Objectif : démission du ministre
Comme prévu, le sit-in « décisif » des enseignants du secondaire a été observé, hier, devant le siège du ministère de l’Education
Organisé par le Syndicat de base de l’enseignement secondaire, un sit-in a réuni, devant le ministère de l’Education, un grand nombre de professeurs venus de toutes les régions, puis, la foule s’est dirigée vers la place de La Kasbah. Une seule voix collective avec des slogans exprimant les revendications, des pancartes à la main, de la musique « engagée » et un vendeur de drapeaux et de banderoles sur lesquels on a inscrit le sigle de l’Ugtt... Et le « show » commença vers le coup de 10h30 dont les principaux protagonistes étaient les éducateurs, enseignants et professeurs du secondaire. Mercredi 1er mars, également premier jour des vacances scolaires, était une journée décisive pour ces enseignants, qui revendiquent, d’un ton ferme, la démission du ministre de l’Education, Néji Jalloul, qui, selon eux, cheche à privatiser l’école tunisienne et n’a ni vision ni une stratégie claire et ne respecte pas les enseignants.
Privatisation de l’école publique
La foule qui commençait à affluer encore afin de rejoindre et soutenir leurs collègues est composée essentiellement d’hommes. Un groupe de trois professeurs, rencontré sur les lieux, a exprimé sa colère contre l’atti- tude du ministre. Une attitude qu’ils ont qualifiée d’unilatérale, notamment dans la prise des décisions qui concernent le secteur de l’éducation, dans la marginalisation des régions, des promesses non tenues. On lui reproche également plusieurs autres failles. Ces trois professeurs, deux femmes et un homme, qui viennent tous de la région de Kébili, et qui n’ont pas voulu dévoiler leurs noms, enseignent l’histoiregéographie et l’anglais. L’un d’eux, qui a plus de trente ans d’expérience dans l’enseignement de l’histoire-géographie, a exprimé sa déception face au comportement du ministre, qui, à maintes reprises, et sur les plateaux de télévision, a rabaissé les professeurs et les a humiliés sur un ton sarcastique. Sa collègue, plus jeune que lui, et qui enseigne la même matière depuis douze ans, ajoute que les enseignants refusent catégoriquement la privatisation de l’enseignement public ! Quant à leur trosième collègue, qui a obtenu sa maîtrise en langue, littérature et civilisation anglaises en 2008, mais qui enseigne depuis quelques années dans une école privée, a révélé que les dernières soi-disant réformes de l’éducation ne se sont limitées qu’au changement des horaires des vacances, sans plus ! « Le ministre de l’Education « monte » les élèves contre leurs professeurs en les encourageant à organiser des grèves d’autant plus que ce dernier n’a pas de vision stratégique quant à la réforme et n’a pas tenu ses promesses en ce qui concerne le réaménagement des établissements scolaires qui se trouvent dans les régions. Toutes ces raisons poussent les professeurs aujourd’hui à exprimer leur colère contre ce ministre qui doit démissionner après son échec », explique-t-elle.
Certains ne savent pas pourquoi...
Si ces derniers ont rejoint le sit-in pour réclamer la démission du ministre, d’autres professeurs, présents sur les lieux, ne savent même pas pourquoi ils étaient là ! Une jeune enseignante de langue anglaise qui s’est déplacée de Gafsa pour participer au sit-in a déclaré qu’elle ne sait pas au juste de quoi il s’agit et qu’elle est venue ici pour soutenir ses collègues ! Sa collègue, et afin de rectifier le coup, a ajouté que leur présence au sit-in a pour principal objectif de déclarer leur refus de la privatisation de l’enseignement, car, selon cette enseignante, un établissement étatique négligé, marginalisé et l’absence de réforme éducative pousseront les parents à inscrire leurs enfants dans des écoles privées.