 4,3%. Malgré les difficultés budgétaires et les recommandations des instances internationales concernant les charges salariales, une telle décision n’est dépourvue ni de sens ni de signification. Elle vient en écho à cette conscience qu’une partie du peuple tunisien vit dans la pauvreté et le besoin et que pour répondre à ce besoin, il ne peut y avoir d’interférences ou de diktat, quelles qu’en soient la source et l’origine. En prenant une telle décision, Youssef Chahed a aussi tranché tout un marathon de négociations où les représentants des travailleurs et des patrons n’ont pu parvenir à un terrain d’entente concernant les majorations salariales. L’Ugtt tablait sur 6%, alors que l’Utica s’attachait à une proportion de 4%.
Dans une certaine mesure, ce serait donc une décision qui penche plutôt du côté du patronat. Il reste que cette augmentation du Smig se traduira, pour ceux qui en seront bénéficiaires, par une petite somme d’environ 14 dinars par mois. Ce qui est peu, voire dérisoire, compte tenu de l’inflation, établie à 4,6% au mois de janvier 2017, et de la dégradation du pouvoir d’achat. Mais il ne faut pas oublier que pour les entreprises, ce «petit» taux va se traduire par des sommes importantes à verser à la fin de chaque mois, ce que beaucoup d’entre elles, déjà en difficulté, ne pourraient pas supporter.
Au regard du taux de croissance qui était à peine de 1% en 2016 et du climat social toujours cycliquement tendu, poussant beaucoup d’entreprises à fermer ou à délocaliser, cette augmentation du Smig est un acte audacieux de la part d’un gouvernement soucieux de rétablir les équilibres globaux des finances publiques et inscrire la stabilité sociale dans la durée.
Il appartient donc à toutes les structures syndicales d’apaiser les tensions et de convaincre leurs protégés que seules la reprise du travail et l’amélioration de la productivité sont susceptibles de sauvegarder les acquis, voire de les développer davantage, une fois l’économie nationale placée sur l’orbite de la croissance.
Il appartient à toutes les structures syndicales d’apaiser les tensions et de convaincre leurs protégés que seules la reprise du travail et l’amélioration de la productivité sont susceptibles de sauvegarder les acquis, voire de les développer davantage.