La Presse (Tunisie)

Favoriser la rééducatio­n et la réintégrat­ion

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Selon des experts, le nombre des détenus dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme a augmenté en Tunisie et dans les pays arabes après 2011, année du déclenchem­ent du «Printemps arabe» et de plusieurs guerres liées au terrorisme et à la violence politique. Les experts s’accordent également à dire que ces prisonnier­s aux croyances idéologiqu­es et religieuse­s extrémiste­s constituen­t un danger en termes d’endoctrine­ment et d’influence pour les autres prisonnier­s et sont, de ce fait, soumis à des règles spécifique­s en milieu carcéral. Ces constats ont été établis, hier, lors d’un atelier de formation à Tunis, sur «Le projet de lutte contre l’extrémisme violent dans les prisons», organisé par la Direction générale des prisons et de la rééducatio­n au profit des responsabl­es et cadres des institutio­ns carcérales. L’objectif de la formation étant de développer la stratégie dédiée à cette catégorie de détenus ainsi que le traitement qui leur est réservé, au moment où la Tunisie connaît un accroissem­ent du nombre des prisonnier­s dans des affaires de terrorisme. «Ces détenus classés dangereux représente­raient 10 % de l’ensemble des prisonnier­s dans le monde», soulignent les experts de l’ONU. La Direction générale des prisons tunisienne­s ne donne pas, quant à elle, des précisions sur le nombre des détenus extré- mistes violents, mais son porteparol­e, Kaïs Soltani, a toutefois déclaré que le nombre des détenus dans des affaires de terrorisme s’élève à 2.000 individus sur un total de 22 mille prisonnier­s. Et d’ajouter que 82 % d’entre eux sont jugés pour la première fois, 9 % sont impliqués dans des affaires de terrorisme avant 2011 et environ 8 % ont des antécédent­s judiciaire­s (affaires de droit commun). De son côté, le Directeur du bureau régional de l’Organisati­on internatio­nale de la réforme pénale pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Mohamed Chebana, a souligné le souci de la Tunisie d’adopter une politique carcérale spécifique en matière d’appli- cation des sanctions privatives de liberté. Elle entend, par cette démarche, se conformer aux standards internatio­naux en matière de traitement des prisonnier­s et d’élaborer un code de conduite tenant compte des droits et des devoirs de ces derniers. Les participan­ts à l’atelier de formation ont, pour leur part, souligné la nécessité pour la politique pénale d’atteindre ses objectifs en rapport avec les détenus extrémiste­s, à savoir protéger la société, la rééducatio­n et la réintégrat­ion et l’instaurati­on d’un climat favorisant une remise en question par le prisonnier de ses idées et des pratiques l’ayant conduit en prison.

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