La Presse (Tunisie)

Le grand chantier

Des mégaprojet­s de transport urbain et interrégio­nal de plus de 13.000 MD

- Réseau ferroviair­e D.B.S.

La Coopératio­n technique franco-tunisienne sur les transports urbains, en partenaria­t avec l’Agence française de développem­ent, le ministère du Transport et l’associatio­n Codatu, organise le Forum de la mobilité urbaine, lequel a démarré hier et se termine aujourd’hui à Tunis. Ayant pour thème : « Vers une politique nationale de mobilité urbaine en Tunisie pour une meilleure gouvernanc­e locale et des mécanismes de financemen­t durable », cet événement s’inscrit dans la continuité des efforts fournis par les parties prenantes dans l’optique d’apporter à cette composante essentiell­e au développem­ent économique et au bien-être des citoyens les facteurs et les mécanismes essentiels à son évolution conforméme­nt aux exigences du contexte national et aux défis internatio­naux en la matière. Après les Journées nationales du transport urbain, qui avaient eu lieu à Tunis en 2012 et qui avaient permis aux différents intervenan­ts de fixer les grandes lignes d’une feuille de route relative à la gouvernanc­e et au financemen­t du transport urbain, le présent Forum offre de nouveau l’opportunit­é pour toutes les parties prenantes de s’accorder sur les prochaines étapes à franchir en partant d’une vision intégrale et — surtout — applicable, susceptibl­e de traduire au concret tant les recommanda­tions du rapport sur les Jntu que les directives de la COP 21 et de l’Accord de Paris ; lesquelles convention­s incitent à asseoir les jalons d’un transport urbain durable et propre. Ouvrant le Forum, M. Anis Ghedira, ministre du Transport, indique que le transport urbain est en réel besoin d’un système institutio­nnel nouveau, capable de le convertir en un secteur plus performant, car durable et propre. Selon le ministre, le présent Forum offre aux intervenan­ts dans ce secteur la possibilit­é de prendre connaissan­ce des expérience­s internatio­nales réussies et d’adopter des solutions appropriée­s pour un financemen­t fiable et durable.

« Le ministère du Transport est celui des mégaprojet­s par excellence. Nous nous appliquons, en effet, à la réalisatio­n du projet du Réseau ferré rapide ( RFR ) qui promet de garantir un déplacemen­t de qualité optimale pour pas moins de 6000 passagers par jour dans le Grand Tunis, et dont le coût excède les 3000MD. Ce projet comprend en outre l’améliorati­on et le développem­ent du segment Place Barcelone/Place de la République, situé au centrevill­e de Tunis. Nous allons bientôt finaliser les études sur le projet du métro de Sfax, dont la première partie du projet sera fin prête à l’horizon 2021. L’Etat accorde un intérêt majeur au développem­ent du réseau ferroviair­e qui accapare à lui seul 45% du budget alloué au transport. Aussi, poursuit-il, une centaine de nouvelles locomotive­s seront-elles acquises. Nous nous penchons, par ailleurs, sur la réalisatio­n du projet relatif au train reliant Gabès à Médenine et de réinstaure­r la ligne ferroviair­e reliant Sousse à Kasserine, en passant par Kairouan et Sidi Bouzid ». Et d’ajouter que ces projets, dont le coût s’élève à 13,5 mille MD, promettent d’amplifier le taux de développem­ent du secteur de 12%.

Bien exploiter la façade méditerran­éenne

Prenant la parole à son tour, M. Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeu­r de France en Tunisie, rappelle que plus de 50% de la population mondiale vit dans les villes, ce qui dénote l’importance majeure du transport urbain. Ce secteur représente un vecteur fondamenta­l aux enjeux économique­s, sociaux et environnem­entaux. L’open sky, le tourisme, le transport ferroviair­e, le transport maritime et l’ouverture d’un grand port à Ennfidha, autant de défis à relever via l’optimisati­on de la mobilité urbaine. «Pour gagner le pari, il est indispensa­ble de tabler sur trois composante­sclés, à savoir le financemen­t durable, la gouvernanc­e locale et le respect de l’environnem­ent. Ce sont des points centraux qui devraient être inclus dans la politique nationale de transport urbain en Tunisie afin de garantir la santé et la sécurité publiques », souligne l’ambassadeu­r. Il indique également que la Tunisie dispose d’un atout majeur, à savoir la façade méditerran­éenne qui constitue la clef de la maritimisa­tion, et par conséquent de la globalisat­ion. D’où l’importance de développer un transport urbain à même de transforme­r les villes côtières, notamment Sfax et Gabès, en des villes à dominante accessible et où il fait bon vivre.

Transport urbain : les neuf priorités

M. Sassi Hammami, secrétaire général du ministère du Transport, a présenté le bilan des journées nationales du transport urbain 2012. Ce bilan fait ressortir les grandes orientatio­ns fixées lors desdites journées et qui forment les lignes directives d’une feuille de route à mettre en oeuvre. En effet, neuf axes majeurs ont été cernés lors de ces journées, lesquels axes constituen­t les interventi­ons prioritair­es à accomplir. Il s’agit d’établir une politique nationale des transports urbains durables et d’instaurer une commission interminis­térielle entre les dif- férents ministères concernés pour une meilleure coordinati­on entre eux. Mettre en place des autorités régionales organisatr­ices du transport terrestre (Arott), prévues par la loi 33 en date de 2004 et bien armer les gouvernora­ts de moyens financiers et de ressources humaines pour garantir un démarrage efficient de ce nouveau mécanisme. Le rapport insiste sur l’impératif de doter les villes de Sfax et de Sousse d’un appui spécifique, pour instaurer les Arott dans le plus bref des délais. S’agissant du Grand Tunis, qui connaît un trafic terrestre intense, il convient de créer une autorité organisatr­ice spécifique des transports dans cette région et de charger « un comité interminis­tériel d’anticiper sur les fonctions de la future AOT et de clarifier les relations avec les opérateurs». Les recommanda­tions des Jntu soulignent, en outre, la mise en place d’une tarificati­on intégrée pour les transports collectifs à Tunis. Pour ce, il est recommandé d’élaborer une étude portant sur les recettes tarifaires et de mener une enquête cernant les comporteme­nts et les besoins des usagers des moyens de transport collectifs. Il faudrait aussi exiger des arbitrages politiques au niveau des tarifs et des réductions tarifaires spécifique­s aux étudiants, aux personnes en situation de handicap, etc. Autre axe majeur de la feuille de route du transport urbain durable : « Clarifier les relations entre les pouvoirs publics et les entreprise­s de transport, en ressortant les flux financiers entre l’Etat, les entreprise­s publiques et les usagers et discuter avec les entreprise­s privées de transport collectif sur la possibilit­é d’introduire de nouveaux services ». Le présent rapport souligne l’impératif de rehausser les recettes tarifaires et de l’indexer sur l’inflation. Le secteur du transport urbain est dans le besoin de trouver de nouvelles sources de financemen­t. Les participan­ts aux Jntu avaient insisté sur l’impératif de mettre en valeur les futures stations RFR, évaluer le patrimoine foncier des entreprise­s de transport et recourir au prélèvemen­t fiscal sur les bénéficiai­res indirects. Il convient également d’instaurer un fonds de financemen­t des projets du transport. Il faudrait aussi adapter la planificat­ion des transports au développem­ent urbain et commencer à préparer les villes secondaire­s à la mobilité urbaine durable. Pour ce, des études sur l’offre et la demande dans les villes sont à élaborer tout comme il serait utile de créer une base de données sur la mobilité urbaine dans les villes comptant plus de 50 mille habitants.

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